La lettre immonde d’un faux ami : Macron ou l’art de trahir Israël et les Juifs de France. Par Richard Abitbol


« Le plus cruel des ennemis est souvent celui qui se dit votre ami. » — Proverbe hébreu

Il y a des ennemis que l’on repère immédiatement. Ils affichent leurs slogans, brandissent leurs drapeaux, vous menacent à visage découvert. Et il y a ceux, infiniment plus dangereux, qui se drapent dans le langage de l’amitié, qui multiplient les gestes d’empathie, mais dont chaque phrase creuse le fossé, attise la suspicion, légitime la haine. La lettre d’Emmanuel Macron à Benyamin Netanyahou appartient à cette seconde catégorie.

À première vue, il s’agit d’un texte de fermeté et de compassion, qui rappelle l’attachement de la France à la mémoire de la Shoah et son opposition à l’antisémitisme. Mais à y regarder de plus près, c’est une lettre d’accusation, un acte de mise en cause d’Israël et, par ricochet, des Juifs de France. Non pas une main tendue, mais un doigt pointé. Non pas un soutien, mais une condamnation enveloppée dans les dorures du langage républicain.

L’illusion de l’amitié
Emmanuel Macron commence sa lettre en insistant sur son engagement « absolu » contre l’antisémitisme. Il rappelle son discours au Vel d’Hiv en 2017, l’adoption de la définition de l’IHRA, les lois votées, les policiers mobilisés. Un catalogue de gestes censés incarner une « fidélité » à la lutte contre la haine.

Mais cet inventaire sonne comme une litanie bureaucratique. Une suite de statistiques et de cérémonies. Comme si quelques décrets, quelques assises et quelques discours pouvaient suffire à masquer l’évidence : dans la France d’Emmanuel Macron, l’antisémitisme prospère. Et prospère précisément parce qu’on refuse de le nommer dans ses formes les plus actuelles, les plus virulentes, celles qui viennent de l’islamisme radical et de l’idéologie décoloniale.

Au lieu de combattre l’antisémitisme pour ce qu’il est, Macron le dissout dans une vaste soupe républicaine où l’on dénonce « toutes les haines », où l’on met sur le même plan les violences contre les Juifs et d’autres formes de racisme. L’universalisation de la haine finit par en diluer la spécificité. On ne combat plus l’antisémitisme : on en fait un item de plus dans une liste.

L’instrumentalisation de la Shoah : un écran de fumée
Macron rappelle qu’il a parlé au Vel d’Hiv, qu’il a adopté la définition de l’IHRA, qu’il a fait voter des lois. Mais tout cela sonne comme un bouclier d’hypocrisie. Car au lieu de protéger les Juifs de France, il les expose davantage. Chaque fois qu’il dit « l’antisionisme est un antisémitisme », il s’empresse d’ajouter : « mais Israël doit changer sa politique ». C’est comme dire à une victime : « Je condamne les coups que vous recevez, mais enfin, vous les avez cherchés. »

Jamais, depuis De Gaulle et son fameux « En dépit du flot, tantôt montant, tantôt descendant, des malveillances qu’ils provoquaient, qu’ils suscitaient plus exactement, dans certains pays à certaines époques … », un président français n’avait osé formuler une telle justification de l’antisémitisme. Macron, lui, l’a fait.

La culpabilisation des victimes
Le passage le plus pernicieux de la lettre est celui où Macron, tout en condamnant l’antisionisme, ajoute aussitôt que « la définition de l’IHRA ne saurait dédouaner Israël des politiques qu’elle mène aujourd’hui à Gaza et dans le reste des territoires palestiniens ».

Le message est limpide : oui, l’antisionisme est une forme d’antisémitisme… mais Israël le provoque par sa politique. En une phrase, le président français valide l’argument suprême des antisémites : « Si nous haïssons les Juifs, c’est à cause d’Israël ». Voilà désormais sanctifié, au plus haut sommet de l’État, le mécanisme de justification qui nourrit chaque agression dans nos rues, chaque profanation de cimetière, chaque insulte lancée à un enfant juif.

