Charles Maurras n’est pas un conservateur – De l’absurdité d’un wokisme d’extrême droite – Nicolas Carras

Charles Maurras n’est pas un conservateur mais un réactionnaire utopiste et constructiviste ; le conservatisme classique consiste à préserver des institutions et des pratiques vivantes, à accepter l’imperfection du réel, à favoriser la pluralité des corps intermédiaires, la liberté concrète et la prudence politique, tandis que Maurras propose de recréer de toutes pièces un ordre mythifié par la volonté d’un État centralisé et autoritaire ; il pratique le volontarisme politique, croit à l’ingénierie sociale du sommet, veut imposer une unité nationale factice, et théorise l’exclusion et la purification comme méthodes, ce qui le rapproche structurellement du jacobinisme révolutionnaire et des utopies modernes plutôt que du souci conservateur de conservation incrémentale ; son antisémitisme n’est pas un simple préjugé social mais un système explicatif totalisant qui fait des Juifs le bouc émissaire de tous les maux nationaux, et cette logique raciale et totalisante est incompatible avec les principes du conservatisme qui respectent la personne, le pluralisme et les libertés ; Maurras est donc utopiste rétroactif : il invente un passé pur et veut l’imposer, il ne conserve rien, il reconstruit une fiction politique, il cherche une harmonie totale qui n’existe pas et qu’il entend obtenir par la contrainte; c’est pourquoi des conservateurs cohérents l’ont rejeté : ils refusent le racialisme, l’étatisme absolu, l’obsession purification/ennemi intérieur et le volontarisme idéologique.

Partant de là, il est absurde d’appeler “wokisme d’extrême droite” ce qui est en réalité un schéma réactionnaire : l’extrême droite, si elle devait être la continuation extrême du conservatisme, prolongerait la prudence, la continuité historique, la défense des traditions vivantes et la nuance critique ; or le wokisme fonctionne par réécriture morale de l’histoire, par catégorisation accusatoire, par réduction des personnes à des identités abstraites, et par une logique punitive qui efface les nuances historiques au point d’égaliser des figures conservatrices comme Churchill avec des criminels absolus ; ce déplacement moral transforme l’analyse en condamnation totalisante, retourne les repères et s’allie aux discours anti-occidentaux qui présentent l’Occident contemporain comme intrinsèquement décadent et coupable ; ce mécanisme de construction d’un ennemi intérieur, de transformation politique en guerre morale et de désir d’expurger les symboles est exactement celui du réactionnarisme utopique et n’a rien à voir avec le conservatisme réel ; en somme : Maurras est réactionnaire, utopiste et anti- conservateur, Bernanos et les vrais conservateurs s’y opposent, et qualifier de “droite” ou “extrême droite” un wokisme qui réécrit l’histoire et prône la purification morale est une confusion conceptuelle : c’est réactionnaire, pas conservateur.

———————————————

Voici plusieurs citations et extraits essentiels de Charles Maurras qui illustrent clairement sa vision réactionnaire, étatiste, volontariste, anti-pluraliste et antisémite, montrant pourquoi il ne peut être qualifié de conservateur au sens classique. Ces passages démontrent aussi son esprit de purification et son idéologie totalisante, qui s’inscrivent dans une logique plus proche de la gauche révolutionnaire que du conservatisme.

Sur l’État fort, centralisateur, et le volontarisme politique

« L’État, c’est la France, c’est la Patrie, et il faut que la politique soit obéissance. La politique, ce n’est pas un marché où l’on discute, c’est un ordre qu’on impose. » — L’Action française, 1908

« Il faut un gouvernement unique, fort, centralisateur, qui impose à tous la discipline nécessaire à la survie de la nation. L’unité politique est la condition première de toute grandeur. » — Le Chemin de Paradis, 1910

Ces phrases montrent que Maurras ne croit pas au pluralisme, ni à la prudence incrémentale. Il veut un pouvoir fort qui impose un ordre unifié — c’est du jacobinisme, pas du conservatisme.

Sur la construction d’un ordre mythifié et la purification

« La France est une et indivisible, mais elle est menacée par des éléments étrangers, intérieurs à la nation, qui sapent son unité et son ordre. Il faut purifier la nation de ces éléments corrompus. » — L’Idée Nationale, 1917

« Les Juifs, les protestants, les francs-maçons, ces “quatre États confédérés” qui conspirent contre la France, doivent être exclus du pouvoir et de l’influence nationale. » — Enquête sur la monarchie, 1900

Maurras parle ici explicitement d’« exclusion », d’ennemis intérieurs, de purification. Cette vision totalisante et raciale est typique des idéologies révolutionnaires, pas du conservatisme.

