L’opération Kantar a brisé une tentative d’établir un implant iranien dans le Golan

L’opération israélienne qui a visé Samir Kantar a volé la vedette aux différents dossiers qui accaparent actuellement les pôles de décision régionaux et internationaux, à l’ombre d’une intensification des réunions tenues dans plusieurs capitales pour trouver des solutions aux diverses ramifications de la crise régionale, notamment en Libye, au Yémen, en Irak et en Syrie. Les négociations ont commencé entre les parties au conflit dans chacun de ces pays pour mettre en place un cessez-le-feu et trouver une solution politique et sécuritaire aux crises. D’une seule traite, tous les dossiers ont ainsi avancé vers une solution, ce qui incite un ministre à dire que la région est entrée dans une nouvelle phase dont il reste encore à clarifier la nature exacte, ainsi que les orientations politiques de l’étape à venir.
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La propagation des groupes terroristes a rendu nécessaire une entente régionale et internationale pour mettre fin aux combats et résoudre les conflits par le dialogue, les négociations et le consensus politique, loin des pressions militaires. D’autant que le monde est en train de former une vaste coalition pour venir à bout de l’hydre terroriste à tous les niveaux et l’empêcher d’étendre son territoire à d’autres pays et de recruter encore plus d’étrangers, ce qui met en danger la sécurité de l’ensemble des pays de la planète.
La frappe israélienne contre Kantar et les responsables syriens et iraniens qui se trouvaient avec lui soulève des questions légitimes : comment Israël a-t-il pu réussir cette opération après avoir échoué à plusieurs reprises à prendre pour cible l’ancien prisonnier ?
Pourquoi le régime syrien ou l’armée russe n’ont-ils pas utilisé leurs missiles pour bloquer les missiles intelligents israéliens ? Moscou a-t-il été averti par Tel-Aviv ? Quid de l’après-attentat et quelle sera la réponse du Hezbollah ?
Selon un observateur, l’opération fait suite à la réunion de New York sur la crise syrienne, la rencontre de Vienne et la liste de noms d’organisations terroristes qui a été ébruitée durant la réunion, incluant la Brigade d’al-Qods, le Hezbollah, le mouvement Amal et le parti Baas, et la formation de la coalition militaire islamique contre le terrorisme, annoncée au terme de la réunion de Riyad. Ces développements ont inquiété Téhéran et ses ramifications, dont le Hezbollah, qui craignent une volonté de les prendre pour cible après l’intervention militaire russe en Syrie aux dépens de la présence et de l’influence iraniennes.
Dans une volonté de renforcer sa présence sur la scène syrienne comme au Yémen (via les houthis), en Irak (à travers le Rassemblement populaire) ou au Liban (par le biais du Hezbollah), l’Iran a tenté de former une version syrienne du Hezbollah, l’Organisation populaire syrienne, sous le slogan de la libération du Golan. Pour ce faire, le choix s’est porté sur un symbole druze, compte tenu de la dominance druze dans les régions du Golan occupé : Samir Kantar, en dépit de la conversion de ce dernier au chiisme sous le nom de « Abou Ali ». Une telle organisation aurait ainsi créé une antenne iranienne en Syrie sous le label de la résistance, comme c’est le cas au Liban grâce au Hezbollah.
Installé une fois de plus par proxy à la frontière avec Israël, l’Iran jouerait ainsi un rôle incontournable dans les négociations en cours sur la crise syrienne. De plus, après le retrait des combattants non syriens, Téhéran bénéficierait de ce joker que représente la cause de la résistance contre Israël pour rester implanté en Syrie. Ce serait donc l’unification des deux fronts du Liban-Sud et du Golan, annoncée par le secrétaire général du Hezbollah.
Mais Israël suivait Samir Kantar au pas depuis sa libération, au terme d’un marché entre l’État hébreu et le parti chiite conclu par l’Allemagne à l’époque. Après quatre tentatives infructueuses de l’assassiner, selon un responsable sécuritaire, Tel-Aviv a récemment pu obtenir des informations minutieuses sur sa localisation et a mis au point son opération, qui intervient dans un climat de négociations et de coordination pour en finir avec le terrorisme. Israël craint en effet que la question palestinienne reste hors du règlement global, et donc que la pression se maintienne à ses frontières et à l’intérieur du pays (en raison du Hamas), tandis que les autres fronts de la région se seront calmés. Le message israélien est clair : il est interdit de former un autre Hezbollah dans le Golan. Ce front doit rester calme, comme l’avait promis Vladimir Poutine à Benjamin Netanyahu, lorsque celui-ci s’était rendu à Moscou au soir de l’entrée des troupes russes en Syrie. Le président russe avait indiqué au Premier ministre israélien qu’il comprenait les survols israéliens de la Syrie pour la sécurité d’Israël. Les deux hommes s’étaient également entendus sur la nécessité de coordonner au plan sécuritaire. En fait, Netanyahu tente de notifier les forces régionales et internationales qu’il est pleinement capable de provoquer une déflagration sur la scène interne et de torpiller les solutions si elles n’englobent pas tous les dossiers, y compris la question palestinienne.
L’opération qui a coûté la vie à Samir Kantar conduira-t-elle à une confrontation avec Israël ?
Cela semble écarté. Nul n’y a intérêt, à commencer par Tel-Aviv lui-même. C’est pourquoi la Finul s’est voulue rassurante après les tirs d’obus réciproques, et au terme de ses contacts avec les parties concernées. En d’autres termes, ni le Hezbollah ni Israël n’ont l’intention d’aller vers une déflagration : le timing y est peu opportun. La priorité reste, à l’heure actuelle, au règlement de l’équation terroriste, faute de quoi les efforts de la communauté internationale à ce niveau resteront vains.
http://www.lorientlejour.com/article/961535/loperation-kantar-a-brise-une-tentative-detablir-un-implant-iranien-dans-le-golan.html

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