Puisse ce peuple de France être entendu. Par Charles Rojzman

Ce que veulent les gilets jaunes, à côté de toutes leurs revendications pour une vie plus décente, c’est une nouvelle « Nuit du 4 août », cette fameuse nuit de 1789 où la noblesse et le clergé abandonnèrent leurs privilèges, hérités de la France féodale et monarchique.

Dans la France d’aujourd’hui, ces privilèges sont multiples : poudres, toilettes et fêtes des monarques et de leur Cour, salaires exorbitants des patrons du CAC 40 et parachutes dorés, placards confortables de la République, fonctions et prébendes accordés par la faveur des princes, privilèges des corps constitués de la politique, de la haute administration et de l’université.

La révolution de 1789 forgea le passage de la civilisation féodale à l’ère démocratique.

Aujourd’hui, c’est une nouvelle démocratie que les gilets jaunes réclament, l’abolition des privilèges représentant la première étape de ce changement majeur.

Le peuple des gilets jaunes sent confusément que le régime actuel corrompu et repu ne nous protègera pas des orages totalitaires qui s’annoncent à l’horizon.

Ils ne parlent pas d’islamisme en public mais ils y pensent et en parlent en privé. Ce pouvoir qui se donne à l’encan, aux technocrates de Bruxelles, à l’Allemagne de Merkel, aux émirs du pétrole, ils n’en veulent donc plus.

Les gilets jaunes veulent de la reconnaissance, certes.

Ils disent vouloir être écoutés dans leurs souffrances, mais surtout affirment avec force que la vraie reconnaissance consisterait à ce qu’il y ait davantage d’égalité et de justice, signifiés justement par l’abandon volontaire des privilèges.

Il ne s’agit pas d’une utopie révolutionnaire d’extrême-gauche mais d’une simple reconnaissance par plus d’égalité.

Leurs souffrances, concrètes et immédiates, les gilets jaunes en parlent et réclament l’amélioration de leur vie quotidienne, mais ils souffrent aussi, comme leurs ancêtres de 1789, de la comparaison de leur sort avec ce nouveau Versailles bourgeois , de ces princes et princesses des temps modernes qui dilapident l’argent public dans des fêtes ou des retraites dorées.

Macron cet égoïste narcissique n’a pas vu venir « cette grogne » et au contraire il a joué avec les symboles de la fonction présidentielle, comme à cette fameuse fête de la musique et comme ces accolades pulsionnelles à Saint-Martin.

Il s’est montré indigne de la fonction présidentielle et son image de petit prince choyé est désormais rebutante pour une population en voie d’appauvrissement et en chute sociale.

Comme aux Etats-Unis, au moment de l’élection de Donald Trump, c’est le peuple blanc qui s’est révolté, blanc non pas par la race mais par une des couleurs du drapeau national, par cette partie de la société laissée pour compte pendant de longues années : traités de beaufs et de racistes trop souvent, ces nouveaux pauvres ont entraîné avec eux une majorité de français qui veulent survivre dans le chaos du monde, dans cette mondialisation trop malheureuse pour bon nombre d’entre eux.

Pour le moment, les banlieues, ces fameux « quartiers populaires » de la gauche, se taisent et restent à l’écart, avec une sorte de prudence, à l’exception notoire de quelques bandes venues pour casser, piller ou pour des intentions plus obscures. Ces habitants des quartiers sentent qu’ils pourraient être les autres victimes de la colère populaire, de cette colère qui va peut-être s’exprimer dans les urnes. Est-ce que ce sera un bien ou un mal ?

L’avenir est imprévisible. De toutes façons, ce qui est dit aujourd’hui, c’est la nécessité de la création d ‘une nouvelle vie démocratique, où le peuple a la parole sur ce qu’il sait de sa vie, et où il est écouté, entendu, respecté pour son intelligence et son savoir.

Les grands équilibres financiers doivent peut-être être préservés, mais c’est une nouvelle ère qui doit commencer, celle de la parole et de la décision démocratique.

Enfin, ce mouvement existe aussi parce qu’il donne de la chaleur par la rencontre avec les autres et la sortie de la solitude dépressive.

Un peuple a besoin de s’unir pour être fort. Avec une autre partie de ce peuple qui vit dans les grandes métropoles et leurs banlieues, il faudra d’abord rétablir la sécurité par tous les moyens nécessaires et également retrouver la confiance par la rencontre.

Puisse ce peuple de France être entendu dans ses aspirations et non pas menacé, manipulé, obligé finalement de rentrer dans le rang et l’ordre des privilégiés de la fortune et du savoir.

Charles Rojzman

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8 Comments

  1. « Aimer » les gilets jaunes ? Oui, mais lesquels ? Ceux qui vocifèrent ou ceux qui cassent ? Ceux qui réclament une baisse d’impôts ou ceux qui veulent le général De Villiers à la tête de l’Etat ? C’est TRES différent !

    Ch. Rojzman nous dit, entre autres : « Puisse ce peuple de France être entendu dans ses aspirations et non pas menacé, manipulé, obligé finalement de rentrer dans le rang ….».

    La réponse est NON. In fine « ce peuple » le SERA : menacé, manipulé, obligé finalement de rentrer dans le rang, jamais entendu.
    Qu’ils aient raison ou pas, le GJ vont dans le mur en klaxonnant. Nous entrainant avec. Leur échec est écrit d’avance. Mekhtoub. Et le nôtre avec.

