J’espère qu’Emmanuel Macron ne va pas aussi nous brouiller avec les Inuits. Par Daniel Sarfati

Pour se rendre dans le BoboLand, je parle du 11ème arrondissement, le vélo ou la trottinette électrique sont recommandés. 

Pas de place pour se garer. 

Pinte de bière ( brassage traditionnel boulgour/quinoa ), vin biodynamique ( celui qui donne mal à la tête et qui sent le fumier), ou cocktail de fruits pamplemousse/céleri ( on peut remplacer par kiwi/fenouil), chacun son verre à la main. 

Des grappes de jeunes humain(e)s ont envahi les chaussées, pour cette soirée printanière. 

J’ai posé là mon VTT, qui fait ringard à côté des vélos  Brompton vintage. 

Personne ne va me le piquer. 

Au croisement de la rue Oberkampf et de la rue St Maur. 

J’avais comme une nostalgie de Tel Aviv. 

Tel Aviv sous les bombes Iraniennes, où des jeunes humain(e)s du même âge, attendent l’impact, dans des chambres blindées. 

Après l’alerte, ils et elles reprendront leurs vélos pour écouter les Doors, au bar Port Saïd, en buvant une bière noire, en parlant de tout et de rien, et surtout pas de leur dernière période de réserve à Khan Younes. 

C’est peut-être ça que l’on nomme résilience. 

Le chef israélien Liran Tal ( ancien du « Balagan » ) a ouvert son bistrot « Alluma » avec une grande discrétion. 

Façade anonyme, décoration blanche et épurée. 

La serveuse, bronzée en short, débardeur et sandales, est arrivée pour les apéros.

Sans doute une sabra qui venait de terminer son service militaire. 

Elle doit s’appeler Tali ou Yaël. 

Évidemment j’ai commandé un arak-lemon comme au Shouk HaCarmel. 

Non. Ici on sert un cocktail arak/ananas/bégonia. 

Bégonia ?!!

J’ai longuement expliqué, en hébreu, à la serveuse ce que je pensais de ce renoncement de la culture israélienne face à la culture bobo. 

Elle m’a répondu avec un fort accent yankee.

« Je ne parle pas hébreu, je suis de Boston et je m’appelle Pat. »

Repas assez créatif en 5 plats. 

Beaucoup de zaatar. Même sur la glace à la vanille/abricot fumé à la paille.

J’avais choisi un vin arménien, lourd, très capiteux, pas du tout biodynamique. 

J’ai félicité Pat. 

« C’est bien de mettre des vins arméniens à la carte, pour exprimer la solidarité d’Israël avec tous les peuples persécutés ! »

La bostonienne m’a répondu :

« Nous avons aussi des vins espagnols et italiens, si vous préférez. »

Les Américains ne comprennent rien à la géopolitique. 

Je crains qu’Emmanuel Macron, non plus, ne comprenne rien à la géopolitique. 

Je l’ai vu à la télé avant de sortir. 

Il était en train de se les geler, en doudoune, à Nuuk ( ta mère ), 19000 âmes, capitale du Groenland. 

J’espère qu’il ne va pas aussi nous brouiller avec les Inuits. 

J’ai du rentrer en taxi. 

Quelqu’un m’avait piqué mon vélo. 

Le chauffeur, un Corse, m’a expliqué qu’à Ajaccio, Uber n’avait pas réussi à s’implanter. 

« Avant même la première course, leur véhicule a brûlé, à l’aéroport. »

Ça n’est pas très moral, j’ai objecté. 

« C’est moral, ils avaient été prévenus. »

© Daniel Sarfati

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1 Comment

  1. La liberté de manger des trucs mauvais, le boboland que d’aucun apprécie, parce que çà fait bien, comme se déplacer en trottinette électrique . même le bistro Alluma se fait « discret »(faut pas heurter) la serveuse ne se prénomme pas Naama , loin d’Israel et de ses problémes sans fin; Macron chez les Inuits. Daniel Sarfati s’est fait piquer son vélo.

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