La mise en place par le Hamas d’une stratégie de pourrissement. Une guerre sans fin, sans vainqueur, sans horizon. Par Roby Spiegel

Israël se trouve aujourd’hui dans une guerre dont il ne peut ni sortir vainqueur ni se retirer indemne. Non parce qu’il manquerait de puissance militaire  mais parce que cette guerre a été soigneusement conçue pour être perdue, quelle que soit l’issue.
Le 7 octobre a marqué plus qu’une attaque. Car c’était un piège. Un choc pensé pour enfermer Israël dans une impasse. En massacrant des civils et en enlevant des otages, le Hamas n’a pas lancé une offensive pour obtenir des concessions. Il a mis en place une stratégie de pourrissement. Une guerre sans fin, sans vainqueur, sans horizon.
Le Hamas ne cherche ni un état ni une victoire militaire. Il cherche la disparition d’Israël, et pour cela, il est prêt à tout perdre. Gaza peut brûler, ses enfants mourir, ses infrastructures s’effondrer car cela lui est égal, pourvu qu’Israël saigne. C’est une stratégie sacrificielle, nihiliste, presque religieuse dans sa logique. Et elle repose sur deux piliers : l’enlisement militaire, et la manipulation émotionnelle des opinions occidentales.
Car le véritable champ de bataille, ce ne sont pas les ruines de Gaza. Ce sont les plateaux de télévision, les réseaux sociaux, les universités américaines et européennes et les manifestations dans les rues des grandes villes.  Le Hamas a compris ce que bien des stratèges israéliens ont sous-estimé : dans un monde gouverné par l’image, la guerre ne se gagne plus avec des chars, mais avec des récits. Sa force est dramaturgique, pas militaire. 
En retenant des otages, le Hamas rend tout compromis impossible. En se dissimulant dans les hôpitaux et les écoles, il rend toute riposte insoutenable. Chaque action d’Israël est détournée pour apparaître comme une faute morale. Dans cette guerre asymétrique, chaque victoire militaire devient une défaite médiatique. Et le monde, saturé d’images mais privé de contexte, réagit aux émotions plus qu’aux faits.
Ce piège n’aurait pas fonctionné sans la collaboration des démocraties occidentales. En exerçant la pression sur le pays attaqué plutôt que sur les preneurs d’otages, elles inversent la logique morale. En reconnaissant un Etat palestinien sans exiger le désarmement du Hamas, elles offrent une récompense politique au terrorisme. Et ce faisant, elles encouragent sa répétition.

Il faut aussi parler de ceux que Lénine appelait les idiots utiles. Certains d’entre eux se trouvent, hélas, au sein même du peuple juif ou d’Israël. Animés d’un scrupule moral presque sacrificiel, ils veulent à tout prix incarner une forme de pureté éthique. Leur exigence est sincère,mais  si détachée des réalités qu’elle en devient aveugle. Ils analysent cette guerre comme s’ils avaient affaire à des démocrates européens, alors qu’ils font face à une organisation terroriste fondamentalement étrangère à leur cadre mental. A cela s’ajoute parfois une motivation plus subtile, moins avouée : le besoin d’être perçus comme des bons Juifs aux yeux de leurs cercles non juifs, de continuer à être invités, félicités, écoutés à condition, bien sûr, de montrer qu’ils ne sont pas comme les autres, qu’ils savent prendre leurs distances avec Israël. Ce souci d’acceptabilité sociale, aussi humain soit-il, devient politiquement dangereux quand il vient cautionner, même indirectement, le discours de ceux qui souhaitent la disparition d’Israël.
Car le Hamas n’a pas besoin d’être soutenu. Il lui suffit que Israël soit affaibli, délégitimé, isolé. Et dans cette entreprise, toute voix juive ou israélienne qui doute publiquement du droit d’Israël à  se défendre devient, malgré elle, un levier de cette stratégie.