    Car l’erreur de Rojzman et de bien d’autres est ailleurs. La comparaison ô si facile que Rojzman tire entre 1789 et aujourd’hui devrait l’inciter à plus de prudence.

    Car le peuple de 1789 et ses descendants ont payé, pendant un siècle ou presque, un lourd tribut de sang, de larmes, de labeur et de sueur pour la « révolution » sans AUCUNE contrepartie.

    C’est la vérité qu’on nous cache tous les 14 juillet avec force feux d’artifices et la parade militaire des neuneu.

    Cela vous choque ? Alors dites-moi : quels autres pays comparables pratiquent la parade militaire ?
    Aucun. Si… La Russie et la Corée du Nord…

    • Je suis,cher Horace, totalement d’accord avec votre analyse et avec ce qu’elle sous entend… Ce n’est pas la chienlit actuelle et la tactique des gilets jaunes, si tant est qu’elle en ait une, qui leur mettra du beurre dans les épinards. Quand on entend certains d’entre eux tâcher de s’exprimer si pitoyablement, on se demande pourquoi ils ne se choisissent pas un “chef” avec un minimum de culture pour établir un choix d’arguments et sachant les exprimer de façon crédible.

      • Si, Guillaume Biro : il y a un « chef » qui émerge ; je l’avais cité. Trêve de plaisanteries ; c’est le général De Villiers.

        Loin d’être discret il nous pond des livres.

        Avec des relais médiatiques surprenants ; voyez Causeur de cette semaine : « « Qu’est-ce qu’un chef ? »: le livre de Pierre de Villiers que devrait lire Emmanuel Macron »…

        Ce serait presque caricatural si ce n’était pas un programme….

        Du point de vue de certains GJ De Villiers exauce des rêves : « homme fort » (prétendument….), rien que d’en parler est une gifle à Macron qui l’avait brutalement et publiquement limogé.

        Cela ressemble trop au préambule organisé en sous-main avant l’arrivée de CDG au pouvoir en 1958.

  2. Ah LE peuple ! Entre le mépris des princes qui ne sont pas tous corrompus au demeurant et la glorification du Peuple qui n’est ni unique ni forcément intelligent, il y a toutes les palettes d’une démocratie plurielle. Je ne parle pas de l’écologie à la trappe ! C’est étonnant ce texte qui me parait pas très cohérent avec la thérapie Sociale, mais on a le droit d’avoir plusieurs facettes. Pour finir, oui on est d’accord, cette révolte est le prix du mépris mais la construction de quelque chose de solide ( et d’un lien avec les banlieues , entre parenthèses) c’est une autre paire de manches, cela nécessite aussi de la prudence. Non l’avenir n’est pas qu’imprévisible, car l’histoire de l’humanité est remplie de cycles qui répètent les mêmes scénarios avec des variations de températures.

  3. A qui profite le mouvement des Gilets jaunes ?
    Pour l instant aux livreurs de merguez et de Bière….
    Les Français toujours fins gastronomes, sont toujours friands de “reunions pacifiques” agrémentées de bouffe et de barbecue aux fumets de caoutchouc brûlé…
    Rien de neuf et de raisonné la dedans….!
    C est la France du TPMP qui gueule avec beaucoup d égoïsme et d hypocrisie
    “Tousse ensembe” sans se soucier des conséquences
    ..

  4. Votre article est excellent en touts points. Mais il y une seule confusion symbolique quant au « petit peuple blanc »… Le blanc du drapeau français ne représente pas le « petit peuple » mais la noblesse, le bleu et le rouge étaient les couleurs de Paris et donc du peuple – puisque depuis Louis XIV captura la noblesse pour l’enrubannée à Versailles. Enfant il fut témoin de « la Fronde » de la noblesse qui faillit renverser la Royauté et, pour empécher cela il décide de les corrompre et les distraire loin de Paris dans son harem versaillais… Louis XVI et Marie-Antoinette (l’Autrichienne) en payeront les frais et décapité. Après la dite Nuit du 4 Août 1789 il fallut donner un drapeau à la France. Alors on introduisit le BLANC de la noblesse au milieu du ROUGE et BLEU de Paris… En fait, ce fut une belle hypocrisie… la noblesse ruinée s’est acoquinée au capital de la bourgroisie marchande. Le peuple a toujours été la vache à lait des vieilles familles… 1830, 1848, 1871, 1914-18, 1939-45 le peuple de France quand il ne fut pas reprimé servit de chair à canon… de l’industrie La tragédie de la France est d’avoir perdu ses richesses coloniales, tout en voulant continuer à vivre « comme avant »… en assistant les Français pour avoir la paix et en empruntant sur les marché pour combler son déficit chronique tout en prolétarisant sur son sol les citoyens désœuvrés de ses anciennes colonies. Avec la mondialisation des économie la France n’est plus une puissance. Les Blancs gardent leurs privilèges et les Bleus et Rouge deviennent JAUNE d’avoir tout perdu et de payer pour les Blancs…
    La France dntre doucement dans le Thier-Monde… Les Juifs portaient l’Étoile Jaune des « moins que rien, et la France des Gilets Jaune qui se déportent de rejeter les privilèges des Blancs qui n’ont jamais rien payé puisqu’ils étaient et sont encore les fieffés Versaillais qui continuent de bien vivre de
    Les Jaunes n’ont pas besoins de représentants puisqu’ils sont la conscience collective de ce que la mondialisatiorn fait à la France incapable de se réveiller de sa léthargie et sans colonies✌️☝️

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