Kippour en Israël : Victoire de l'écologie

Yom Kippour, le Grand Pardon, intervenant dix jours après le nouvel an juif, Rosh Hashana, est dans le calendrier juif la fête suprême.
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Cette période de dix jours, la «Téchouva», est consacrée à regretter les mauvaises actions commises, à demander pardon avec sincérité à Dieu et à ses semblables, à se réconcilier avec ses ennemis et à réparer les préjudices commis dans le feu de l’action.

Jeûne et téchouva

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Cette fête est respectée à travers le monde par les juifs, religieux ou laïcs, qui marquent ainsi leur identité communautaire, au moins une fois par an. Le jeûne marque cette journée de prière et de repentir. L’homme est invité à une introspection personnelle pour faire le bilan de ses actions, reconnaître ses torts et prendre de nouvelles résolutions pour l’année qui commence. Certes, cela relève du bon sentiment car tout reste théorique puisque la haine, les insultes et les invectives resteront monnaie courante en Israël  et ailleurs, entre juifs qui ne partagent pas les mêmes idéaux politiques.

La journée, très respectée par la communauté juive mondiale, est entièrement consacrée à la prière, qui comporte sept bénédictions, de nombreuses lectures, une longue confession, et une demande de pardon au nom de tous. Seuls les repentants sincères peuvent alors être inscrits dans le «Livre de la Vie» qui leur garantit une année de plus sur terre. C’est une journée «sans» puisque la religion interdit d’user des choses modernes de la vie courante : le feu, la lumière, le téléphone, la voiture et l’ordinateur. Seule la méditation est autorisée.

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Soldats durant la guerre de 1973

Ce jour saint avait pris une connotation dramatique en Israël, depuis le 6 octobre 1973, lorsqu’une coalition menée par l’Égypte et la Syrie lança une attaque surprise contre Israël, faisant de cette guerre la plus coûteuse en victimes militaires évaluées à 3.020 morts. Cette fête est donc suivie avec une certaine appréhension car les ennemis existent toujours et les tentations criminelles aussi. L’histoire pourrait bégayer.
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Golda Meir et Moshé Dayan au Golan durant la guerre de Kippour 1973

Les laïcs majoritaires

Autoroutes vides de voitures
Autoroutes vides de voitures

Mais un autre aspect de cette journée de Kippour est moins connu : le rêve écologique trouve en Israël son application stricte. Bien que la fête soit d’abord religieuse et que les laïcs représentent la majorité du pays, toute la population, laïque ou religieuse, participe à la célébration de ce jour saint dans une sorte de repentance générale. La journée est chômée ; toutes les entreprises, sans restriction, ferment leurs portes. Les cafés, les restaurants, les centres commerciaux baissent leurs rideaux, la seule fois de l’année.
Sans qu’aucune loi ne l’impose, les voitures cessent de rouler, par conviction ou par respect pour les repentants. Les lumières sont éteintes dans tous les lieux privés et publics ; les télévisions et les radios cessent d’émettre. Les trains,  les bus et les avions restent dans leurs dépôts ou hangars. La consommation d’électricité est, durant ce jour de Kippour, la plus basse de l’année en Israël. L’air devient enfin momentanément respirable.
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Ce jour est le règne des enfants, des promeneurs et des cyclistes qui occupent les chaussées et les routes habituellement vouées à la circulation des véhicules. L’écologie à l’état pur voit une application concrète puisque le règne du tout-électricité est battu en brèche. La population se souffre pas et elle accepte cette journée de restriction comme une aubaine pour le retour aux fondamentaux de la vie simple et naturelle.
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Cependant, un seul bémol; le Grand Rabbinat a imposé, par une décision intégriste qui ne devrait concerner pourtant que les juifs pratiquants, le blocage des «velolibs» à Tel-Aviv pour ne pas enfreindre la loi religieuse, le seul jour où la population aurait pu faire connaissance et se familiariser avec un outil de déplacement commode et économique.
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Kippour, fête religieuse juive, et surtout journée de paix durant laquelle les esprits sont uniquement préoccupés par la repentance et la réconciliation avec les ennemis, devient ainsi le symbole de l’écologie. Un rêve écologiste éveillé en Israël.
Par Jacques BENILLOUCHE copyright © Temps et Contretemps

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