« Je pense qu’al-Sharaa est la pire personne avec laquelle il faut collaborer »

Dans une intervention sur i24NEWS, l’écrivain franco-syrien Omar Youssef Souleimane n’a pas mâché ses mots concernant la réception controversée du président syrien Ahmed al-Sharaa à l’Élysée. Ce témoignage offre une perspective rare et profondément personnelle sur les implications de cette visite diplomatique qui a fait couler beaucoup d’encre.
« La colère. » C’est par ce mot, répété avec force, que l’écrivain a d’emblée résumé son état d’esprit. Une colère nourrie par le constat amer que rien n’a changé en Syrie depuis la chute de Bachar al-Assad : « La population syrienne est toujours sous la censure, des censures sur la liberté individuelle. Les violations sont quotidiennes. » Souleimane, qui maintient des contacts réguliers avec la Syrie, dresse un tableau particulièrement sombre de la situation actuelle, évoquant notamment les massacres perpétrés contre les communautés alaouites et druzes depuis mars 2025. « Je suis en contact avec des jeunes syriens appartenant à plusieurs communautés, surtout des chrétiens, des alaouites et des druzes, et ils cherchent tous à s’échapper de la Syrie, » témoigne-t-il avec émotion. C’est dans ce contexte que l’écrivain porte un jugement sans appel sur la réception d’al-Sharaa : « Je considère ceci comme une victoire pour les djihadistes, pas seulement en Syrie mais dans le monde entier. » Sa phrase la plus cinglante résonne comme un coup de tonnerre : « Les djihadistes se réjouissent parce qu’ils ont humilié la France. » Pour l’auteur franco-syrien, cette visite envoie un message désastreux : « C’est comme si cette visite donne une légitimité au djihadisme, c’est-à-dire même malgré leurs crimes contre l’humanité, une fois au pouvoir, ils peuvent aller à l’Élysée. » Une trahison, à ses yeux, des valeurs fondamentales de la République : « À la France universaliste, à la France de Victor Hugo, à la France de Voltaire, je trouve que c’est [une trahison] pas seulement pour la France mais pour toute l’humanité. »

Quant aux motivations de cette réception controversée, Souleimane suggère qu’Emmanuel Macron cherche à redonner à la France un rôle de premier plan au Proche-Orient, dans la lignée de ce qu’avait tenté Nicolas Sarkozy en 2008 en recevant Bachar al-Assad. « Emmanuel Macron souhaite que la France joue un rôle massif au Proche-Orient dans le cadre de la stabilité des relations, notamment avec le Liban, et de ne pas laisser la Turquie et le Qatar les seuls joueurs sur ce terrain. » Cependant, l’écrivain estime que le président français fait fausse route : « Je pense qu’al-Sharaa est la pire personne avec laquelle il faut collaborer. » Il souligne notamment que le dirigeant syrien actuel n’est qu’une marionnette d’Ankara : « Derrière l’image d’al-Sharaa, il y a le visage d’Erdogan. » Face à cette situation complexe, Omar Youssef Souleimane ne voit qu’une issue possible pour son pays d’origine : « Je pense qu’il faut se concentrer sur la fédération de la Syrie, avoir un état fédéral et non central. Je pense que c’est la meilleure solution pour emmener la Syrie vers le calme. »

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