Soyons lucides : un cessez-le-feu assorti de la libération de tous les otages, sans la reddition du Hamas, est un mirage. Le Hamas n’a aucun intérêt a terminer cette guerre. Les otages sont ses armes, ses projecteurs, ses gages de survie. Il les maintiendra, car leur existence maintient le conflit. Ils ne sont pas faits pour être libérés. Ils sont là  pour durer, pour servir.
Et pendant que cette guerre de récits fait rage, ses effets ne s’arrêtent pas aux frontières d’Israël. Partout dans le monde, et de manière particulièrement flagrante ces derniers jours, les actes antisémites explosent : insultes, agressions, boycott des artistes israéliens, intimidation de touristes, pressions dans les universités, attaques contre des commerces ou des écoles juives. L’antisionisme radical, mis en scène par le Hamas et relayé sans filtre par certains médias et activistes, se transforme en une haine palpable, concrète, quotidienne.
Ce climat d’hostilités engendre un profond malaise au sein des communautés juives, partout sur la planète. Beaucoup n’osent plus dire qu’ils sont israéliens. D’autres se taisent sur leur identité juive. Il ne s’agit plus d’un débat d’idées : il s’agit de sécurité. La violence symbolique, médiatique et diplomatique contre Israël alimente un antisémitisme décomplexé, qui met en danger des millions de Juifs n’ayant rien à voir avec le conflit armé.                                       

Ce n’est pas seulement Israël qui est ciblé. C’est ce qu’il représente. Et tous ceux qui lui sont liés.
Dès lors, deux chemins, tous deux tragiques  se présentent :
-Continuer l’opération, coûte que coûte, pour démanteler le Hamas jusqu’au dernier tunnel, au prix d’innombrables vies, dans un isolement croissant, et sans aucune garantie de succès.
-Ou se retirer, laissant le Hamas debout, et acceptant implicitement qu’un nouveau 7 octobre se prépare.
Ce n’est plus une question de victoire. C’est une question de forme : quelle forme de défaite est la moins dangereuse ? Quelle perte est la moins irréversible ? Dans ce piège  chaque mouvement est anticipé par l’ennemi, même le courage devient vulnérable.

Et le plus tragique est sans doute là : la stratégie du Hamas fonctionne. Non pas parce qu’elle est brillante, mais parce qu’on la laisse fonctionner. Parce qu’on continue de juger Israël selon les critères d’une guerre conventionnelle, alors que ce à quoi il fait face est une machine à manipuler les émotions, à retourner la morale, à instrumentaliser la compassion.

Dans ce théâtre cruel, ce n’est pas le réel qui compte. C’est l’image du réel
J’aspire de toutes mes forces au retour des tous les otages, de tous nos soldats et à la fin de ce conflit qui permettra à toute une nation de se reconstruire et de vivre comme elle l’a toujours désiré depuis sa création: en paix et en sécurité.

© Roby Spiegel- août 2025

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16 Comments

  1. Ce texte tres bien etayé , oublie une donnée fondamentale : l antisemitisme chretien ou post chretien qui est latent , permanent et etouffant .
    C est le monde occidental , vecteur de la shoah , promoteur des ghettos et des expulsions de juifs ,qui reagit ainsi lorsqu un juif , tout juste emancipé de la dhimmitude ou du massacre nazi ose se tenir debout un fusil a la main.
    C est ce meme monde occidental qui reste parfaitement indifferent devant le dernier massacre operé contre les druzes syriens , ce meme monde qui ne tend pas la main aux chretiens orientaux laminés par l islam conquerant .
    Le drame de l occident , c est le juif qui defend sa terre , c est le deputé juif qui siege a Jerusalem , c est le gouvernement juif qui defend son peuple , car tout cela reste insupportable a londres , madrid ou paris .

