
La guerre des 12 jours avec l’Iran a posé la première pierre de la cyberguerre du 21° siècle. Il n’y avait nul besoin d’un salon spécialisé. La démonstration, in situ, a très utilement remplacé le salon professionnel.
L’UE avait déjà fait un choix stratégique dès 2023 lorsque Berlin a passé commande du système ARROW 3 de défense anti aérienne pour son flanc Est face à la Russie.
Le scoop: Israël et Berlin viennent de conclure un « Pacte de cybersécurité ». Le Dôme de fer a désormais un petit frère qui résidera en Europe…
De quoi s’agit-il concrètement ?
C’est une coopération sur deux plans :
La Cyberdéfense face à la multiplication des attaques de toutes origines connues et inconnues, contre les drones, ainsi qu’un renforcement dans le domaine du Renseignement. Par commodité de compréhension on l’appelle le Cyber Dôme.
Les antécédents:
On savait dejà qu’une coopération sur le plan militaire existe depuis les années 50. Il s’agit ici d’un grand pas supplémentaire et inédit. Devant l’augmentation des risques et l’irruption de l’intelligence artificielle dans la guerre moderne – voir les 12 jours qui ont bouleversé le Moyen Orient – cet accord qui ne pouvait qu’être en préparation depuis un certain temps, n’est certainement pas une pure coïncidence. Il vient souligner qu’Israël est bien la vigie avancé de l’Europe dont elle devient de facto partie intégrante bien que située à quelques milliers de kms. Les nouveaux moyens mis en œuvre par Israël ont démontré que la distance est abolie. Depuis les années 1990, l’objectif de la BUNDESWEHR était d’exploiter l’expérience opérationnelle de TSAHAL, en vue de sa transformation comme force d’intervention sur des théâtres d’Opérations extérieurs. Il faut rappeler qu’avant la guerre d’Ukraine, l’Allemagne n’avait pas formellement d’armée offensive. Depuis, pour le Chancelier F. MERZ, « elle doit devenir la première force conventionnelle en Europe », déclaration reprise régulièrement à Berlin. Le chancelier a été le seul en Europe à souligner « que c’était bien Israël qui faisait le sale boulot pour les autres ».
Israël, de par sa situation géopolitique unique, a développé une industrie militaire, dans laquelle entreprises privées et développements militaires sont intriqués. Les personnels des uns rejoignent l’industrie privée et des relations étroites sont ainsi crées et constitue un moyen supplémentaire d’accélérer les projets. C’est ce qui permet sans doute la rapidité des recherches et leurs résultats sur le terrain. De plus une collaboration entre Israël et les États Unis n’a fait qu’amplifier ce processus. Cette année le salon du Bourget est devenu une annexe du théâtre des opérations déplacé au Moyen Orient.
Ce que comporte la Cybersécurité, partie constitutive de l’Accord, et plus largement la Cyber-guerre, comme les récentes interventions d’Israël au Liban, en Iran et ailleurs l’ont démontré :
Il faut y inclure notamment le cyber sabotage, la surveillance des individus tant en situation de conflit qu’en matière de sécurité intérieure. L’IA est désormais totalement intégrée aux responsabilités et moyens d’action des États-majors. Sans que cela soit officiellement ou explicitement proclamé, l’unité 8200, à la pointe des technologies utilise l’IA l’utilise couramment.
Un accord pour quoi faire ? Intégrer totalement le changement de paradigmes
Durant sa visite fin juin, le ministre allemand de l’intérieur Alexander DOBRINDT a précisé les priorités de Berlin : D’abord la Cyberdéfense, quand on sait à quel point la République fédérale, en matière de défense civile, a décidé de diverses mesures en cas de conflit. On n’en sait pas plus sur les aspects offensifs, susceptibles de figurer dans cet accord. On pense aux Beepers, aux téléphones portables et à la technologie requise. Ce pacte sécuritaire prévoit la création d’un centre de recherche commun.
La défense contre les drones est un sujet de grande importance, quand on observe ce qui se passe actuellement dans le conflit ukrainien à nos portes et ce qui s’est passé au Moyen-Orient.
Un aspect qui concerne tous les pays de l’UE également : le système israélien gradué d’alerte des populations en cas d’attaque de missile ou autres engins aériens.
Israël partenaire de l’UE en matière de renseignements. Les faits sont têtus
L’Accord stipule un renforcement explicite en matière de renseignement et cite le Mossad et le BND son homologue allemand. Ce qui impliquera nécessairement les services des autres pays européens, notamment en matière de terrorisme et d’autres trafics.
