Daniel Sarfati. Une panne internet. Un enfant HPI. Une Pissaladière. Une manif LFI

Ça a commencé par une panne Internet, impossible de passer les cartes vitales.

J’ai appelé.

Baladé de plate-forme en plate-forme, jusqu’au :

« Ah oui, y’a eu des travaux dans votre quartier, un câble a été sectionné. Nos ouvriers sont sur place. »

Bon, et y’en a pour combien de temps de réparation, Madame ?

« Veuillez raccrocher Monsieur, nous sommes débordés d’appels. »

J’ai fait des feuilles de soins papier. À l’ancienne. Les gens ont râlé.

« Ils vont mettre plus d’un mois pour nous rembourser, et puis on ne sait plus les remplir ces feuilles… Ouksé qu’il faut signer ? »

Désolé, je n’y peux rien. C’est un câble qui a été sectionné. Vous avez mal où ?

J’avais une petite demi-heure pour déjeuner.

J’ai acheté une pissaladière ( j’adore ça ), dans la seule boulangerie ouverte.

Trop salée.

J’ai ensuite passé l’après-midi à boire et à pisser.

Vers 15 heures, le câble était réparé. J’ai reçu un mail qui me demandait d’évaluer mon indice de satisfaction sur une échelle de 1 à 5.

Pas eu le temps de répondre, un môme a débranché mon ordinateur en tirant sur la prise.

« Il est HPI… », m’a dit la mère comme pour s’excuser.

« Il a eu mal à l’oreille toute la nuit. »

En attendant de tout reconfigurer, j’ai fait l’ordonnance à la main, à l’ancienne.

La mère n’arrivait pas à me relire.

J’ai voulu retourner pisser ( il y avait trop d’anchois sur la pissaladière), le môme HPI avait bloqué les toilettes de l’intérieur.

« Il est HPI », m’a dit la mère.

Oui, oui. Je sais.

« Peut-être qu’avec un tournevis, on pourrait ouvrir… J’ai pas compris ce que vous avez écrit sur l’ordonnance, pour l’antibiotique c’est 2 ou 3 fois par jour ? »

Le HPI a fini par sortir tout seul des toilettes. Il avait fait déborder l’évier.

La consultation ne s’est pas trop mal terminée.

En bas de l’immeuble, il y avait une manifestation.

Des drapeaux LFI, et des drapeaux palestiniens.

Quelques jeunes filles voilées qui portaient un keffieh sur les épaules et quelques retraités, en jogging, que je connaissais.

Pas grand monde.

Quand je suis passé, un de mes vieux patients m’a tendu un tract réclamant la libération des passagers de la 2ème flottille pour Gaza. Ils seraient retenus dans des conditions inhumaines par Israël. Sans clim’ ni produits hygiéniques pour les femmes.

Mon vieux patient a eu l’air gêné quand j’ai refusé le tract. J’ai été tenté de discuter.

Mais j’avais trop envie de pisser.

J’avais hâte de rentrer chez moi.

© Daniel Sarfati

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1 Comment

  1. Une journée qui commence mal, une panne, des patients mécontents, un enfant qui fait des bêtises ,une manif pour Gaza, un pissaladiére trop salée, çà pourrait être pire…vivement ce soir pour Daniel Sarfati.

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