Sur l’utopie réactionnaire et le volontarisme idéologique

« Nous ne conservons rien, nous reconstruisons tout. Il faut refaire la France sur des bases solides, éliminer la décadence, revenir aux racines profondes du génie français. » — Notes politiques, 1920

« La politique n’est pas un jeu d’équilibre entre intérêts opposés, mais une guerre à mener contre les forces de destruction. » — La Politique naturelle, 1911

Ces passages confirment l’utopie rétroactive et la conception militante de la politique, qui est une rupture radicale avec le conservatisme prudent, pluraliste et incrémental.

Sur l’antisémitisme idéologique et totalisant

« Le juif est l’ennemi héréditaire de la France. Il est un parasite politique et moral, qui se sert de son influence pour détruire la nation de l’intérieur. »

  • Enquête sur la monarchie, 1900

« La question juive est la clé de voûte des désordres modernes. Il faut l’aborder en ennemi et en vainqueur. »

  • Action française, 1922

Le discours antisémite de Maurras est un système explicatif complet, totalisant, un dogme politique. C’est incompatible avec toute forme de conservatisme.

Sur la négation du pluralisme et la construction d’une unité factice

« Il ne peut y avoir de compromis entre le pays réel et le pays légal, entre la France vivante et les abstractions modernes. La vraie France est une et indivisible, il faut lui donner un État unique, unifié, et chasser toutes les divisions. »

  • Le Chemin de Paradis, 1910

———————————————

Maurras est un réactionnaire étatiste, volontariste, purificateur et antisémite, qui conçoit la politique comme une guerre morale où il faut imposer un ordre unifié et éliminer les ennemis intérieurs. Il ne cherche pas à conserver mais à reconstruire une société idéale, sur la base d’un État fort et centralisé. Ce n’est pas du conservatisme, mais une forme d’utopie rétroactive proche des idéologies révolutionnaires.

© Nicolas Carras

Nicolas Carras est Créateur (vidéo – son – photo), artiste, poète


https://nicolascarras.wordpress.com/

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

4 Comments

  1. Vous ne comprenez pas que lorsque Maurras parle d’unité autour de l’État, il parle évidemment d’unifier les corps intermédiaires autour de la monarchie ? Que Maurras prône une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée ? Qu’il souhaite que les domaines régaliens soient entre les mains du roi et de ses conseillers et non faire l’objet d’une querelle de partis ? Qu’il souhaite que soit appliqué le principe de subsidiarité ? Qu’il généralise les Juifs parce que peu d’entre eux étaient enracinés et qu’il était davantage hostile aux Juifs parce qu’ils étaient nomades qu’en raison de leur judéité ?
    Bref, lisez Maurras au lieu de le citer hors-contexte.

    • Bonjour Corentin

      Concernant son antisémitisme, c’est paru dans Action Française … Maurras ce terrible antisémite – Jean Charleux

      Pour le reste, relisez avec un esprit critique.

      « …

      Antisémite, qu’on le veuille ou non.

      Charles Maurras était antisémite. Il était même terriblement antisémite. Pas à moitié, pas sur les bords, pas dans des accès de colère noire, non, profondément, théoriquement, scandaleusement, à l’instar d’un Drumont, d’un Marquis de Morès, d’un Jules Guérin. Maurras était antisémite, même en dormant. L’antisémitisme alimentait tout son être, nourrissait son cerveau et irrigue toute sa pensée. Voilà un fait objectif. Maurras était antisémite,
      même en dormant.L’antisémitisme alimentait tout son être, nourrissait son
      cerveau et irrigue toute sa pensée.

      La naissance d’un antisémite

      Charles Maurras forge sa doctrine antisémite en s’inspirant notamment des écrits de l’un de ses maîtres à penser, René de La Tour du Pin. Dans son programme social de 1889 (centenaire de la Révolution), La Tour du Pin envisage de « dénationaliser » les juifs français. Il écrit à la même époque :

      « Les juifs seront mis sur le « même pied que les indigènes de nos colonies » ; leur nouveau statut de « sujets français », inférieur à celui des citoyens de « souche française », leur garantirait la protection des autorités tout en leur interdisant l’accès aux fonctions publiques ».

      Maurras reprendra cette idée entre 1904 et 1906, à l’époque où il élabore sa théorie des quatre Etats confédérés. Mais avant de formuler cet antisémitisme, avant de le théoriser, avant de lui offrir l’un de ses « théorèmes », Maurras était naturellement antisémite. L’antisémitisme a toujours été pour lui une évidence. Il faut savoir que Maurras a rencontré dans ses lectures La Tour du Pin avant Edouard Drumont qui n’était pas un théoricien politique à la différence du premier. Maurras s’est en effet intéressé à l’antisémitisme comme l’élément d’un tout, d’un système politique.

