
La reconnaissance inconditionnelle de la Palestine revient à récompenser le pogrom du 7 octobre et pave non seulement le chemin vers un Califat dirigé par le Hamas mais fragilise également le combat des démocraties face aux tyrans.
Croyant éviter la guerre, la France et la Grande Bretagne ont sacrifié en vain la Tchécoslovaquie, face à Hitler. Aujourd’hui, les occidentaux s’apprêtent à commettre la même erreur avec la reconnaissance inconditionnelle de la Palestine, au détriment de la sécurité d‘Israël, troquée contre l’illusion d’un apaisement des tensions internationales et de la paix intérieure avec les islamistes. Lâcher Israël, poste avancé de l’occident démocratique, est un très mauvais signal lancé aux « États prédateurs » et leurs supplétifs. Comme hier, les conséquences seront lourdes, les causes réelles ne pouvant rester longtemps ignorées.
Le sacrifice inutile de la Tchécoslovaquie !
En 1938, espérant éviter la guerre, la France et le Royaume-Uni ont cédé aux exigences d’Hitler en acceptant que l’Allemagne annexe les Sudètes, région germanophone de Tchécoslovaquie. Cette dernière ne fut pas invitée à la conférence de Munich qui scella pourtant son destin. En conspirant contre Prague, les démocraties se sont comportées, par lâcheté, comme de vulgaires dictatures. Cette phrase attribuée à Churchill, « Le gouvernement avait le choix entre la guerre et le déshonneur ; il a choisi le déshonneur et il aura la guerre », semble aujourd’hui terriblement appropriée à la reconnaissance de la Palestine. Les Accords de Munich, exemple emblématique de l’échec de la politique d’apaisement, devraient pourtant faire réfléchir les occidentaux confrontés aux États voyous, leurs proxys et leur 5ème colonne.
Les Accords d’Oslo sont encore vivaces !
Les accords d’Oslo signés entre 1993 et 1995 établissent la reconnaissance mutuelle entre Israël et l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) et instaurent l’Autorité palestinienne (AP). Suite à des dynamiques internes des deux camps (assassinat d’Yitzhak Rabin, reprise des attentats terroristes) et à des interventions extérieures (refus de Yasser Arafat du plan de paix de Camp David sur les conseils du Président français Jacques Chirac) éclata la seconde Intifada.
Ces accords restent le seul cadre légal reconnu internationalement et fonctionnel. Les échanges économiques bilatéraux sont essentiels aux deux protagonistes et les services de sécurité des deux entités collaborent étroitement évitant des attentats en Israël et les tentatives d’assassinat de Mahmoud Abbas par le Hamas. Ce cadre prévoit, à terme, la création d’un État de Palestine, désarmé et vivant en paix au côté d’Israël après un processus de négociation entre les parties et des garanties concernant la sécurité de l’État hébreu. Quoi qu’on en dise, rien n’est venu l’abroger, pas même le coup d’État du Hamas à Gaza en 2007 ni le pogrom du 7 octobre 2023 !
Netanyahou ou l’alibi de la détestation d’Israël et des juifs
Certes, le gouvernement Netanyahou est le plus critiqué de l’histoire d’Israël, à la fois à l’international mais également en interne. Si certaines choses sont avérées, n’y figurent ni les accusations de génocide, pour laquelle la justice internationale n’a trouvé aucune preuve, ni de famine. Si tel était le cas, les médias n’utiliseraient pas de photos d’enfants malades pour l’illustrer. En réalité, aucun gouvernement israélien n’a jamais trouvé grâce aux yeux des antisionistes et face au marché que représentent les pétromonarchies avec leurs exigences.
Le 7 octobre a libéré une haine anti-juive contenue depuis Auschwitz et largement alimentée par les islamistes attachés à la dhimma (statut d’infériorité imposé aux chrétiens et aux juifs) et le nationalisme arabe excluant, le plus souvent, les peuples non-arabes (Assyriens, Druzes, Kurdes, Juifs, Perses, Turcs, Yézidis…). L’idée d’un État autonome du peuple Juif en Israël, leur est un affront (paradoxalement le Coran reconnait cette terre aux Juifs : XVII, 104). Sous nos latitudes, ce discours antisioniste, provisionné par des médias partisans, se manifeste souvent par des actes antisémites. Il sert de tremplin aux aspirations politiques de l’extrême gauche, comme LFI, croyant ainsi courtiser les banlieues, mais pas uniquement puisque l’ultra-droite Soralienne y est alignée. Désormais, tel un réflexe pavlovien, le mot Gaza impose spontanément l’équation des responsabilités, Bibi = Israël = juifs, mais jamais le Hamas qui a pourtant tout déclenché et détient l’issu du conflit en relâchant les otages et en déposant les armes !
Le 3ème totalitarisme : le retour des empires conjugué à l’islam politique !