C’est une inversion effroyable : les victimes deviennent coupables. Au lieu de dire que l’antisémitisme en France est une haine irrationnelle, millénaire, enracinée, Macron affirme que c’est la politique israélienne qui l’attise. Autrement dit, les Juifs de France doivent payer pour Israël, et Israël doit changer pour que les Juifs de France soient (peut-être) tolérés.

L’ami qui charge Israël de tous les crimes
À lire cette lettre, on croirait qu’Israël est la cause de toutes les souffrances au Proche-Orient. Occupation illégale, recolonisation, famine, déshumanisation : Macron aligne les accusations comme autant de coups de fouet. Le Hamas ? À peine mentionné, réduit à une note de bas de page, comme si ce groupe génocidaire n’était qu’une péripétie. L’Iran ? Quasiment absent. Les attentats du 7 octobre, qui ont vu 1 200 Israéliens massacrés, torturés, violés ? Balayés en deux phrases, vite englouties dans le flot des reproches.

L’ami fidèle aurait écrit : « La France sera à vos côtés tant que des terroristes voudront vous rayer de la carte. » Macron écrit au contraire : « Vos choix nourrissent l’antisémitisme, vos politiques alimentent la haine, vos guerres vous isolent. » Voilà la duplicité : des caresses de plume suivies de gifles morales.

Le Hamas relégué à l’ombre
Dans cette lettre, le Hamas, organisation génocidaire dont la charte proclame l’extermination des Juifs, n’apparaît que comme une ombre. Certes, Macron condamne « l’infamie » de ses actions, mais c’est une condamnation de pure forme, sans force ni ampleur. Tout son texte est centré sur les « excès » d’Israël, sur son « offensive meurtrière et illégale », sur ses « recolonisations », sur sa « déshumanisation ».

Autrement dit : Israël serait devenu, aux yeux de Macron, aussi dangereux pour la paix que le Hamas lui- même. On ne parle plus d’un peuple assiégé, massacré le 7 octobre, menacé chaque jour par l’Iran et ses relais terroristes, mais d’un État coupable, oppresseur, semant famine et chaos.

À force de minimiser la barbarie du Hamas et de surjouer la critique d’Israël, Macron inverse les rôles : le terroriste devient presque une conséquence, et l’État juif le véritable problème.

Le miroir déformant de l’universalisme français
Macron aime à rappeler que « depuis 1789, la République française est l’inlassable ennemie de l’antisémitisme ». Quelle plaisanterie cruelle ! La France, c’est l’affaire Dreyfus. La France, c’est Vichy. La France, ce sont les rafles de 1942. La France, ce sont les meurtres de Toulouse, de l’Hyper Cacher, de Sarah Halimi, de Mireille Knoll.

Mais Macron, fidèle à cette rhétorique de l’universalisme abstrait, prétend que l’antisémitisme français n’est qu’un accident, toujours extérieur, jamais enraciné. Ainsi il peut se présenter comme l’héritier de 1789, tout en évitant d’assumer la responsabilité présente : celle de n’avoir jamais osé nommer, clairement, l’antisémitisme islamiste comme principal danger contemporain.

Il se drape dans une posture de philosophe des Lumières, mais il laisse proliférer dans les rues et sur les réseaux sociaux une haine qui ne craint plus de s’afficher.

Macron, l’ennemi le plus dangereux : le faux ami
Un ennemi déclaré, on s’en protège. Mais un ami qui vous accuse en prétendant vous défendre, qui condamne la haine tout en l’alimentant, voilà l’ennemi le plus pernicieux. Emmanuel Macron, dans cette lettre, ne tend pas la main à Israël : il lui passe les menottes morales, il lui intime de se soumettre, de se désarmer, de disparaître comme puissance vivante pour devenir un simple symbole sacrificiel.

