
Il y a toujours comme une incertitude à quitter Israël.
Pourquoi ne pas rester et continuer de partager ce quotidien, fait d’espoir et de désespoir ?
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Mon vol aurait pu être annulé pour cause de missile houthi en direction de l’aéroport.
Une frappe ciblée de l’armée de l’air israélienne qui a éliminé le Premier Ministre, le ministre de la Défense et le chef d’état-major houthis, a suffisamment occupé le Yemen pour que mon vol pour Paris décolle à l’heure.
La seule nuisance que j’ai eu à subir a été un gamin de 3 ans, qui après s’être goinfré de Bamba, a vomi, à moitié, sur mon pantalon, à cause des turbulences de l’avion.
« Pov’ gosse », a dit sa mère en lui ouvrant un autre paquet de Bamba.
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La veille, j’avais diné dans un nouveau restaurant, « Chacoli », qui domine le sud de la plage de Tel Aviv, et d’où l’on peut admirer le coucher de soleil sur la mer.
Un resto, pas casher du tout, qui propose plateaux de fruits de mer et huîtres fines de claire. Il est conseillé de laisser sa kippa à l’entrée.
J’ai discuté avec un jeune couple qui apprenait le français et dont le rêve était de passer une année à Paris pour étudier à La Sorbonne.
« Après la guerre, j’espère. » m’a dit la fille.
L’homme avait déposé son M16 à ses pieds, il devait retourner à Gaza le lendemain.
Des Haredim sont passés devant nos tables en se cachant le visage.
« Ils refusent la conscription et notre gouvernement finance leur pèlerinage à Ouman avant Rosh HaShana», m’a dit l’homme en gobant une huître.
La fille avait commandé des coquilles Saint Jacques.
Je lui ai expliqué qu’en France, il y avait toutes sortes de tailles pour les Saint Jacques et les huîtres, que les normandes étaient meilleures que les bretonnes, mais que ça n’était que mon avis et qu’il y avait débat.
Elle m’a regardé avec des yeux admiratifs.
« J’aime la France pour ce genre de débats. »
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L’avion s’est posé à CDG.
Le môme de 3 ans s’était endormi. Sa mère a ajusté sa kippa sur sa tête. J’ai failli lui dire : Faites attention à vous.
© Daniel Sarfati

Un resto pas casher ou il faut laisser sa kipa à l’entrée! à Tel-Aviv ! un couple qui mange des huitres des Haredim qui refusent la conscription ,un enfant de 3 ans a vomi sur le pantalon de Daniel Sarfati. L’enfant est arrivé à CDG avec sa kipa sur la tête. Soyez prudents en France avec la kipa et avec les fruits de mer aussi dans un restaurant Le Chacoli.
Quel plaisir, quand on habite Jérusalem après avoir passé une vie à Paris, et qu’on s’est mis un jour à manger casher par souci de cohésion familiale plus que par conviction religieuse, de voir évoquer sans embarras (on finit par acquérir des complexes, à Jérusalem) les fruits de mer de Tel Aviv… Je garde un très bon souvenir des Saint-Jacques, mais j’en ai oublié les différentes variétés. Moi aussi, j’aimais la France « pour ce genre de débats ». Et comme je comprends l’agacement de l’auteur à propos du marmot bouffeur de bambas près de lui dans l’avion ! Kippa et « Derekh Erets » (bonnes manières) ne vous pas toujours ensemble.