Yves Azéroual: « Le confort des silencieux »

La France a pris connaissance avec préoccupation des frappes menées cette nuit par les Etats-Unis d’Amérique contre trois sites du programme nucléaire iranien.

Elle n’a participé ni à ces frappes ni à leur planification.

Elle exhorte les parties à la retenue pour éviter toute…

— Jean-Noël Barrot (@jnbarrot) June 22, 2025

Il est une catégorie de personnes plus redoutable que les adversaires déclarés : ceux qui ne font rien. Ils observent, commentent parfois à voix basse, mais n’agissent jamais. Ils sont toujours « en train de réfléchir », de « peser les conséquences », ou d’attendre « le bon moment ».

Ce moment, bien sûr, ne vient jamais. Ils ne sont ni pour ni contre — ils sont ailleurs. Dans le confort de la distance, dans l’abstention morale, dans cette neutralité molle qui permet de ne pas se salir les mains ni la conscience.

Et pourtant, ils portent leur part de responsabilité. Car dans l’histoire, les tragédies n’ont pas seulement été commises par ceux qui frappaient, mais aussi par ceux qui regardaient ailleurs.

Ne rien faire, ce n’est pas rester neutre, c’est choisir de laisser faire. C’est abandonner le terrain aux plus bruyants, aux plus violents, aux plus cyniques.

Le silence des passifs est le terreau des extrêmes. Agir ne signifie pas tout savoir, ni tout réussir. Cela signifie refuser la paralysie morale. Être adulte dans une époque confuse, c’est choisir. Et assumer.

Ceux qui ne font jamais rien n’ont pas à donner de leçon à ceux qui osent. Ils n’ont qu’à se regarder dans la glace — et affronter ce qu’ils y verront : une trace floue dans le cours du monde.

Je terminerai par cette réplique extraite des « Fourberies de Scapin » de Molière : »Et je hais les cœurs pusillanimes qui pour trop prévoir les suites des choses n’osent plus rien entreprendre ». 

© Yves Azéroual

Scénariste, Yves Azéroual est fondateur de itélé, Secrets d’Histoire. À son actif: 15 documentaires, 12 essais, 2 romans : MUFTI et Faubourg Montmartre