On répète souvent que l’universel exige d’effacer les différences, comme si l’humanité ne pouvait s’unir qu’au prix de l’uniformité.
C’est pourtant l’inverse qui est vrai : l’universel authentique naît de la rencontre des singularités, pas de leur dissolution.
L’histoire juive en offre l’une des démonstrations les plus fortes, notamment à travers Hanouka et Pourim.
Hanouka raconte un refus de l’âme.
Les Grecs ne cherchaient pas à détruire les Juifs physiquement.
Ils voulaient les intégrer, les remodeler, les détacher de tout ce qui faisait leur singularité : une loi révélée, des frontières identitaires, un Dieu invisible qui ne se laisse ni représenter ni absorber.
Le message implicite était clair :
« Tu peux vivre, mais pas en restant toi-même. »
Pourim raconte un refus du corps.
Haman ne propose aucune assimilation, aucune conversion.
Ce n’est plus la loi juive qui dérange, mais la simple existence du peuple.
Le message est alors d’une radicalité absolue :
« Même si tu abandonnes tout, ta présence sur terre est déjà de trop. »
Hanouka et Pourim montrent deux logiques différentes, mais un même inconfort du monde face à une singularité qui persiste.
Et c’est pourtant cette singularité, assumée et préservée, qui a permis au judaïsme de transmettre une idée fondamentale : on peut contribuer à l’humanité sans renoncer à soi-même.
L’universel ne se construit pas en effaçant les identités.
Il se construit en les faisant dialoguer, en reconnaissant que chaque peuple a quelque chose d’irréductible à apporter.
Ce n’est pas malgré le particularisme qu’on construit l’universel : c’est grâce à lui.
© Dov Maimon

Bonjour Dov Maimon
Peut-on savoir où se trouve le mot universel dans la Torah ?
C’est un concept abstrait totalisant déconnecté de réalités d’ordre anthropologiques complexes, là ou la pensée juive justement est connecté à des réalité d’ordre anthropologique.
C’est un nihilisme. Il n’y a pas d’universel, ça n’existe pas. Ça ne veut strictement rien dire en soi.
Et la Torah n’est pas une métaphysique, et le judaïsme repose sur le vis-à-vis, jamais sur le “tous”.
La pensée juive est anthropologique, pas conceptuelle-universelle.
L’universel est un nihilisme car il réduit tout à un abstrait, donc à du vide.
Cela dissout le réel dans un concept vide. A l’opposé de la pensée juive qui ne dissout justement rien des réalité d’ordre anthropologique, dès les premiers chapitres de la Genèse.
A++
Aussi, et sauf erreur, vous essayéez d’injecter un concept universalisant dans un cadre qui, lui, n’est absolument pas universel.
Ce que vous décrivez ne parle pas du tout d’universel. Pas une seconde. Il parle de relations humaines, de dialogue entre singularités, de coexistence non-fusionnelle. Rien à voir avec l’universalisme comme catégorie philosophique.
Vous partez du particularisme juif, vous le présentez comme la “condition” d’un universel, puis vous glissez l’idée que cet universel serait “authentique”, enraciné, relationnel.
C’est une projection moderne — un bricolage conceptuel — pour faire entrer le judaïsme dans le cadre universaliste contemporain.
A++