La chronique de Pascale Davidovicz : Sid Ahmed Ghlam téléphonait depuis sa cellule.

Infiltration ou complicité ?

Sid Ahmed Ghlam, meurtrier présumé d’Aurélie Châtelain et soupçonné d’avoir voulu perpétrer un attentat contre une église à Villejuif, a pu téléphoner des milliers de fois pendant ses premiers mois de détention, du mois de juillet à novembre 2015, depuis sa cellule de Fresnes, grâce à un téléphone portable qu’il se serait procuré alors même qu’il était placé à l’isolement.

Sid Ahmed Ghlam
Sid Ahmed Ghlam

En octobre 2014, le centre pénitentiaire de Fresnes teste un nouveau dispositif visant à endiguer le prosélytisme en regroupant les prisonniers les plus radicalisés.

Sid Ahmed Ghlam est donc placé en isolement à la prison de Fresnes.

prison

Mais, si le regroupement des islamistes permet de prévenir leur influence sur d’autres détenus, ce qui reste à démontrer, car des meneurs se retrouvent en position de force face aux plus fragiles, il ne semble pas avoir d’effet sur les trafics en tout genre.

Drôle d’isolement !

Il faut savoir que selon le code de procédure pénale, « la mise à l’isolement d’une personne détenue, par mesure de protection ou de sécurité, qu’elle soit prise d’office ou sur la demande de la personne détenue, ne constitue pas une mesure disciplinaire ».

« La personne détenue placée à l’isolement est seule en cellule. Elle conserve ses droits à l’information, aux visites, à la correspondance écrite et téléphonique, à l’exercice du culte et à l’utilisation de son compte nominatif ».

Un individu placé en isolement ne peut pas entrer en contact avec d’autres détenus, sauf exception relevant du chef d’établissement.

Or, il s’avère qu’à Fresnes en juin 2015, seuls cinq détenus radicaux avaient une cellule individuelle, et que tous allaient en promenade et participaient à des activités ensemble, jusque trois à la fois.

Sid Ahmed Ghlam a-t-il bénéficié de visites, en dehors de celles de son avocat, qui lui aurait permis de se procurer un téléphone et une puce téléphonique ?

Ou bien, comme certaines informations le prétendent, serait-ce grâce à un « co-détenu » que le terroriste se serait procuré un téléphone ?

Depuis, l’intéressé a été transféré de Fresnes à Beauvais fin mars dernier.

Trois hypothèses.

Si Sid Ahmed Ghlam a pu se procurer un téléphone et converser avec l’extérieur, c’est soit qu’il a bénéficié de complicité interne, soit que l’administration pénitentiaire est défaillante, soit que la DGSI a voulu écouter ses conversations.

Mais si la troisième hypothèse est la bonne, et que ses conversations téléphoniques étaient écoutées par les services de renseignement, pourquoi cela n’a-t-il pas servi à déjouer les attentats du 13 novembre alors que dans la puce du téléphone, les enquêteurs auraient découvert des dizaines de coordonnées de djihadistes, dont certains y ayant participé et que ses conversations téléphoniques ont précisément cessées le jour même des attentats ?

hommage

Les autorités françaises, l’administration pénitentiaire et les services de renseignement ne sont t-elles pas en train de nous enfumer pour se défausser de leur incapacité.

Vous remarquerez que le moins que l’on puisse dire c’est que du côté des autorités françaises on ne se bouscule pas pour donner des explications, sinon laconiques et évasives.

De surcroît, depuis le jour où l’information a été divulguée, elle n’est plus relayée par les médias télévisuels, seuls la presse écrite et la radio, en l’occurrence Europe 1 ont continué d’en parler.

Des tactiques bien rodées.

Sid Ahmed Ghlam aurait t-il bénéficié de complicité de la part d’un ou plusieurs membres du personnel pénitentiaire ?

L’administration pénitentiaire manque de moyens en effectif comme en terme de budget déclare Philippe Campagne, secrétaire national de FO pénitentiaire.

Comment ne pas imaginer que des individus mal intentionnés puissent s’infiltrer dans le secteur pénitentiaire.

Je suis convaincue que beaucoup de secteurs des activités civile, économique et de défense sont touchés par une infiltration, et cela n’a pas échappé aux services de renseignement intérieur, mais la pieuvre a des tentacules si étendues que les moyens manquent pour les lui couper.

Il ne s’agit pas de ma part de paranoïa mais de constations, d’analyse et de raisonnement face  aux tendances observées un peu partout en France.

La méthode n’est pas nouvelle. L’infiltration a été utilisée de tous temps car rien de plus efficace que de faire entrer le loup dans la bergerie. Parfois pour la bonne cause, mais parfois pour de funestes desseins.

