Israël pris dans l’engrenage de la violence, par Maxime Perez

En quelques jours, la tension est montée dans tout le pays. Aux tirs de roquettes ininterrompus depuis Gaza, s’ajoutent des émeutes sans précèdent depuis les années 2000. Un climat de haine s’est emparé d’Israël.
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Difficile de prédire quel nouveau chapitre du conflit israélo-palestinien est en train de s’ouvrir. Assiste-t-on aux prémices d’une troisième Intifada, ou est-elle déjà là sans que nous voulions l’admettre ? A Gaza, Israël va-t-il déclencher une nouvelle opération d’envergure pour faire cesser une bonne fois pour toute les bombardements aveugles de ses localités frontalières ? Enfin, les crimes de haine et les appels à la vengeance qui résonnent de part et d’autre vont-ils accoucher du pire ? Prépare-t-on déjà le prochain meurtre d’enfants ?
Il y a la colère, justifiée, et ce qu’elle révèle. Le meurtre abominable du jeune Mohamed Abu Khdeir a provoqué une réaction épidermique des Palestiniens de Jérusalem-Est. A Shuafat, Bet Hanina, Ras el-Amud et même dans la vieille ville, de violents heurts ont opposé pendant deux jours lanceurs de pierre aux policiers israéliens. Mais cette poussée de fièvre est aussitôt retombée, avant même qu’elle ne gagne les territoires palestiniens. La raison ? Une parfaite maitrise de ses violences urbaines, contenues sans dérapage par les forces antiémeutes israéliennes. L’inverse, à savoir la mort de Palestiniens lors de ces heurts, auraient indiscutablement servi de prétexte à un soulèvement plus conséquent.

Le secteur arabe-israélien s’embrase

 Dans le « triangle de Galilée », ou réside une grande partie de la minorité arabe-israélienne, la situation est plus inquiétante. Comme en septembre 2000, au début de la seconde Intifada, les principaux axes routiers du nord du pays ont été bloqués par des jeunes en keffieh qui brandissent le drapeau palestinien au milieu des barricades de pneus enflammés. Dans plusieurs carrefours, des automobilistes juifs, pris au piège, ont été systématiquement éjectés de leur véhicule ou, pour les plus chanceux, caillassés au moment où ils tentaient d’échapper à la vindicte populaire. « Nous ne nous sentons plus en sécurité dans notre propre pays », s’indignent les habitants des kibboutz israéliens environnants. Les violences se sont même propagées jusqu’à Nazareth. Elles illustrent le profond malaise identitaire des arabes israéliens et ce qu’il dessine, à terme, comme perspective de coexistence.
Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux, la haine atteint des sommets inégalés jusqu’ici. De part et d’autre, les appels à la vengeance se succèdent et font craindre le pire. Qui sera la prochaine victime à en faire les frais ? En Israël, une partie de l’opinion, sous le choc, semble découvrir que la haine existe aussi chez les juifs. Le premier ministre Benyamin Netanyahou place d’ailleurs au même niveau le terrorisme juif et arabe. Face à l’innommable, l’indignation de la société israélienne et de ses dirigeants prouve que l’Etat hébreu dispose de solides fondements moraux. N’en déplaise à ses détracteurs.

Eviter le pire à Gaza

Sur le front sud, la situation reste plus que jamais incertaine. Depuis qu’Israël a déclenché une opération contre le Hamas en Cisjordanie, en réponse à l’enlèvement – puis au meurtre – des jeunes Naftali, Eyal et Gil-Ad, plus de 150 roquettes et obus de mortier ont visé les localités israéliennes du Néguev occidental, frontalières de Gaza. Comme l’illustrent les réunions houleuses du cabinet de sécurité, le gouvernement est divisé sur la réponse à apporter à cette escalade.
A l’exception de Nafatali Bennett et Avigdor Lieberman, aucun ministre ne souhaite à ce stade asséner un nouveau coup de massue aux factions palestiniennes, Hamas en tête. Le risque de voir des représailles massives sur l’arrière front, notamment des tirs de missiles contre Tel Aviv, pousse le gouvernement à faire preuve de retenue. Mais l’enfer et le cauchemar sans fin que revit depuis plusieurs semaines la population du sud d’Israël ne pourra pas durer éternellement. Si les tirs se poursuivent, Israël n’aura pas d’autre choix que d’investir la bande de Gaza.
Maxime Perez
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