David Castel. « Casser la Vérité »

Le mal n’entre plus en scène à pas feutrés. Il traverse nos portes grand ouvertes, drapeaux en tête, slogans prêts à bondir. Il parle anglais sur les campus, arabe dans les marches, français dans les plateaux. Il a le visage de l’étudiant en master de sociologie critique, de la chroniqueuse qui n’a jamais lu un code pénal mais cite Fanon entre deux pubs Chanel, du diplomate en costume beige qui confond neutralité et naufrage.

La guerre ? Elle ne se contente plus du front. Elle se glisse dans les mots, dans la grammaire même. On ne dit plus « massacre » mais « réponse disproportionnée ». On ne dit plus « viols de masse » mais « drame de la guerre ». Le terroriste devient combattant de la liberté. Le soldat, lui, se mue en bourreau mécanique.

La morale postmoderne, version Occident 2025, ne distingue plus le vrai du vraisemblable. Elle pèse les douleurs au gramme identitaire. La victime n’est plus celle qui saigne mais celle qui crie le plus fort — et dans la bonne langue. La compassion s’octroie selon le passeport idéologique. L’enfant israélien doit mourir en silence, pour ne pas troubler le récit.

Sur les campus, l’intifada se scande entre deux cours sur les micro-agressions. Les appels au jihad se fondent dans l’ambiance musicale des amphis, pendant que les drapeaux du Hezbollah ondulent entre les stands vegan. On gaze les juifs en slogans. On rêve de pogroms, en slam. On appelle à « mondialiser la résistance », sans lire les notes de bas de page. Le sang, lui, n’est plus un argument : seulement une donnée floue, malléable, révisable.

Paris, Berlin, Cornell, Sydney : les cortèges enfiévrés se ressemblent. Même furie. Même naïveté crasse. Même jouissance morbide à pointer du doigt l’État juif comme le seul obstacle à la paix mondiale. Même refus d’admettre que le Hamas, ce n’est pas un acronyme, c’est une industrie de la mort.

Les ONG qui relaient les bilans du Hamas sans jamais demander les sources, les profs qui dénoncent un « génocide » tout en corrigeant les devoirs sur Auschwitz, les ministres qui condamnent Israël tout en finançant les tunnels par des aides humanitaires : tous participent à la même tragédie. Celle du suicide moral de l’Occident.

Et pendant ce temps, les soldats israéliens distribuent des tracts pour avertir les civils, suspendent les frappes pour laisser passer des convois, se retiennent de riposter quand un enfant est dans le champ de tir. L’armée la plus scrutée au monde, la seule qu’on accuse de trop faire pour éviter les morts.

Israël ne se contente pas de limiter les dégâts. Il répare. Il soigne. Il ravitaille. Plus de 94 000 camions ont traversé les points de passage, chargés de nourriture, d’eau, de médicaments. L’aide humanitaire la plus importante jamais fournie par une armée à une population ennemie. Hôpitaux soutenus, canalisations réparées, patients évacués vers l’étranger. Des millions de repas distribués, dont certains dans des zones contrôlées par le Hamas.

Et c’est cette armée, cette armée-là, que l’on traite de génocidaire.

Les chiffres du Hamas sont repris sans clignement d’œil. 58 000 morts, 17 000 enfants. Pas de vérification, pas d’audit. Comme si une organisation terroriste, experte en manipulation, pouvait devenir soudain une source fiable. Comme si un enfant de 17 ans armé d’un RPG n’était pas un combattant. Les morts sont tragiques. Mais à Gaza, elles font partie de la stratégie. Le Hamas compte sur elles. Il les cultive. Il les utilise.

Une guerre ne se juge pas au nombre de morts. Sinon, toutes les guerres majeures deviendraient des génocides. La guerre de Corée ? Deux millions de civils. L’Irak, l’Afghanistan, la lutte contre Daech ? Des dizaines de milliers. Mais personne n’a traduit l’Amérique ou la France à La Haye pour cela. À Gaza, l’armée israélienne agit avec un respect scrupuleux du droit. Frappes annulées pour un bruit dans une ruelle. Des commandants attendent que des familles quittent une maison. À Rafah, Israël a passé des semaines à préparer l’évacuation avant de frapper. Le résultat ? Le chef du Hamas tué, des otages libérés, et des civils préservés.

Mais cela n’intéresse pas Bartov et les autres. Ils n’ont pas besoin de faits. Ils veulent des symboles. Amalek remplace Mein Kampf, Gaza devient Lidice, et chaque bombe israélienne — même guidée, même annoncée — se transforme en crime d’État.

Le droit, pourtant, est clair. Le génocide n’est pas une émotion collective. C’est une intention. Une preuve. Une volonté planifiée. Et cette volonté n’existe pas. Le Hamas, en revanche, déclare vouloir anéantir Israël dans sa charte. Cela ne fait frémir personne.

Alors non, Gaza n’est pas Guernica. Ce n’est pas Varsovie. Ce n’est pas Sabra, ni Srebrenica. C’est une guerre. Une guerre atroce, terrible, mais une guerre juste. Contre un ennemi qui se cache derrière les enfants et accuse ensuite l’autre de tirer trop fort.

Le monde ferme les yeux, mais exige d’Israël qu’il les garde ouverts. Et surtout, qu’il baisse la tête.

L’Occident, lui, vacille. Il a oublié ses vaccins moraux. Il a laissé s’infiltrer, dans ses lois, ses écoles, ses rues, un virus à la fois ancien et mutant : l’antisémitisme recyclé en post-colonialisme, le mépris d’Israël embelli de compassion creuse. Et tout cela, financé à coups de pétrodollars, de trolls russes et d’universités américaines trop progressistes pour l’honnêteté.

La guerre contre Israël est un test. De vérité. De courage. De civilisation.

Quand on accuse un pays d’un crime qu’il ne commet pas, pendant qu’on absout ceux qui le commettent ouvertement, ce n’est pas un débat. C’est une trahison.

Et ce n’est pas Israël qui tombera. Ce sera nous. Les yeux noyés dans nos larmes sélectives, les mains pleines de nos certitudes usées. Le canari est mort. La mine s’effondre. Et le monde, sur TikTok, continue de danser.

© David Castel

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1 Comment

  1. Vous avez mille fois raison. Ce qui est triste à pleurer, c’est qu’il est impossible d’en discuter avec un « antisioniste », voire même le convaincre, parce qu’il ne vous écoutera pas. Il ne manque pas d’informations, il ne veut pas savoir. Il veut être conforté dans sa haine contre Israël qui n’est que la forme contemporaine de l’antisémitisme.

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