    • @T +Amouyal Il est même indifférent quand des centaines de jeunes Anglaises sont prises dans les réseaux pakistanais, quand ses Lola ou Philippine sont sauvagement violées et assassinées en Europe même. Il s’agit du monde post-occidental : Paris, Londres et New-York ressemblent chaque jour un peu plus à l’Iran, au Pakistan et à l’Afrique du sud.

    • Exact. Toutefois, vous nous rendrez qu’il arrive que des aidées se chevauchent. Nous ne pouvons répondre à votre question. Nous nous la sommes posée.

      • Bonjour , j’ai écrit cette analyse bien avant et l’avais d’ailleurs postée sur quelques groupes whatsapp. De plus j’aborde d’autres points tels que la résurgence de l’antisémitisme, ce que nous appelons les « idiots utiles » et également l’espoir du retour des otages le plus rapidement possible. En effet , parfois des idées similaires peuvent se croiser. De mon côté , parler de plagiat serait vexant et mal connaître mes nombreux écrits ainsi que le livre que j’ai écrit sur le conflit. L’important , un fine , c’est que nous réagissions face au tsunami de désinformation de de deligitimation auquel nous faisons face. Roby SPIEGEL

        • Nous nous sommes trouvés, comme d’autres, cher Roby Spiegel, devant 3 textes évoquant peu ou prou la même idée: Tribune juive n’a pas parlé de « plagiat »: le mot a un sens très précis hors sujet ici et nous avons que sur un même sujet, des analyses proches peuvent être opérées. Parfois juste un peu trop proches, à la virgule près: c’est pourquoi nous sommes heureux d’avoir de votre part cette mise au point: le texte initial est le vôtre. Encore merci. Sarah Cattan pour TJ

        • En effet , il ne s’agit pas de polémiquer autour de supposé plagiat mais de rassembler toutes les intelligences qui ne se laissent pas prendre au piège de la pseudo compassion er de ceux qui conspuent Israël

  2. Nous sommes tous concernés dans la diaspora de ce qui s’est produit le 7 octobre 2023! La question actuelle est comment mettre fin à ce désastre et toutes ces conséquences dans le monde entier ! Nous avons été très vulnérables suites à ces faits et prouve l’antisemitisme à toujours été latent !….. Hélas merci à toi Roby de relater la vérité !

    • Le désastre dont vous parlez, c’est le massacre de civils israéliens hommes femmes enfants, violés brulés démembrés par des tueurs à gages qui se font appeler hamas et qui pour la plupart se sont enfuis les poches pleines. Ces ordures qui sévissent toujours à Gaza vont être pourchassés piégés par Tsahal les otages vivants et morts rentreront en Israel.Le désastre serait que l’armée israélienne dépose les armes comme le voudrait la plupart des pays occidentaux, la France en tête.

  3. si les deux analyses se ressemblent ce n’est pas pas en raison d’un plagiat invraisemblable vue la qualité de l’auteur ! Mais c’est la preuve que les conclusions de l’un et de l’autre sont presque identiques PAR CE QU’ELLES SONT JUSTES.
    La vérité n’a pas deux visages différents et les mots pour la dire se ressemblent aisément . Oui! C’est une sale guerre menée par 20.000 terroristes assistés par les pays arabes et encouragés par les milliards d’anti juifs . Et tous ceux qui ne soutiennent pas Israël SONT anti juifs ! Mais Tsahal l’emportera !
    Et le monde passera à autre chose moins excitant ( no news no news!) Ayons confiance : les juifs ont un pays et une armée et ne doivent pas se préoccuper des condamnations émanant de personnages «  abjects « .

  4. Le monde occidental n’a pas encore digéré le retour d’Usrael sur ses terres et il cherche à revenir sur sa décision de Novembre 1947 du « partage » motivée selon eux par la culpabilité de la Shoah! Que la guerre prenne fin et les otages de retour chez eux et ce monde occidental comprendra le drame de la boîte de Pandore qu’il a ouvert aux islamistes

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