      Les historiens et autres généalogistes des idées négligent trop une période de la vie de Maurras. Ses tout débuts dans le journalisme. Bien avant son voyage à Athènes pour La Gazette de France, avant son Enquête sur la monarchie pour Le Figaro, avant de découvrir Mistral dans le texte et de devenir un critique passionné des Félibres, il écrivait dans des petits journaux et revues spécialisées qui lui permettront d’emmagasiner une riche culture dans les matières des sciences humaines. Il a commencé très jeune à rédiger des recensions d’ouvrages pour le fameux Polybiblion, une revue bibliographique. Là il était chargé de résumer d’une manière extrêmement concise les ouvrages sociologiques nouvellement publiés ou réédités. Par le biais de ce travail, il se familiarise avec les grands courants de la sociologie naissante, et surtout avec les fondamentaux du positivisme et les textes principaux de son fondateur, Auguste Comte. Comte écrit en 1842 un texte fondateur dans ses Cours de philosophie positive, fondateur et décisif dans la formation de la doctrine maurrassienne (que le Martégal lira 50 ans après sa première publication) :

      « Notre mal le plus grand consiste en effet, dans cette profonde divergence qui existe maintenant entre tous les esprits relativement à tous les maximes fondamentales dont la fixité est la première condition d’un véritable ordre social. Tant que les intelligences individuelles n’auront pas adhéré par un assentiment unanime à un certain nombre d’idées générales capables de former une doctrine sociale commune, on ne peut se dissimuler que l’état des nations restera, de toute nécessité, essentiellement révolutionnaire, malgré tous les palliatifs politiques qui pourront être adoptés, et ne comportera réellement que des institutions provisoires. Il est également certain que si cette réunion des esprits dans une même communion de principes peut une fois être obtenue, les institutions convenables en découleront nécessairement, sans donner lieu à aucune secousse grave, le plus grand désordre étant déjà dissiper par ce seul fait. »

      Ces quelques lignes résument l’antilibéralisme fondamental d’Auguste Comte qui ne peut concevoir une société vivante remplie de religions et d’idéologies qui s’entrechoquent. Une fois la condition vitale de l’ordre sociale posée, il fallait comprendre pourquoi il était si difficile de réunir, rassembler, moralement, religieusement, la société. Maurras s’intéressa à cette question.

      Maurras sociologue

      Le désordre, la dissociété ne sont pas des choses naturelles. Le désordre ne se développe pas spontanément, et dans une situation de paix civile, il devrait donc être possible de restaurer l’ordre social. Mais non seulement l’Etat est parasité par les ennemis de la France mais la société elle-même est gangrenée par l’esprit du libre-examen et de l’individualisme né du protestantisme moderne. Maurras a compris qu’il était impossible de se libérer de ces fléaux en ne travaillant que métapolitiquement. C’est cet infatigable écrivain, journaliste rigoureux, vigoureux, didactique, qui comprit le mieux les limites de la subversion proprement idéologique. Pour changer les choses politiquement, il fallait s’emparer tout simplement du pouvoir politique. Evidemment, il n’existe qu’une méthode pour s’en emparer : Le coup de force. Pour Maurras, les ennemis de la France, les suppôts républicains ne laisseront jamais la moindre ouverture aux nationalistes dans leur conquête du pouvoir. Les élections sont un piège permanent. Et les principes républicains des poisons qui contaminent les électeurs jusqu’aux patriotes qui se réclament de la République. L’antisémitisme de Maurras n’est pas une mode, une culture, une opinion. Il fait partie de la statique sociologique selon lui. Et cette statique sociologique est corrélée à la sociologie juive. Sous le régime républicain et individualiste, là où les membres de la communauté sont dans tous les rouages de la société, apparemment dispersés, apparemment atomisés, apparemment « individualisés », l’antisémitisme se fait virulent comme une fièvre. Dans une France monarchiste où les communautés sont prises en considération pour ce qu’elles sont, les juifs sont marginalisés et se ghettoïsent selon Maurras. La conspiration républicaine perd alors ses plus résolus activistes. Car la République, ses principes, sont l’écologie du juif selon Charles Maurras. Maurras qui écrivit dans un éclair en 1908, 10 ans après la création de l’Action française :

      « La pendaison de Marianne devant la Bourse du travail est l’acte le plus significatif de notre histoire depuis le 14 juillet 1789. Bourgeois conservateurs, le comprendrez-vous ? »

      Rien, rien ne peut être entrepris sous un régime républicain qui laisse les requins entrer dans le port ! Maurras ne l’a pas découvert ex nihilo. Edouard Drumont avait, avant lui, dégagé les conditions d’une renaissance sans comprendre les impératifs politiques l’autorisant. En 1889 Drumont adjurait les bons Français de faire plus que remplacer simplement « le juif borgne de l’opportunisme par le juif bossu du boulangisme ». Maurras, lui aussi, avait tiré une grande leçon de l’expérience boulangiste.

