
Ce soir, les lustres brilleront sur les nappes amidonnées du dîner du CRIF au Carrousel du Louvre. On y servira du faux-semblant en entrée, de la compromission en plat principal, et en dessert Soufflé de « plus jamais ça », garni d’amnésie sélective. Le tout arrosé de champagne républicain — millésime hypocrite.
Le tout-Paris politico-médiatique y défilera, repu de sa propre vertu, trop content de cocher la case « soutien à la communauté juive » une fois l’an. Mais de quoi parle-t-on, au fond ? D’un bal de courtisans qui se congratulent tout en se gardant bien d’aborder ce qui fâche : l’antisémitisme réel, quotidien, meurtrier, islamisé.
Ce soir, on croisera une partie de la Gauche, celle qui ne voit dans Israël qu’un « État génocidaire », qui compatit aux « martyrs de Gaza » mais oublie les otages du 7 octobre. Elle viendra dîner en noir militant, l’air grave mais la coupe pleine. Elle s’indignera entre deux bouchées, puis signera demain une tribune pour la libération de la Palestine — toute la Palestine, évidemment, jusqu’à la mer.
À côté d’elle, le Centre, la mèche bien peignée et l’âme en suspens, ne sait pas très bien si Israël est un État en légitime défense ou un criminel de guerre. Mais il est certain d’une chose : ce n’est pas à lui d’en juger. Ce n’est pas un dîner pour trancher. Juste pour tremper. Dans la nuance tiède. Et condamner fermement les frappes israéliennes contre l’Iran. Très fermement. Mais poliment.
Et puis, le RN n’est pas invité. C’est embêtant. Ils auraient peut-être dit des choses claires, comme « les Juifs ont le droit de vivre en paix ici » ou « Israël a peut-être ses raisons de se défendre ». Mais que voulez-vous… l’Histoire, les fantômes, les convenances. Le CRIF préfère les gens infréquentables mais présents aux fréquentables trop clairs.
On dira quelques mots sur la montée de l’antisémitisme. Des mots, pas trop longs. On évitera de préciser d’où il vient. On parlera d’ »importation du conflit », comme on parle d’un virus venu de l’étranger. On ne dira pas que l’importateur est né ici, qu’il parle français, qu’il vote parfois, qu’il a déjà croisé nos enfants dans les écoles.
Et surtout, surtout : on remerciera le CRIF. De faire encore semblant. De tendre l’oreille quand on la gratte dans le bon sens. De ne pas poser trop de questions. D’offrir une scène à ceux qui tournent le dos dès qu’il faut regarder l’ennemi en face.
Bref, ce soir, la République se tiendra droite dans ses talons, un verre à la main, et dira d’une voix vibrante :
« Juifs de France, nous sommes avec vous ! »
Ce dîner n’est pas un soutien : c’est un décor. Un théâtre bourgeois où l’on rejoue chaque année le même acte. Et où, dans les coulisses, on laisse monter l’antisémitisme réel — celui des cités, des mosquées radicalisées, des cours de récréation et des halls d’immeuble.
Qu’importe : ce soir, la République se regardera dans le miroir du CRIF et se trouvera belle. Même si derrière le miroir, c’est l’incendie.
Sarah Cattan
Quel beu texte ! Allusif et direct à la fois …
Bravo Sarah Cattan : du courage et du talent !
Le CRIF est devenu la caricature grotesque de sa propre anagramme : FRIC, Faux Rassemblement des Israélites Courtisans qui finira par devenir le Faux Rassemblement des Israélites Corrompus ! Corrompus par tous les pouvoirs pour qui ils appellent invariablement à voter et qui finissent toujours par cocufier ces « représentants » qui n’ont jamais défendu l’intérêt collectif de ceux qu’ils prétendent représenter.
Voir :
– Pourim à l’Elysée ou la grande fête des Juifs de cour : https://www.tribunejuive.info/2024/03/24/pourim-a-lelysee-ou-la-grande-fete-des-juifs-de-cour-par-jean-marc-levy/
– Que valent encore les postures faussement morales des « représentants » de la communauté juive ? : https://www.tribunejuive.info/2025/04/07/que-valent-encore-les-postures-faussement-morales-des-representants-de-la-communaute-juive/
La République, comme la Castafiore de Tintin, rit de se voir si belle dans le miroir que lui tend complaisamment le CRIF…
Bravo Sarah!
Mais quel rôle exact le CRIF joue-t-il aujourd’hui pour Israël ?
Chere carole , je vous repond d Israel : rien, nada , zero .le CRIf ne sert a rien pour les juifs , de France ou d Israel .c est juste le simulacre de dialogue avec un etat qui nous crache au visage .
Mon commentaire précédent masque l’essentiel : Bravo Sarah Cattan pour ce texte remarquable qui refuse le simulacre de cette farce tragique qui nous est imposée.
Și j’ose, la messe est dite. Bravo Sarah.
Bravo Sarah Cattan. Magnifique texte. Tout est dit !!
Le CRIF un dîner empoisonné .
Merci beaucoup pour ce texte superbement écrit et qui décrit fort bien la décrépitude et l’hypocrisie qui règnent dans cet entre-soi peu reluisant.
Le lieu choisi (Le Palais du Louvre) connut bien des intrigues, mais elles avaient le panache des affaires royales. Même les plus sanglantes (la nuit tragique de la Saint Barthélémy) entrèrent dans notre Histoire. Point n’est besoin d’être Cassandre pour prédire que le souvenir de la sinistre farce qui s’y joua en cette soirée du 3 juillet 2025 s’évanouira comme un fantôme à la fois grotesque et pitoyable. Seul demeurera le goût amer de la rupture consommée entre les Français juifs et ceux qui ont la prétention insensée de les représenter tout en les ignorant.
Encore bravo et merci, chère Sarah ! Continuez à faire entendre la voix de la liberté et du refus des connivences mortelles.
Chère Sarah ,
Jusqu’à ce jour , je ne vous connaissais pas et viens de lire votre FORMIDABLE article sur le dernier diner du CRIF … ça fait plaisir de vous lire et ça change du « blabla » de tous nos ( non ces ) ces Représentants communautaires qui ne représentent qu’eux mêmes … pas si éloignés de l’UGIF ( ( dont malheureusement le dernier Président était un parent ); ils nous mènent encore une fois , droit dans le mur et il est de notre devoir , laïcs et / ou religieux , de toutes tendances ( sans discrimination AUCUNE ) , de leurs dire : ASSEZ et SVP Dégagez; place aux Juifs- Résistants – Philippe
Bonjour, j’ai décliné l’invitation reçue, je manque de « diplomatie », la France est profondément malade, elle est atteinte d’hypocrisie aigüe. Je suis tout ce que vous voudrez sauf un « courtisan ». Contrairement à l’assemblée nationale, le sénat n’a pas fait constitution de partie civile dans le volet pénal de l’affaire F. Fillon ce voleur en col blanc et de ce fait je refuse de prendre le risque de me retrouver à la même table que certains que je considère comme « infréquentable ». L’ancien « haut commissaire au plan » devenu premier sinistre n’est pas plus fréquentable, n’ayant aucune trace d’un travail de ce « haut commissaire au plan » grassement payé avec de l’argent public, ministre du temps perdu à un « pognon de dingue ». Très cordialement.