Ces mesures constituent un élargissement majeur des relations avec l’Union Européenne. En effet, on ne peut faire preuve d’hypocrisie et détourner le regard en feignant de croire qu’il ne s’agit que de l’Allemagne. Qui dit Allemagne, comprend UE, sauf à nous démontrer le contraire.
Quelle défense pour l’UE et l’Otan en Europe
Pour mémoire en 2024, 54% des exportations israéliennes de matériels militaires sont allés vers l’Europe. Ce qui en dit long sur la coopération existante, nonobstant, les déclarations et gesticulations par ailleurs.
Le renforcement bilatérale des relations entre Berlin et Jérusalem n’est pas sans mettre en lumière les très grandes divergences d’analyse entre les grands pays au sein de l’UE et des membres européens de l’Otan. On ne parle pas encore de la lutte d’influence entre Turquie et Israel concernant la Syrie, mais le sujet est sur la table et chaque partie veut essayer d’évincer l’autre ou la contenir, s’il est possible.
La défense européenne mise en question
On doit s’attendre à des débats internes vifs entre pays de l’UE et ceux de l’Otan. Israël se trouve déjà en bonne position au vu de son implantation en Europe. On ne change pas de cheval au milieux du gué. Les 2 choix faits par Berlin, sont stratégiques. Ils posent instantanément le problème de l’homogénéité de la défense en question. On ne peut pas atteler un zèbre et un cheval dans le même attelage, serait ce même un pur-sang On ne doit pas perdre de vue que dans les nouvelles conditions régissant le fonctionnement de l’Otan – contre la demande française, plusieurs pays dont l’Allemagne, la Pologne, ont obtenu d’acheter jusqu’à 35% de leurs équipements à l’étranger contre une limitation à 15% demandée par Paris, qui bien entendu pensait à sa propre industrie militaire.
La bataille des ego
La bataille politique n’en sera sans doute que plus rude. Dans ce rapport de force, Berlin dispose de tous les atouts que Paris n’a pas dans sa situation actuelle. Au-delà du duel Franco-Allemand, il faudra également prendre en compte la position de plusieurs autres pays, ceux capables de constituer une force militaire même à petite échelle. A ce rythme et dans ces conditions, une défense homogène européenne n’est pas pour demain, sauf si la raison l’emportait sur les ego individuels et collectifs et là où le mythe remplace la réalité.
Ainsi va le monde,
© Francis Moritz
Francis Moritz a longtemps écrit sous le pseudonyme « Bazak », en raison d’activités qui nécessitaient une grande discrétion. Ancien cadre supérieur et directeur de sociétés au sein de grands groupes français et étrangers, Francis Moritz a eu plusieurs vies professionnelles depuis l’âge de 17 ans, qui l’ont amené à parcourir et connaître en profondeur de nombreux pays, avec à la clef la pratique de plusieurs langues, au contact des populations d’Europe de l’Est, d’Allemagne, d’Italie, d’Afrique et d’Asie. Il en a tiré des enseignements précieux qui lui donnent une certaine légitimité et une connaissance politique fine. Fils d’immigrés juifs, il a su très tôt le sens à donner aux expressions exil, adaptation et intégration. © Temps & Contretemps
Lire vos analyses brillantes est toujours un plaisir. N’ayant moi-même aucune compétence pour juger les affaires militaires, je me remets entièrement à votre science. Mon admiration pour Israël croit à chaque lecture.
Quand le patron allemand prend des decisions , de nombreux pays , au nord et a l est de l europe suivent et se mettent ainsi sous le parapluie israelien , le Hetz 3 , et bientot , probablement le 4|, et , simultanement , le cyber dome ultra performant qui a mis les mollahs a genou .
Pour ce qui concerne le ridicule pantin de l elysée ……. il parle …..tout seul .
Cette défense « européenne » sera très utile pour lutter contre les soucoupes volantes, les légions de licornes ailées, les illuminati et autres loups-garous venus égorger nos fils et nos compagnes…
L’UE islamonazie est aux abois et ne peut continuer à prolonger son existence qu’en inventant des ennemis imaginaires.
Cyber dôme, Cyber sécurité, c’est Israel, Tsahal, l’intelligence artificielle mais surtout l’intelligence des chercheurs Israéliens dans tous les domaines.
T-amouyal, Sylvain, et autres: merci pour vos commentaires toujours éclairants.