Le 23 octobre dernier, je relatais les dérives communautaires et le prosélytisme religieux islamiste constatés dans des clubs sportifs locaux dénoncé dans un rapport de 13 pages émanant du Service Central du Renseignement Territorial (SRCT) remis à l’Elysée et à Matignon.

Le chauffeur-livreur Yassin Salhi aimait le sport et surtout les disciplines de combat.

Il était radicalisé, faisait l’objet d’une fiche S et serait parti en Syrie dès 2009.

A Saint-Quentin Fallavier en Isère, après avoir décapité son patron Hervé Cornara, il a tenté de faire sauter le site de l’usine Air Products.

La sécurisation des recrutements.

Le 20 novembre dernier, Manuel Valls recevait les partenaires sociaux à Matignon pour évoquer la question des mesures à prendre pour la sécurisation des accès aux sites, la surveillance vidéo et les procédures de recrutement.

valls

Pour ma part, je considère que la sécurisation des procédures de recrutement est essentielle.

Un groupe de travail du Medef, conduit par Thibault Lanxade et Jean-François Pilliard, vice-présidents, a été chargé de réfléchir aux questions de ressources humaines et de management.

Le secteur de la sécurité privée, très sollicitée depuis les attentats, est en alerte.

« Nous savons que la sécurité privée est ciblée par les organisations terroristes pour être infiltrée » signale Michel Mathieu, président de Securitas France dans un communiqué.

A Roissy, avec son grand nombre de professions, d’opérateurs différents et de sous-traitants, garantir une sûreté maximale est un vrai défi.

A la RATP, où l’un des terroristes du Bataclan, Samy Amimour, avait travaillé comme chauffeur de bus pendant quinze mois, un cadre de terrain déclare : « La possibilité d’une infiltration ? Elle est claire et avérée depuis des années, mais une partie du management est complètement autiste ».

Samy Amimour
Samy Amimour

En 2012, Christophe Salmon, représentant CFDT, était monté au créneau contre le « communautarisme rampant » dont étaient victimes certaines femmes machinistes dans les trois gros dépôts de banlieue nord (Pavillon-sous-Bois, Nanterre, La Garenne-Colombes) : prières dans les bus, refus des hommes de leur serrer la main, de conduire un bus ramené au terminus par une femme réputée impure.

Depuis la direction a commandé un guide sur la laïcité !

« Ne pas dire bonjour aux collègues, ça c’est tellement banalisé ! Aujourd’hui, plus personne ne dit rien », déplore Christophe Salmon.

« La direction a refait ses feuilles de route en fonction de ça, évitant les permutations homme-femme. Quant au guide de la laïcité, c’est bien joli, vous le distribuez à l’encadrement, mais quid du reste du personnel ? »

Le représentant syndical dénonce l’apparition de syndicats moins à cheval sur certains principes, comme dans les sous-sols de Roissy, « qui n’hésitent pas à faire du communautarisme, à se préoccuper du ramadan, à trouver des salles de prière ».

A l’instar du Syndicat anti-précarité (SAP), organisation qui invitait par exemple ses ouailles à défiler, en juillet 2014, contre les bombardements israéliens à Gaza et « contre le blocus illégal et criminel » du sol palestinien.

A EDF, le souci principal concerne les centrales nucléaires.

Sur les 100.000 enquêtes administratives menées en un an, prestataires compris, 600 à 700 dossiers sont revenus avec un avis défavorable (0,7 %), contre 350 refus il y a cinq ans.

La dérive islamiste fait partie des causes de rejet dans les centrales, même si les refus n’ont pas à être motivés, car classés secret défense.

Salah Abdeslam à l’isolement à Fleury-Mérogis.

Même à l’isolement à Fleury-Mérogis, Salah Abdeslam, incarcéré depuis le mercredi 27 avril à la prison de Fleury-Mérogis aura une fenêtre pour discuter.

Un établissement sécurisé mais qui ne dispose pas d’infrastructures adaptées au profil dangereux des terroristes.

La prison de Fleury-Mérogis est loin d’être comparable à la prison de Bruges en Belgique, par laquelle est passé Salah Abdeslam, où un geôlier vérifie la cellule huit fois par heure et où la lumière est coupée.

C’est la raison pour laquelle il se languissait d’être transféré en France et de connaître le confort de nos prisons !

Pascale Davidovicz

Sources : lefigaro.fr – wk-rh.fr – lesechos.fr – lejdd.fr – lemonde.fr

 

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

1 Comment

  1. Sans que ce soit une accusation, l’avocat, aussi, peut être un moyen de rentrer un portable dans une prison.
    Mais pourquoi ne pas mettre les prisons à la campagne, sans relais téléphoniques autour? L’administration peut communiquer avec des fixes……
    En France, on a le don de se noyer dans des verres d’eau.

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*