      République, règne de l’Etranger

      Et la même année, 1889, Drumont avait cette intuition : « Le centenaire de 89, c’est le centenaire du juif ». C’est parce que la République est en premier lieu le règne de l’étranger, c’est parce que la république offre la nation aux plus parasitaires, sans protection, c’est d’abord pour cette raison que Maurras est anti-démocrate, antirépublicain. Parce qu’il est patriote, il est nationaliste. Parce qu’il est nationaliste, il est antisémite. Parce qu’il est antisémite, il est monarchiste. Aussi, suivant Maurras, la solution antisémite, donc nationaliste, donc patriote, est monarchiste. D’où son fameux « Politique d’abord ». Les questions sociologiques seront résolues ou canalisées par la politique.

      Antisémite et populiste ?

      « Tout paraît impossible, ou affreusement difficile, sans cette providence de l’antisémitisme. Par elle tout s’arrange, s’aplanit et se simplifie » (L’Action française, 28 mars 1911). Cette citation bien connu des professeurs d’histoire, n’est pas la preuve d’un cynisme maurrassien mais celle de son antisémitisme décomplexé. Maurras ne disait pas par là qu’il fallait absolument utiliser l’antisémitisme uniquement parce qu’il était populaire. Il disait simplement que sa popularité était une sorte de divine surprise tant la propagande républicaine a calibré les cerveaux.

      « Contre l’hérédité de sang juif, il faut l’hérédité de naissance française, et ramassée, concentrée, signifiée dans une race, la plus vieille, la plus glorieuse et la plus active possible. […] Décentralisée contre le métèque, antiparlementaire contre le maçon, traditionnelle contre les influences protestantes, héréditaire enfin contre la race juive, la monarchie se définit, on le voit bien, par les besoins du pays. Nous nous sommes formés en carré parce qu’on attaquait la patrie de quatre côtés. »

      Un roi ne saurait être juif. Même l’évidence est antisémite. Maurras écrivait encore en 1905 : « Seule, la Monarchie assure le salut public et, répondant de l’ordre, prévient les maux publics que l’antisémitisme et le nationalisme dénoncent. » S’il est vrai que l’antisémitisme de Maurras est politique (antisémitisme d’Etat) parce que sociologique, il faut ajouter que Maurras peut être très cruel, très méchant, terrible envers les juifs. Nous pourrions dire d’une manière triviale que l’antisémitisme de Maurras est intégral et radical. Il peut se fâcher, s’enflammer, user de mille épithètes contre les juifs et même se dire raciste envers eux comme il le fit dans La Gazette de France en 1895. Bien plus tard, il fera part de son éternelle méfiance vis à vis de cette communauté décidément, pense-t-il, indissoluble : « J‘ai vu ce que devient un milieu juif, d’abord patriote et même nationaliste, quand la passion de ses intérêts proprement juifs y jaillit tout à coup : alors, à coup presque sûr, tout change, tout se transforme, et les habitudes de cœur et d’esprit acquises en une ou deux générations se trouvent bousculées par le réveil des facteurs naturels beaucoup plus profonds, ceux qui viennent de l’être juif »

      Les années 1911, 1912, 1913

      En 1911, Maurras qualifie Drumont de « maître génial » et de « grand Français » qui a posé « la difficile question » de « l’antisémitisme d’État. » Maurras ajoute : « Le Juif d’Algérie, le Juif d’Alsace, le Juif de Roumanie sont des microbes sociaux. Le Juif de France est microbe d’État : ce n’est pas le crasseux individu à houppelande prêtant à la petite semaine, portant ses exactions sur les pauvres gens du village ; le Juif d’ici opère en grand et en secret. » Un résumé du spectacle antisémite que présenta Maurras en cette année… Le 23 février 1911, irrité par le scribouillard Bernstein, auteur de pièces de théâtre antimilitaristes, Maurras se lâche. Sa colère est effrayante : « Les juifs de France n’ont vraiment pas de quoi faire les fiers, ni les malins. Leurs fautes personnelles et leurs crimes mêmes restent sans proportion avec les immenses désordres qu’ils ont causés et dont le mouvement antisémitique témoigne. Il est bon que la force juive ait conduit à faire du théâtre juif un théâtre d’Etat. On n’en verra que mieux combien l’antisémitisme est affaire d’Etat. La réorganisation de l’Etat français peut seule régler cette haute et difficile question. »

