Isabelle Didi Oliel: « Je rentre »

Je rentre.

Enfin.

Après trois semaines d’attente suspendue, d’e-mails lus et relus, de rumeurs, de doutes, de silence.

Enfin

Une date. Un siège.

Ma carte d’embarquement en poche

mon cœur a déjà décollé.

Je rentre chez moi.

Retrouver mes habitudes, ma routine , mes arbres fruitiers , mes palmiers , mon chat

Ce “chez moi” qui ne laisse personne indifférent.

De ce pourquoi j’ai dit « oui » il y a onze ans.

N’ai-je pas écrit un jour qu’Israël m’avait épousée pour le meilleur et pour le pire .

Ce pays que j’ai choisi en toute conscience.

Ce lieu qui me manque jusque dans mes os quand je le quitte trop longtemps.

Ces jours passés ici, dans ce sud éclatant de beauté,

ont été un paradoxe.

Entre enchantement et inconfort,

entre culpabilité et gratitude,

entre mer calme et ciel en guerre.

Mais aujourd’hui, je ferme une parenthèse.

Pas une fuite, non. Une pause imposée.

Et je la referme doucement. Avec pudeur.

J’ai compris que je ne suis pas faite pour l’oubli.

Ni pour les ailleurs sans ancrage.

Je suis faite de racines vivantes.

D’attaches puissantes.

Et de silences habités.

Ce matin, j’ai refait ma valise.

Elle est plus lourde qu’à l’aller.

Pas à cause des affaires.

Mais parce que j’y glisse ce que j’ai vu, ce que j’ai ressenti,

et cette promesse intime de ne jamais banaliser ce que j’ai.

Je rentre chez moi.

Vers cette terre rude, magnifique, cabossée et debout.

Vers ceux qui m’attendent, qui résistent, qui espèrent.

Vers la vérité de ce choix que je referais mille fois.

Comment expliquer que, malgré la guerre, malgré les nouvelles sombres et les cœurs serrés,

c’est en Israël que je me sens le plus en paix ?

Ce lien viscéral, indéfinissable, avec un peuple qui m’émeut, dans tout ce qu’il est, dans tout ce qu’il traverse.

Retrouver cette autre famille, celle qui t’écrit pour te demander : « Quand est-ce que tu rentres ? »

Reprendre les projets, fixer des rendez-vous.

Et sentir, avec une clarté absolue, que ma vie, est bien la bas .

Pour le meilleur et pour le pire.

Je rentre.

Pas tout à fait la même.

Un peu plus ancrée.

Un peu plus fidèle.

Un peu plus moi.

© Isabelle Didi Oliel

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3 Comments

  1. J’y retournerai toujours, en Israel, parce que c’est là que je me sens chez moi, voir ma famille, mes amis, voir la mer et le sable, regarder le ciel, ma Terre sacrée, le pays de mes ancêtres, mon Israel.

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