
© sdp/Mahal
De nombreux jeunes Français juifs partent en Israël faire leur service militaire. Un engagement fort, lié aux massacres du 7 octobre 2023 et à la montée de l’antisémitisme en France.
Leur départ était programmé depuis longtemps. Ce vendredi, Sacha et David ont pris l’avion en direction de Tel-Aviv. Ils vont rejoindre Shany, une amie, partie une semaine avant eux. Contrairement aux nombreux autres passagers de leur vol, les deux jeunes hommes de 20 et 19 ans ne partent pas en vacances ou ne rejoignent pas des membres de leur famille. Français juifs, ils vont s’engager dans l’armée israélienne ! La paix négociée par le président américain Donald Trump et le retour des otages du 7 octobre 2023 n’ont rien changé à leur motivation. Comme le résume Sacha : « Je suis soulagé du retour de la paix et en observation attentive de la suite possible… »
Moins en sécurité en France
La volonté de l’organisation terroriste du Hamas de ne pas rendre ses armes montre, à leurs yeux, que leur démarche conserve tout son sens. Car l’objectif de ces trois jeunes Français est bien, à terme, de s’installer en Israël. « Je me sens moins en sécurité ici, à Paris, que là-bas », assure, assise à la terrasse d’un café, Shany, partie voilà deux ans faire sa scolarité en Israël. Elle aussi va rejoindre Tsahal comme Sacha et David, via le programme Mahal. Ce programme du ministère de la Défense existe depuis 1948 et permet aux jeunes étrangers juifs n’ayant pas vécu en Israël de s’engager dans l’armée pour une durée de dix-huit mois. Difficile d’obtenir des chiffres précis du nombre de Français juifs qui se sont engagés par ce biais, notamment depuis le 7 octobre 2023. Mais ceux qui sont tentés de franchir le pas connaissent tous le nom de la personne chargée, au sein de l’armée, de s’occuper des Français volontaires une fois sur place. La dernière session de 2025 commencera en décembre mais les recrues de moins de 24 ans doivent arriver sur place deux mois avant, notamment pour apprendre l’hébreu.
LA PLACE D’UN JUIF
La place d’un juif n’est plus en France,regrette Shany. Ici, on se sent seuls, peu soutenus. » « J’étais un patriote français,proclame David. Je savais que, s’il y avait une guerre en France, je servirais dans l’armée. » Aujourd’hui, il a choisi Tsahal. La montée de l’antisémitisme les a touchés de plein fouet. Au point de se dire qu’ils se sentiraient plus en sécurité dans un pays en guerre qu’en France. « On vit des choses plus compliquées ici, relance David. C’est une guerre différente, mais c’est une guerre. »
«C’était un enfer»
Scolarisé dans une école publique à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), il a subi des violences et l’inscription de croix gammées sur son bureau. « Faut avoir le mental, dit-il. C’était un enfer. » Avec ses parents, il a décidé de terminer sa scolarité en Israël. Il n’est pas besoin de les relancer beaucoup pour les entendre témoigner des difficultés qu’ils vivent au quotidien. À l’instar de l’étoile de David, qu’ils mettent autour du cou et doivent désormais cacher quand ils sortent dans la rue pour éviter des remarques, des insultes voire des provocations. Sacha s’est fait tatouer récemment le sigle « Haï » (nous vivrons) à l’intérieur de son poignet. Sa mère, inquiète, même si elle aussi s’est fait faire ce tatouage malgré les interdits religieux, lui a conseillé de mettre sa montre dessus pour le cacher.

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