      Le 16 janvier, répondant au juge Worms : « Je suis Français, vous êtes de nationalité juive. Il m’est impossible de répondre à un juge juif. »

      Le 28 février : « Notre loi ment. Il présente le juif comme Français mais il n’est pas Français. »

      Le 23 mars : « Ce sont des gens qui ne sont pas Français puisqu’ils sont juifs. »

      Le 28 mars : « Tout de même, ce sera un beau branle-bas quand tous les juifs d’administration civile ou militaire devront, en recouvrant leur nationalité, dire adieu à la nôtre et quitter le poste public qu’ils occupaient dans notre Etat. »

      Le 24 août 1912 : « Nous n’hésitons pas à faire la guerre à la race juive et à la grouillerie métèque mais c’est là l’étranger de l’intérieur. »

      Le 15 février 1913 : « Le peuple juif est juxtaposé au peuple français. Il n’est pas fusible avec celui-ci. » (…) Chacun sent comme un mal physique l’insolence du Juif. Bientôt, la loi signifiera aux juifs qu’ils ne sont pas Français. »

      Le cas Léon Blum

      Dans les années trente, Blum est la cible de plusieurs articles de Maurras : « Ce Juif allemand naturalisé, ou fils de naturalisé, qui disait aux Français, en pleine Chambre, qu’il les haïssait, n’est pas à traiter comme une personne naturelle. C’est un monstre de la République démocratique. Et c’est un hircocerf de la dialectique heimatlos. Détritus humain à traiter comme tel. (…) L’heure est assez tragique pour comporter la réunion d’une cour martiale qui ne saurait fléchir. Reibel demande la peine de mort contre les espions. Est-elle imméritée des traîtres ? Vous me direz qu’un traître doit être de notre pays : M. Blum en est-il ?
      Il suffit qu’il ait usurpé notre nationalité pour la décomposer et la démembrer. Cet acte de volonté, pire qu’un acte de naissance, aggrave son cas.
      C’est un homme à fusiller, mais dans le dos ».

      Et le 15 mai 1936 : « C’est en tant que Juif qu’il faut voir, concevoir, entendre, combattre et abattre le Blum. Ce dernier verbe paraîtra un peu fort de café : je me hâte d’ajouter qu’il ne faudra abattre physiquement Blum que le jour où sa politique nous aura amené la guerre impie qu’il rêve contre nos compagnons d’armes italiens. Ce jour-là, il est vrai, il ne faudra pas le manquer. (…) Si, par chance, un État régulier a pu être substitué au démocratique Couteau de cuisine, il conviendra que M. Blum soit guillotiné dans le rite des parricides : un voile noir tendu sur ses traits de chameau ».

      En 1938, l’antisémitisme de Maurras franchit un palier, dans une veine très célinienne, lorsqu’il écrit : « Le Juif veut votre peau. Vous ne la lui donnerez pas ! Mais nous l’engageons à prendre garde à la sienne, s’il lui arrive de nous faire accéder au massacre universel. »

      Nous le voyons, encore et encore. L’antisémitisme de Maurras est fondamental, violent et régulier. Les seules fois où le maître de l’Action française écrit calmement sur le sujet, c’est lorsqu’il évoque les lois antijuives que la monarchie mettra selon lui immanquablement en place. Assurément et implacablement. Quand il pense « être devant l’action » des juifs, notamment lors de la Seconde Guerre Mondiale et malgré Vichy, il se déchaîne.

      « Les juifs nous ont tant roulés que nous n’osons pas imaginer le rouleau inverse ! Cependant, à leur ruse, on peut riposter par la force. » (19 octobre 1940). Et Maurras de ne pas hésiter à s’en prendre aux plus puissants des puissants, les Rothschild en demandant à Vichy de prendre l’or et l’argent là où ils se trouvent !

      Voilà Maurras ! Il est comme ça Maurras ! Un homme antisémite, terriblement antisémite, fondamentalement antisémite. Convoquer Maurras sans convoquer son antisémitisme est chose impossible. C’est une farce qui ne trompe personne. Personne. Ni les nationalistes, ni les juifs d’aujourd’hui. »

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*