

Toi qui règnes dans les cieux, Toi Notre père, notre Roi, Tu sculptes au long des jours le destin des hommes parsemé de lueurs fugaces.
Vers le ciel montent les veloutes bleues de nos espoirs, il n’en reste qu’un nuage léger qui se dissipe si vite qu’on n’est pas sûr de l’avoir aperçu.
Nous de l’Espérance, chantait Edmond Fleg, le grand poète habité par l’Esprit, aux temps des ravages insensés surgis des ténèbres, qui faillirent exterminer le plus gentil des peuples qui porte le fardeau de son élection brouillée par l’Histoire.
Nous de l’espérance est le mode de survie des juifs sur les routes de l’exil. Ils ont erré si longtemps qu’ils prirent l’exil pour patrie dans un monde mouvant.
Ils furent tour à tour Egyptiens, babyloniens, mèdes, romains, ottomans, polonais, russes, lithuaniens, allemands, français, espagnols, lusitaniens, anglais, hollandais, marocains, tunisiens, indigènes d’une Algérie sans nom, ils furent canadiens, américains, argentins, ils furent caucasiens, syriens, libanais, irakiens éthiopiens, iraniens et aussi chinois et j’en oublie. En dépit de cette universelle dispersion, ils restèrent liés à la Loi que Moïse reçut du Ciel et qu’il leur enseigna, réunis autour de la montagne de feu.
À l’image de l’huile et l’eau, ils ne se mélangèrent ni aux Nations ni aux peuples de leurs rencontres sanglantes. Ils attendaient, avec la certitude que leur Père qui siège dans les Hauteurs ne les oubliait pas et que son absence finirait un jour par une lumineuse rédemption.
Ils disent : ACHEM ché bashamaïm, notre Père notre Roi qui es aux cieux, tu t’es enveloppé de silence depuis que tes prophètes se sont tus. Le temps a pris le relais de ta parole et depuis, le Monde est en désordre et les hommes se haïssent.
Nous nous souvenons des temps anciens:
Tu as parlé à Adam, il s’est dérobé,
Tu as parlé à Caïn qui s’est enfui sous le poids de son crime trop lourd pour lui.
Tu as appelé Hénoch qui s’est réfugié dans le feu du ciel.
Tu as appelé Abraham qui a marché devant toi ouvrant les portes de l’avenir.
Tu lui as donné le droit de bénir toutes les Nations.
Tu as parlé à Isaac qui t’est consacré.
Tu l’as enraciné sur la terre que tu destines à ton peuple depuis la création du Monde.
Tu as fait serment à Jacob de donner la terre du Milieu à sa descendance.
Tu l’as ramené au pays de ses pères sous le nom d’Israël.
Tu as donné à Joseph le pouvoir des rêves et la Couronne d’Egypte.
Tu as dicté ta Loi à Moshé ton Serviteur.
À Aaron, tu as confié l’honneur de bénir en ton Nom et de servir ton Autel.
Tu as entendu le cri des Enfants d’Israël, esclaves du puissant Pharaon.
Tu leur as ouvert la grande mer, lorsque Mitsraïm volait vers eux pour les anéantir.
Tu as mené ton peuple à pieds secs, entre les murailles de la mer domptée par ta grande voix.
Tu as entendu Moshé et Myriam, chantant ta louange quand les vagues sur ton ordre écrasèrent Pharaon et son armée.
Tu as mené les myriades d’Israël dans le désert brûlant, sous la triple bénédiction de la Manne-mérite de Moshé, de l’eau du Puits-Mérite de Myriam et des Nuées de gloire-mérite d’Aaron.
Moshé a apposé les mains sur Josué son disciple, pour qu’Il conduise tes enfants au pays ou coulent le lait et le miel, terre que tu as juré à leurs pères de leur donner pour l’éternité.
Tu as créé les Femmes prophètes qui ont sauvé Israël des pièges du temps : Sarah la mère d’Isaac, Rivka qui sut que la bénédiction devait s’étendre sur Jacob.
Tu as choisi Tamar qui fut plus Juste que Judas.
Tu as béni Ruth la moabite qui est l’aïeule du Messie.
Tu as entendu la prière de Hanna, qui nous a appris à prier et qui engendra le grand Samuel.
Tu as aimé David ton serviteur, Roi d’Israël qui dansa devant ton autel.
Tu as donné la Sagesse à Salomon qui eut le bonheur de bâtir ta Maison à Jérusalem.
Tu as protégé son règne par de longues années de paix et de prospérité.
Tu as parlé aux Prophètes pour qu’ils veillent sur les rois et redressent le peuple.
Quelle est grande ta Puissance et infinie ta bonté.
Qui peut deviner tes pensées et découvrir tes voies, Maitre du Monde?
Nul ne peut t’approcher sans se brûler,
Qui tente de te comprendre s’éloigne de ton Trône.
Ta sagesse nous interpelle au-delà des cieux.
Tu as créé le Monde en six jours, Tu es rentré dans ton Shabbat le septième jour, tu as laissé à l’Homme le soin de terminer ton œuvre: La voix de Jacob pour sanctifier ton Nom et les mains d’Esaü pour aménager la Nature. Mais Esaü s’est égaré et Jacob est parti en exil.
Englouti dans son si long exil, Jacob attend de redevenir Israël pour rentrer au pays que jamais ton œil ne quitte.
L’Histoire a vacillé depuis que le Mont du Temple fut deux fois détruit.
Nos prières te disent que les temps sont arrivés et qu’il te plaise de ne plus tarder.
(Yédid Nefesh) « Ne tarde pas car le temps vient »« Al téaher ki ba hamoed »
Mais une voix légère emplit la Monde. Elle murmure que Jacob est de retour, qu’Israël, de nouveau, se réjouit des fruits de son pays, que les montagnes de Judée dansent sous ses pas, que la plaine du Sharon se couvre de roses, que le lys refleurit dans la vallée, que les sources du Dan chantent sur les collines.
Que le blé ondule sous le ciel toujours bleu d’Israël.
Les exilés sont de retour, la voix de Judas rugit sur ses montagnes, les Nations sont stupéfaites du miracle qui se déroule sous leurs yeux.
Béni est ACHEM qui nous ramène chez nous.
© Charles Baccouche

Merci pour ce très beau plaidoyer et le rappel des faits historiques qui montrent que l’espérance et la foi en Hachem ont toujours sauvé Israël, quelques soient les vicissitudes que le Peuple ait rencontrées.