L’Espagne, matrice de l’exil juif – de Hadrien à Vueling. Par Paul Germon -27/7/2025

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Deux mille ans séparent l’empereur romain Hadrien et le ministre espagnol des Transports Óscar Puente. Et pourtant, entre leurs actes, une étrange résonance demeure.

Au IIe siècle, Hadrien, né en Hispania — l’actuelle Espagne — réprima la dernière grande révolte juive en Judée, celle de Bar Kokhba. Il rasa Jérusalem, la rebaptisa Aelia Capitolina, interdit l’accès du Mont du Temple aux Juifs, et dispersa les survivants à travers l’Empire. Il ne se contenta pas de vaincre une insurrection : il brisa la souveraineté juive sur sa terre ancestrale. C’est là que naît la grande dispersion.

Quinze siècles plus tard, en 1492, les Rois Catholiques d’Espagne, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, promulguèrent l’édit d’expulsion des Juifs de leur royaume. Une population brillante, enracinée, fidèle à sa patrie séfarade, fut contrainte à l’exil, à la conversion ou à la clandestinité. Ceux qui refusaient de renier leur foi étaient livrés à l’Inquisition.

Deux figures, deux moments. Une constante : l’Espagne, au cœur des deux grandes dispersions du peuple juif.

Et voici qu’en 2025, un ministre espagnol — Óscar Puente — désigne publiquement des adolescents juifs français comme des « morveux israéliens », les renvoyant à une nationalité qu’ils n’ont pas, les excluant symboliquement du corps social, les désignant implicitement comme indésirables.

Cette déclaration, d’une vulgarité inacceptable, réactive le vieux réflexe de désignation du Juif comme corps étranger, comme intrus, comme perturbateur par essence.

Cela ne peut être un hasard. Ce n’est pas un simple dérapage. C’est une répétition historique.

Quand un responsable politique espagnol stigmatise des enfants juifs, on ne peut s’empêcher de voir remonter à la surface l’ombre de 1492, l’arrogance inquisitoriale, le fantasme d’une société sans Juifs, pure, uniforme, judenrein.

Et lorsqu’il ignore leur citoyenneté française, leur statut de mineurs, leur innocence dans l’affaire, pour les assimiler à un conflit étranger qu’ils n’incarnent pas, il agit en héritier inconscient d’Hadrien.

L’Espagne a-t-elle vraiment tiré les leçons de son histoire ? Ou certains de ses responsables rejouent-ils, à mots couverts, une histoire non digérée, celle de l’effacement du Juif ?

Il est temps de s’interroger.
Il est temps que l’Espagne regarde enfin en face ce double rôle qu’elle a joué dans l’effacement puis l’exil du peuple juif.

Et il est grand temps que ses dirigeants fassent autre chose que banaliser le mépris, surtout quand il vise des enfants.

L’histoire a de la mémoire. Nous aussi.

© Paul Germon

🇪🇸 España, matriz del exilio judío – de Adriano a Vueling

Por Paul Germon

Dos mil años separan al emperador romano Adriano del actual ministro de Transportes de España, Óscar Puente. Y sin embargo, entre sus actos, persiste una extraña resonancia.

En el siglo II, Adriano —nacido en Hispania, la actual España— reprimió con dureza la última gran revuelta judía en Judea, la de Bar Kojba. Arrasó Jerusalén, la rebautizó Aelia Capitolina, prohibió a los judíos el acceso al Monte del Templo y dispersó a los supervivientes por todo el Imperio. No se limitó a sofocar una insurrección: destruyó la soberanía judía sobre su tierra ancestral. Así nació la gran dispersión.

Quince siglos más tarde, en 1492, los Reyes Católicos de España, Isabel de Castilla y Fernando de Aragón, promulgaron el edicto de expulsión de los judíos de sus reinos. Una población brillante, arraigada, fiel a su patria sefardí, fue forzada al exilio, a la conversión o a la clandestinidad. Quienes se negaban a renegar de su fe eran entregados a la Inquisición.

Dos figuras, dos momentos. Una constante: España, en el corazón de las dos grandes dispersiones del pueblo judío.

Y he aquí que, en 2025, un ministro español —Óscar Puente— califica públicamente a unos adolescentes judíos franceses de « niñatos israelíes », atribuyéndoles una nacionalidad que no poseen, excluyéndolos simbólicamente del cuerpo social, señalándolos implícitamente como indeseables.

Esa declaración, de una vulgaridad inadmisible, reactiva el viejo reflejo de designar al judío como cuerpo extraño, como intruso, como perturbador por naturaleza.

No puede ser casualidad. No es un simple desliz. Es una repetición histórica.

