
« Je suis entré à Gaza sous bonne escorte de l’armée israélienne. Ils voulaient me montrer un tunnel du hamas d’environ un kilomètre qu’ils avaient découvert. Mais j’ai choisi d’en faire un élément secondaire de mon article, pour le consacrer à la destruction de Gaza-ville par l’armée israélienne. »
Voilà, à très peu de chose près, un résumé significatif d’un article du journal «Le Monde» par son journaliste Luc Bronner, interviewé sur l’antenne du service public radiophonique France-Inter, dans la «Matinale» du dimanche 5 octobre 2025.
Matinale animée par Ali Baddou et Marion L’Hour, qui ne se sont évidemment, pour l’occasion, pas départis de l’habitude parfaitement rôdée de la station d’entretenir un narratif dont l’indépendance totale avec la réalité des faits friserait le comique, pour peu que la fraîcheur de l’actualité incitât tant soit peu à l’inclination pour la mise en plis.
Pour parler clairement, nos deux pros du micro ont laissé Bronner dérouler sans autre intervention qu’un «merci» franc et massif clôturant ces élucubrations.
Il faut dire qu’après le 7 octobre 2023, au sujet duquel l’horreur des faits provoqua une sidération qui dura une grosse douzaine d’heures au 116 avenue du président Kennedy, l’inclination structurelle et immodérée de la chaîne pour la considération du pauvre palestinien victime de l’affreux génocidaire juif battit son plein. (Je rappelle que le mot «son» est ici un substantif, non un pronom. Et l’argumentaire fransphinctérien, qui a passé son temps pendant les deux ans de cette guerre, (non, pas génocide), à systématiquement conclure ses chiffres de morts palestiniens par les trois mots magiques «selon le hamas», fait très certainement un son assez désagréable à ceux des auditeurs un tout petit peu documentés sur l’histoire du Moyen-Orient depuis 1947.
(Et, en écrivant ces deux dernières lignes, j’espère ne pas avoir donné naissance à une phrase trop oxymorique.)
France-Inter est traditionnellement de gauche. Et la cause palestinienne est traditionnellement, (si j’ose dire), une cause de gauche. Je crois de plus en plus, à titre personnel, (ayant été à gauche, même très à gauche moi-même), que la chose la plus douloureuse pour la belle personne appartenant à ce côté de l’échiquier, persuadé toujours d’être le seul vrai détenteur des valeurs humanistes, est le risque d’épouser des propositions habituellement défendues par ceux qui sont ses pires ennemis, et qu’ils appellent ainsi, je cite: «les sales cons de droite».
(A ce sujet, rappelez-vous simplement les sept mots adressés par Valéry Giscard- d’Estaing à François Mitterrand, au cours du débat précédant l’élection présidentielle de 1974: «Vous n’avez pas le monopole du cœur». A l’époque, j’avais pensé: «Mais qu’il est con». Aujourd’hui, il est quasiment acquis que c’est en grande partie à cette phrase de bon sens qu’il doit son septennat.)
Alors, ami de gauche, toi qui penses être le seul à être bel et bon, et qui continues à être convaincu qu’en tant que tel tu doives défendre un groupe ethnique dont on sait pertinemment qu’il ne se nourrit que de l’espoir de la destruction de son voisin, ami de gauche, toi qui haïs cordialement (ou pas, il y a Mélenchon aussi), ton contradicteur de droite préférant le voisin, voisin qui aime nettement mieux cultiver son jardin en paix que trucider des Arabes, et, accessoirement, voisin qui préfère aussi œuvrer de manière active au bienfait de l’humanité par des découvertes scientifiques constantes autant que géniales, pour toi, je n’ai qu’un seul mot:
Pourquoi?
(Et, pour terminer avec «France-Inter»: Invitation à la Matinale du 13 octobre dernier du premier dignitaire du hamas en France, à savoir Jean-Luc Mélenchon. qui, suite à une interview dans laquelle le moindre de ses propos mériterait une attaque en justice, a fini en menaçant d’un doigt vengeur, suivi d’un doigt d’honneur, les journalistes Nicolas Demorand et Benjamin Duhamel, (qui a fort bien fait son job). Aucune suite, ni aucun commentaire sur l’antenne, qui nous a pourtant gravement laissés humilier à travers elle. (Exceptée Sophia Aram, qui reste une des très rares personnes hautement recommandables de la station. Mais on le savait déjà.)
Et tiens, pendant qu’on y est, vous avez vu ce qui se passe dans la bande de Gaza maintenant que Tsahal n’y est plus? Des Palestiniens qui tirent sur des Palestiniens ! Ils n’ont même pas besoin des Juifs pour ça ! Mais, évidemment, aucun rapport entre ce menu détail de l’histoire et le silence radio de F.I. et de L.F.I sur ce qui, pour le coup, est un vrai génocide…
Ni non plus de remerciements pour Donald Trump qui, quoi qu’on pense de lui, a préféré taper sur les terroristes du hamas que sur la démocratie qu’est Israël.
De gauche, on vous dit!
© Christophe Sibille

Christophe Sibille a enseigné la musique à de futurs instituteurs durant 32 ans. Il a aussi écrit des brèves pour plusieurs journaux satiriques ou humoristiques dont Charlie Hebdo. Dans les années 80-90, il accompagna le duo Font et Val au piano. Il anime sur Radio Balistiq l’émission « Le Balistiq café » tous les jeudi 19 heures
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Source : Tribune Juive https://t.co/mLTRwUTBHG
— cattan (@sarahcattan_) October 16, 2025

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