
Alors que le monde se focalise sur la guerre à Gaza, le Liban se retrouve une nouvelle fois au bord d’une guerre civile.
Aujourd’hui ce ne sont plus les milices palestiniennes qui menacent l’équilibre du pays mais le Hezbollah qui craint que la mise en œuvre de la décision du gouvernement libanais de le désarmer ne signifie la fin de l’organisation terroriste.
Le Hezbollah traverse sa plus grande crise de son histoire depuis sa création en 1982. Cette crise est liée à sa volonté de participer à la guerre à Gaza, ce qui a conduit à la destruction de villages chiites dans le sud du Liban et dans la Bekaa, à l’élimination de Nasrallah et de la plupart des dirigeants de l’organisation ainsi que de milliers de « combattants » mais aussi face à de nombreux libanais mécontents que le Hezbollah les ait entraînés dans une guerre qui n’est pas la leur.
De plus, il convient d’ajouter qu’en février dernier, le nouveau gouvernement libanais a fait perdre au duo chiite – Hezbollah/Mouvement AMAL- son tiers bloquant qui lui permettait d’opposer son veto à toute décision du gouvernement, voire de le renverser.
Toute la question sur les lèvres des libanais était de savoir comment le Hezbollah allait répondre à cette menace de désarmement, si vitale pour lui.
La réponse ne s’est pas fait attendre!
Le 14 août, Naïm Qassem (le remplaçant de Nasrallah) a prononcé un discours qui a provoqué beaucoup de remous au pays du Cèdre. Il a clairement menacé la sécurité du Liban en déclarant que son organisation ne rendrait pas ses armes et a accusé le gouvernement libanais de servir Israël et les États-Unis –une accusation de trahison!
Ce discours menaçant n’a pas été prononcé par hasard. Il intervenait quelques jours après la visite à Beyrouth d’une délégation iranienne conduite par Ali Larijani, nouveau chef du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne qui a propagé ce message: “le Hezbollah est toujours là!”
Du coup, Qassem n’a pas menacé Israël mais le gouvernement libanais en agitant le spectre de guerre civile, affirmant que son organisation serait prête à l’affrontement si l’armée libanaise tentait de récupérer ses armes et que le Hezbollah combattra jusqu’au bout, quelle que soit l’issue du conflit …une guerre suicidaire.
Les propos de Qassem démontrent, encore une fois, que l’Iran maintient sa présence au Liban et que la question des armes du Hezbollah constitue un argument de tractation dans les négociations avec les Américains sur le programme nucléaire.
Cela prouve également que le Hezbollah n’est pas réellement un mouvement de « résistance » contre Israël mais bien une organisation dont le seul but est toujours de s’emparer du Liban et de mettre en œuvre le programme iranien à l’étranger .
Toujours est-il que vu la situation, Israël a tout intérêt de maintenir sa présence sur les cinq positions au Sud-Liban afin d’éviter toutes menaces sur son territoire.
© Stéphane Goldin
Ancien officier de Tsahal, Stéphane Goldin est analyste sécuritaire et Défense. Il intervient régulièrement sur i24News

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