Après l’aveuglement des intellectuels face à Hitler, Staline, Mao ou Pol Pot, c’est au tour de l’islam politique et ses incarnations de faire des adeptes. Le Hamas, soutenu par l’Iran et le Qatar, n’a pas d’aspiration nationale, c’est la branche palestinienne des Frères musulmans œuvrant pour un Califat. Il est islamiste, djihadiste, misogyne, homophobe, antisémite prônant dans sa charte la destruction d’Israël. Il n’est en rien différent des hordes barbares venant de massacrer les Druzes en Syrie. Pourtant, sous couvert de la Palestine, il est cru sur parole par les chancelleries et les médias. Chaque fake news, plutôt que de l’infléchir, renforce le narratif des terroristes servant à justifier l’isolement croissant d’Israël et les actes antisémites. La guerre que le Hamas a perdu sur le terrain, il est en train de la gagner par la maitrise de l’information et son impact sur les opinions publiques.
Parmi toutes les crises de la planète, la cause palestinienne est souvent mise en avant pour des raisons idéologiques ou pour détourner l’attention, à moindre frais, des vrais problèmes et ils sont légions : les rêves impériaux de la Russie de Poutine et ses appétits européens, ceux planétaires de la Chine de Xi Jinping, l’importation de la révolution islamique iranienne et sa course vers l’arme nucléaire ou encore le « revival » Ottoman d’Erdogan, auxquels il faut désormais rajouter l’Amérique de Trump. Les premiers agissent souvent par proxys interposés (comme le Hamas pour l’Iran et la Turquie) et en recrutant des sympathisants dans nos contrées. Tous les champs de bataille sont concernés à commencer par le cyberespace afin de manipuler l’opinion. Offrant un large spectre d’expression, ces différents acteurs sont le plus souvent connectés dans leur guerre contre l’occident. La cause palestinienne est devenue ainsi le cheval de Troie de l’islam politique et des États prédateurs.
Reconnaissance inconditionnelle et unilatérale de la Palestine ou solution à deux États ?
Depuis l’annonce du Président Emmanuel Macron, à contrecourant de ses déclarations antérieures, le Hamas a quitté les négociations sur un accord de cessez-le-feu et la libération des otages. Y-at-il une urgence absolue ayant poussé la France, puis des pays occidentaux, à annoncer la reconnaissance unilatérale et inconditionnelle de la Palestine, au prix de perdre tout levier ultérieur, et au mépris du seul cadre légal existant ? N’y avait-il pas d’autre option que de faire peser sur Israël seul la responsabilité de la situation et de l’exclure du processus ?
Cette décision prématurée n’est bonne ni pour les palestiniens ni pour l’État hébreu. Elle revient à donner la victoire au Hamas, pourtant vaincu par les armes, et à imposer son règne bien au-delà de l’enclave, alors qu’il est de plus en plus contesté par les gazaouïs. Quant à Israël, comment accepter de se voir imposer une décision qui verrait les bourreaux sanctuarisés dans un État, avec toute latitude de recommencer leurs massacres ?
Si l’on veut sincèrement un État de Palestine viable, il faut avant tout assurer la succession de Mahmoud Abbas, approchant les 90 ans, élu pour un mandat de 4 ans, mais qui n’a depuis organisé aucune élection. Les factions palestiniennes se préparent à une âpre lutte pour le pouvoir qui pourrait sonner le glas de l’AP. Ensuite, ne laisser au Hamas aucun autre choix que de libérer les otages et de rendre les armes, ce ne sont pas les moyens de pression qui manquent. C’est déjà la position de la Ligue Arabe. En répondant ainsi aux prérequis de Jérusalem, et avec « l’amicale pression US », Netanyahou ne pourrait s’opposer à la mise en place d’une gouvernance intérimaire arabe de l’enclave et à la reprise des négociations israélo-palestiniennes. Et si sa coalition n’y survivait pas, ce serait entrepris par ses successeurs.
Exposés aux mêmes dangers et aux mêmes ennemis, le monde libre a plus à gagner à travailler de concert avec Israël qu’à l’ostraciser. Dans sa guerre sur sept fronts, l’État hébreu les a affaiblis durablement ce qui a permis la chute du régime des al-Assad en Syrie, l’émancipation du Liban de la tutelle de Téhéran et un ralentissement sérieux de son programme nucléaire. Ce rapprochement, et la stabilité régionale sont les meilleures garanties pour la mise en œuvre de « la solution à deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité » si chère à la France et à la communauté internationale !
© Hagay Sobol
Hagay Sobol, Professeur de Médecine est également spécialiste du Moyen-Orient et des questions de terrorisme. A ce titre, il a été auditionné par la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée Nationale sur les individus et les filières djihadistes. Ancien élu PS et secrétaire fédéral chargé des coopérations en Méditerranée. Il est Président d’honneur du Centre Culturel Edmond Fleg de Marseille, il milite pour le dialogue interculturel depuis de nombreuses années à travers le collectif « Tous Enfants d’Abraham ».


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