Comme à Yalta, il y a 70 ans

C’est presqu’un scénario pour une superproduction de Hollywood.

En  Méditerranée des porte avions, des croiseurs, des sous marins,  et au dessus  très haut dans le ciel, des satellites espions qui photographient tous les détails, qui écoutent toutes les communications et déchiffrent tous les codes .
En Syrie, une guerre du Moyen Âge entre des musulmans et des musulmans, sunnites, chiites, alaouites ,  djihadistes qui rêvent du califat et de l’instauration de la Charia, plus les têtes brûlées et les estomacs vides de jeunes chômeurs désemparés,  et  dans le rôle du méchant une star,  Al  Qaeda, la pieuvre qui déploie ses tentacules.

La guerre d’Espagne

Les rebelles syriens  veulent renverser le tyran et jouent le rôle des gentils au début de l’histoire mais , avant la fin, on s’aperçoit qu’ils ne sont pas ce qu’ils voudraient nous faire croire: ils torturent et ils fusillent les déserteurs de l’armée régulière syrienne venus les rejoindre parce qu’ils veulent rester entre eux , islamistes intégristes qui ne souffrent pas la concurrence des apprentis démocrates. Ça ressemble  un peu à la guerre d’ Espagne quand les anarchistes faisaient la guerre aux communistes au lieu de s’occuper des franquistes.
On bombarde les villes, on tire au canon sur les immeubles et les familles et  on fait exploser tout ce qui bouge et qui pourrait être un danger pour la dynastie Al Assad : combien de morts  ? On arrive à dépasser cent mille , les rebelles avancent toujours, le Hezbollah prête main forte au tyran , une ville est assiégée puis l’armée régulière jette toutes ses forces pour desserrer l’étreinte et reprendre le contrôle. C’est la guerre comme en 14 !

La guerre civile

C’est la guerre civile : qui voudrait s’en mêler ? ” Ils se battent tous les uns contre les autres. Ce n’est pas un problème, c’est une solution. Laissez les faire”. Et pour justifier que les justiciers de la planète détournent les yeux du carnage, on prévient qu’il faut se battre à la loyale, couteau, fusil , canon, bombe , rien d’autre .
Et voilà le moment fort de l’histoire : un inconscient, un général fou ou un vrai responsable utilise des armes chimiques. Depuis le début, on avait su par les grandes oreilles israéliennes que cette utilisation avait été décidée sans concertation et qu’un affolement avait été détecté. Un sous marin lui aussi à l’écoute, confirme la version.
Mais pour les occidentaux, la ligne rouge est franchie : il faut intervenir pour sanctionner le crime contre l’humanité.
C’est dangereux à exécuter en évitant les pertes civiles, c’est lourd de conséquences avec des illuminés et des jusqu’au-boutistes. La Chambre  des Communes ceinture Cameron. Hollande et Fabius vont de l’avant et jouent aux matamores . Obama ne sait pas comment se dédire : s’y voir contraint par ses adversaires , jouer au grand démocrate tout en renâclant , au prudent et au temporisateur.?

Barack Obama avec Vladimir Poutine. © REUTERS
Barack Obama avec Vladimir Poutine. © REUTERS

En face , celui qui tire toutes les ficelles et manipule le pantin gesticulant qu’est devenu  Al Assad, c’est Poutine. Lui, il sait par son expérience tchétchène ce qu’il faut redouter dans le Caucase et au Moyen Orient . Il ne veut pas de Al Qaeda à la place de Al Assad et il ne veut pas de frappes symboliques sur la Syrie car on ne connait pas l’enchaînement des choses.

Réunion du G20

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Saint-Petersbourg, réunion du G 20 : Poutine , l’œil vif, Obama éteint, les relations sont très mauvaises entre les deux hommes, décrivent les observateurs. Hollande, qui atténue la portée et l’efficacité des réformes  obligatoires, qui veut convaincre et réunir avant d’indiquer la synthèse raisonnable , se positionne en avant et parle haut et fort contre le dictateur syrien coupable sans aucun doute de crimes contre son peuple avec des armes interdites à jamais depuis 1923.Alain Minc s’en étonne et trouve que le personnage est double : prudent dans les affaires intérieures et audacieux à l’extérieur. Fabius se paye même une colère devant les caméras .
Puis le Secrétaire d’ Etat John  Kerry voyage partout et explique à tout le monde qu’il faut soutenir les USA qui doivent écarter le danger des armes de destruction massive et punir les criminel qui s’en sont servis. A la fin d’ un discours, il signale que ce serait simple à résoudre si les Syriens acceptaient d’en confier la destruction aux Nations Unies, ” mais bien sûr, ajoute-t-il , ils ne le veulent pas. ”

Gagnant -Gagnant

Peu de temps après, Poutine  invite la Syrie à faire détruire ses  tonnes de gaz et de microbes . Les syriens   manifestent leur accord. Fabius exige que ce soit par une décision contraignante du Conseil de Sécurité et que les coupables du massacre chimique soient traduits devant la Cour Pénale Internationale .Obama diffère sa décision et maintient la pression . Il n’ira pas à la guerre mais il veut gagner la bataille et faire en sorte que les USA et lui même ne soient pas humiliés. Poutine  a fait tout le jeu et c’est un jeu gagnant gagnant . Il est revenu sur la scène moyen orientale comme un interlocuteur indispensable, comme un acteur principal. Bâchar  Al Assad  gardera Damas pour le moment. Israël est resté à l’écart de la guerre civile et de la gesticulation politique, Fabius et Hollande que l’on avait méchamment moqués remportent une victoire diplomatique importante , les rebelles vont continuer à se faire décimer et Cameron est absent par la faute de la Chambre des Communes.

stalineetroosvelt
Conférence de Yalta
Churchill Roosevelt Staline

Ça sent à plein nez l’arrangement politique secret , l’accord entre les deux protagonistes véritables et les Français ont joué le jeu , comme De Gaulle , peu de moyens mais on a des idées.
Tous les bateaux, tous les avions vont rester le temps qu’il faut devant les côtes syriennes  pour faire exécuter les arrangements pris par les Grands : Poutine et Obama comme Staline et Roosevelt à Yalta , 70 ans avant .
Par André MAMOU

ministere

DÉCLARATION DE M. LAURENT FABIUS,

MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

 
Syrie – Armes chimiques
La proposition du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, mérite un examen précis. Il reconnaît maintenant, sous la pression forte que nous avons exercée, qu’il y a un problème grave avec l’énorme stock d’armes chimiques que possède Bachar Al-Assad. Cette proposition serait recevable à au moins trois conditions :
–         M. Bachar Al-Assad doit s’engager sans délai à mettre sous contrôle international et à laisser détruire l’ensemble de son arsenal chimique ;
–         cette opération doit se faire sur la base d’une résolution contraignante du Conseil de sécurité, avec un calendrier court et des conséquences fermes s’il ne respectait pas ses engagements ;
–         les responsables du massacre chimique du 21 août ne doivent pas rester impunis. La Cour pénale internationale devra donc être saisie.
Depuis le début, la France s’est fixé deux buts : la sanction et la dissuasion. C’est pourquoi nous demandons maintenant des engagements précis, rapides et vérifiables de la part du régime syrien.

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