Cuando un responsable político español estigmatiza a niños judíos, no podemos evitar ver reaparecer la sombra de 1492, la arrogancia inquisitorial, el fantasma de una sociedad sin judíos, pura, uniforme, judenrein.

Y cuando ignora su ciudadanía francesa, su condición de menores, su inocencia en el asunto, para asimilarlos a un conflicto extranjero que no representan, actúa como heredero inconsciente de Adriano.

¿Ha aprendido realmente España las lecciones de su historia? ¿O algunos de sus dirigentes repiten, con palabras veladas, una historia mal digerida: la del borrado del judío?

Es hora de planteárselo.
Es hora de que España mire de frente ese doble papel que ha desempeñado en el borrado y en el exilio del pueblo judío.

Y ya es hora de que sus dirigentes dejen de banalizar el desprecio, sobre todo cuando se dirige a niños.

La historia tiene memoria. Nosotros también.

© Paul Germon


🇬🇧 Spain, Cradle of Jewish Exile – From Hadrian to Vueling

By Paul Germon

Two thousand years separate the Roman Emperor Hadrian from Spain’s current Minister of Transport, Óscar Puente. And yet, between their actions, a strange resonance lingers.

In the 2nd century, Hadrian — born in Hispania, today’s Spain — brutally suppressed the last major Jewish revolt in Judea, the Bar Kokhba uprising. He razed Jerusalem, renamed it Aelia Capitolina, banned Jews from the Temple Mount, and scattered the survivors across the Empire. He didn’t merely crush a rebellion — he shattered Jewish sovereignty over its ancestral land. Thus began the great dispersion.

Fifteen centuries later, in 1492, Spain’s Catholic Monarchs, Isabella of Castile and Ferdinand of Aragon, issued the Edict of Expulsion of the Jews. A brilliant, rooted population, loyal to its Sephardic homeland, was forced into exile, conversion, or clandestinity. Those who refused to abandon their faith were handed over to the Inquisition.

Two figures, two moments. One constant: Spain, at the heart of both great dispersions of the Jewish people.

And now, in 2025, a Spanish minister — Óscar Puente — publicly refers to a group of French Jewish teenagers as « spoiled Israeli brats », assigning them a nationality they do not hold, symbolically excluding them from the social body, implicitly marking them as undesirable.

This statement, unacceptably vulgar, reactivates the old reflex of labelling the Jew as an outsider, an intruder, a born troublemaker.

This cannot be a coincidence. It is not a mere slip. It is a historical echo.

When a Spanish official stigmatizes Jewish children, one cannot help but see the shadow of 1492 reemerge — the inquisitorial arrogance, the fantasy of a Jew-free, pure, uniform, judenrein society.

And when he ignores their French citizenship, their minor status, their innocence in the matter, and assimilates them to a foreign conflict they do not represent, he acts as Hadrian’s unconscious heir.

Has Spain truly learned from its history? Or are some of its leaders replaying, in veiled words, an unresolved story — that of the Jew’s erasure?

It is time to ask the question.
It is time for Spain to finally confront the double role it has played in both the erasure and the exile of the Jewish people.

And it is high time its leaders stopped trivializing contempt — especially when it targets children.

History remembers. So do we.

© Paul Germon

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7 Comments

  1. Superbe article ! Il paraît que Torquemada était un conversos nommé Henriques, si c’est avéré, ça corrobore que la haine de soi produit les pires individus

  2. L espagne des islamo fascistes comme ce sanchez n est qu un exil honteux parmi d autres a peine moins honteux comme la macronie pourrie jusqu a l os .
    Les juifs espagnols ont une maison , comme les français et les autres. ,je crois entendre que l heure du retour a sonné .
    Bienvenue chez vous 🇮🇱

  3. 1492 , une date effectivement très importante dans l’histoire des juifs. Merci de l’avoir rappelé. Je constate que dans les artistes  » anti Israël  » il y a un nouveau qui vient d’arriver : l’espagnol Javier Bardem. Et là je me met à regretter d’avoir admiré cet acteur dans les films d’ Almodovar et autres. Comment est ce possible d’avoir une sensibilité d’artiste et de porter un drapeau palestinien autour du cou ?

  4. QUI sont les responsables de l’attentat meurtrier de la gare d’Atocha? Pauvres demeurés. On avait l’intention d’aller visiter Madrid et bien on va boycotter. Bon , deux personnes c’est pas ça qui va changer la donne,mais c’est un début.On va boycotter tous ceux. du showbiz qui se sont apitoyes sur Gaza. Il va pas nous rester grand chose, ou plutôt TOUT. Hélène.

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