Pourquoi Israël a dit oui, par Katy Bisraor

Pourquoi Benjamin Netanyahu

a-t-il accepté un cessez le feu ?

Bien que le cessez-le-feu n’augure pas encore la fin de l’Opération Bordure préventive, la question se pose déjà sur les motivations du gouvernement israélien. Pourquoi avoir accepté la fin des combats, alors qu’Israël menait de main de maître l’opération Bordure Préventive: une supériorité militaire très nette, une déstabilisation de l’infrastructure terroriste du Hamas, toutes les tentatives d’incursion déjouées par air (le drone abattu), par mer (le commando marin du Hamas éliminé au sud d’Ashkelon) et évidemment une réussite spectaculaire dans la protection de la population civile israélienne. Katy Bisraor fait le décryptage de cette nouvelle situation.
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Trois raisons majeures expliquent l’acceptation très rapide du cessez-le-feu par le gouvernement Netanyahu: la volonté de renforcer les bonnes relations avec la nouvelle direction égyptienne, les objectifs atteints au cours de l’opération et surtout la décision ne pas plonger une nouvelle fois Israël dans la boue gazaouie.

 L’accord de cessez-le-feu a été coordonné

entre Israël et l’Egypte

Alors que le cessez-le-feu égyptien a surpris la direction du Hamas, le Président égyptien Al Sissi, a pris soin de mettre au courant le premier ministre Benjamin Netanyahu. La proposition est certes égyptienne, (avec un rôle actif joué par la Ligue arabe) mais les Israéliens ont été consultés. Loin d’être une simple convenance diplomatique, cette consultation confirme les bonnes relations, discrètes, entre la nouvelle direction égyptienne et Jérusalem. Lorsqu’un ami vous demande de dire oui, vous dites oui, résume un haut responsable du gouvernement israélien. D’autant plus que les termes officiels de l’accord avantagent nettement Israël. L’accord ignore les exigences du Hamas : libération de prisonniers, couloir maritime, ouverture totale des points de passage. L’accord prévoit seulement une ouverture partielle du poste frontière de Rafah, entre Gaza et l’Egypte, et des frontières avec Israël, qui de facto a toujours existé. En d’autres termes, cette intervention égyptienne, est comprise en Israël, comme un renforcement des relations avec l’Egypte, relations qui ont pour Israël, un importance stratégique.

L’accord de cesser le feu est conforme

aux objectifs de Benjamin Netanyahou

Contrairement à l’aile droite de son gouvernement, le premier ministre en lançant cette nouvelle opération contre le Hamas avait des objectifs relativement limités. D’abord faire cesser les attaques incessantes contre le sud du pays, qui après la période d’accalmie qui avait suivi l’opération Piliers de défense de 2012, avaient repris d’abord au compte-goutte pour devenir ces dernières semaines quotidiennes. Le deuxième objectif, était de toucher sévèrement l’infrastructure terroriste du Hamas. Comme nous l’avons déjà écrit dans ces colonnes, Israël ne veut pas faire tomber la direction politique du Hamas sachant que l’alternative sera la montée d’un pouvoir djihadiste salafiste encore plus radical. Du point de vue israélien, le cessez le feu garantit le retour à l’accalmie après des revers sévères infligés au Hamas. Un officier utilisait même le terme de Berezina du Hamas.

Israël ne veut pas s’enfoncer de nouveau

dans la boue gazaouie

Benjamin Netanyahou n’est pas prêt à payer le prix d’une opération terrestre à Gaza. C’est en fait la raison majeure qui explique le oui au cessez le feu. Le triumvirat qui dirige Israël ces dernier jours – le premier ministre Netanyahou, le ministre de la défense Yaalon et le chef d’Etat-major Gantz – sait très bien que l’alternative à un cessez le feu, ne peut être une opération terrestre limitée, qui n’aura de facto aucune efficacité sur le long terme. L’alternative était de lancer une opération d’envergure à Gaza, une prise de contrôle de l’ensemble du territoire, une réoccupation de Gaza et un retour à la situation d’avant 2005, date du désengagement unilatéral décidé par Ariel Sharon. Militairement, Israël a certes la capacité de mener une telle opération et même d’occuper sur le long terme le territoire de Gaza.
Mais Israël n’est pas prêt à payer le prix d’une telle opération: un nombre très élevé de soldats israéliens tués, des effets collatéraux dramatiques sur la scène internationale, une fragilisation de l’économie israélienne, et le contrôle d’une population d’un million d’habitants. La boue gazaouie, nous connaissons, et rien de bon ne peut en sortir, explique un officier de Tsahal cité par la radio israélienne.
Le cabinet israélien a choisi donc d’accepter le cessez le feu. Pourtant les dirigeants n’ont pas d’illusion. Pour Ron Ben Ishai, un des grands spécialistes des affaires militaires israéliennes, le calme ne sera que temporaire: Rendez-vous dans les abris dans un ou deux ans. Le Hamas certes très affaibli mettra quelques mois à reconstruire son infrastructure terroriste. Pourtant, c’est la réalité âpre du Moyen-Orient. Dans le contexte actuel, un tel cessez-le-feu, dont les conditions avantagent Israël, est le moins pire des choix. Ben Ishai appelle tout de même à la prudence: un tel cessez-le-feu, refusé d’emblée par le Hamas, est très fragile et peut exploser à chaque minute. Si le Hamas continue à tirer, Netanyahu n’aura pas le choix et occupera Gaza.
Katy Bisraor
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www.endirectdejerusalem.com
 

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