Il se dit « garant de la lutte contre l’antisémitisme », mais il signe un texte qui en sera désormais le carburant. Chaque extrémiste de gauche, chaque imam radical, chaque militant « décolonial » pourra brandir cette lettre en disant : « Voyez, même le président français le dit : Israël est coupable, et les Juifs payent pour lui. »

On peut se protéger d’un ennemi déclaré. Mais le faux ami, celui qui dit vous défendre tout en vous accusant, est plus redoutable encore. C’est exactement ce qu’incarne Emmanuel Macron dans cette lettre.

Il dit à Israël : « Je suis votre ami », mais il lui intime de renoncer à ses défenses, à ses choix, à sa souveraineté. Il dit aux Juifs de France : « Je vous protège », mais il légitime les discours de ceux qui leur crachent dessus. Il dit au monde : « Je combats l’antisémitisme », mais il en fournit les alibis.

C’est cela, la duplicité macronienne : une rhétorique mielleuse doublée d’une politique qui nourrit, au fond, la haine.

Macron conclut sa lettre en appelant Netanyahou à « saisir l’opportunité de la paix ». Mais que vaut une telle exhortation quand elle s’accompagne d’une condamnation aussi unilatérale ?

Ce texte n’est pas celui d’un allié fidèle. C’est celui d’un ennemi hors du commun, plus redoutable que les adversaires déclarés. Car Macron ne combat pas l’antisémitisme : il l’institutionnalise. Il ne combat pas la haine d’Israël : il la légitime.

Un jour, l’Histoire jugera cette duplicité. Et l’on se souviendra qu’au moment où les Juifs de France avaient besoin d’un rempart, Emmanuel Macron leur a offert un paratonnerre percé.

« Le plus cruel des ennemis est souvent celui qui se dit votre ami. » — Proverbe hébreu

© Richard Abitbol

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15 Comments

  1. Depuis le 7 octobre 2023, le président Macron a été clair dans ses propos et attitudes,il n’a pas marché contre l’antisémitisme, je n’ai vu aucune empathie ni soutien envers Israel aprés les massacres perpétrés par hamas,les agressions répétées à l’encontre des Juifs de France ne l’inquiétent pas . Il s’en fout, ce qui l’intéresse en dehors de sa petite personne, ce sont les grands discours,( la grandiloquence)les commémorations; il décide tout seul de faire entrer en France des gazaouis, c’est à dire hamas, de reconnaitre un état « palestinien » qui n’existe pas.Il n’est pas un faux ami il est notre ennemi.

  2. On nous ressasse que la France est le pays des droits de l’homme !
    Je rappelle que cette déclaration des droits de l’homme n’est qu’un vague plagiat de la déclaration d’indépendance des U.S.A. dont une copie fut ramenée par le Marquis de Lafayette.

  3. La dette de la France est bien trop écrasante et les milliards du Qatar sont bien plus précieux que les Juifs de France et d’Israël. C’est sans doute l’explication de la politique de la France vis-à-vis d’Israël et du monde arabe depuis De Gaulle et l’indépendance de l’Algérie.

  4. « Le plus cruel des ennemis est souvent celui qui se dit votre ami. »
    Comme c’est bien vrai. Il n’y a qu’à regarder l’aide homéopathique offerte depuis des dizaines d’années par les USA…
    En étant la première puissance mondiale jusqu’à ces derniers temps, il y a longtemps qu’Israël devrait être en paix. Ce qui est loin d’être le cas; et ce qui a couté des milliers de morts civils et militaires à Israël.
    Malheureusement ISRAËL est toujours en laisse ……..

  5. Pauvre Président Macron, qui change d’avis comme de chemises. Il pense qu’il est le roi du monde a donné des leçons à tout le monde. Il ferait mieux de s’occuper de son propre pays, qui va se transformer en Titanic.

  6. Macron enfant préférait casser son jouet plutôt que de le prêter à son ami. Ce mental pervers et psychopathe est le même envers Israël les Juifs et BiBi Netanyahou qu’il haït par pure jalousie. Il ne brille plus à l’intérieur, 9 Français sur 10 souhaitent qu’il s’en aille avant la fin de son mandat. Et bien qu’il s’en aille même au diable.

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