Le mécontentement de la communauté éthiopienne témoigne du malaise social israélien, par Noga Bar Noye

L’agression d’un soldat éthiopien par deux policiers a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. La communauté éthiopienne ne veut plus être considérée comme celle des citoyens de seconde zone, mais des israéliens à part entière.
Deux manifestations ont été organisées à Jérusalem et Tel-Aviv. Elles pourraient nous faire croire à une dénonciation du racisme, mais en fait, c’est une crise identitaire qui touche toute la société israélienne.

bibi etiopiens
Photo credit: Haim Zah / GPO

Nous revenons donc l’éternelle question : Qu’est-ce qu’être israélien ? Le judaïsme éthiopien après des années d’exil est certes différent du judaïsme européen. Devons-nous les en blâmer ? Bien évidemment non ! Le retour de la communauté éthiopienne dans les années 80 a sûrement été difficile, la vie en Israël n’est pas facile, peu importe d’où vous venez. La difficulté a été double pour eux, car beaucoup n’avaient pas de qualification et leur judaïsme a dû s’adapter et « cashérisé », made in Israël.
La principale revendication des éthiopiens n’est pas plus de subventions, mais d’être considéré pleinement comme israéliens. Depuis sa création, et même avant, Israël  s’est bâti grâce au retour de toutes ses communautés. L’identité nationale s’est forgée au-dessus des différences politiques, religieuses, raciales, autour d’un idéal commun : un foyer national juif. Les éthiopiens se sentent fiers d’être israéliens, ils ont brandi le drapeau lors des manifestations, mais paradoxalement la société israélienne semble ne pas vouloir les considérer comme les leurs. Pourquoi cette division, ce manque d’unité, de solidarité ?
Mme Mahrata Baruch-Ron, adjointe au maire de Tel-Aviv, d’origine éthiopienne dans une interview donnée à la chaine 10 a affirmé que le problème n’était pas un « problème éthiopien » mais que c’était le problème de toute la société israélienne qui manquait de tolérance et que le ministère de l’éducation devait être impliqué dans un vaste programme civique. Il semblerait que l’Etat hébreu doive lui-aussi se lancer dans la « bataille pédagogie ». Elle a conclu en disant « soit nous nous entre-aidons soit nous nous entre-tuerons ».

DES CASSEURS D’ORIGINE SOUDANAISE

Les médias quant à eux parlent de racisme, donnant encore et toujours une image négative d’Israël. Des casseurs, dont certains d’origine soudanaise et donc illégaux en Israël, ont saisi cette opportunité pour que la manifestation tourne en émeute. De plus en plus de voix se lèvent pour dénoncer l’intervention de forces étrangères qui ont financé et encouragé lesdits casseurs, comme cela a été le cas lors des manifestations de 2011.
Alors que le pays s’interroge, il serait bon de se rappeler que les valeurs juives sont universelles, elles prônent le respect d’autrui, de la vie, l’amour du prochain. L’Etat hébreu l’aurait-il oublié ? L’octroi de subventions, d’emplois peuvent certes aider, néanmoins le sentiment d’appartenance est celui qui vous fait exister, il vient du cœur, en se sentant uni « comme un seul homme dans un seul cœur » et non de vivre en ghettos de communautés. C’est cela être israélien.
Noga  Bar Noye

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