Clément Weill-Raynal : « L’Antisémitisme d’une Partie de la Gauche ne se Résume pas à Quelques Cas Isolés »

Journaliste, auteur de plusieurs ouvrages, Clément Weill-Raynal vient de publier « La Gauche antisémite – Une haine qui vient de loin » (L’Artilleur). Rencontre.

Bon d’accord, la gauche a toujours été antisémite. Pourquoi ?

Je n’ai pas d’explication toute faite. Il faudrait interroger des historiens ou des sociologues. Je suis journaliste. Je me borne à rappeler des faits et des dossiers fort opportunément oubliés ou mis sous le boisseau. En rédigeant mon ouvrage, je suis néanmoins parvenu à ce constat : l’antisémitisme d’une bonne partie de la gauche ne se résume pas à quelques cas isolés, comme cherche à le faire croire une parole autorisée chaque fois qu’un fautif est pris en flagrant délit de dérapage. En remontant sur près de deux siècles, en mettant bout à bout les écrits et déclarations contre les juifs venant de la gauche, je me suis rendu compte que ces dérapages n’avaient rien d’isolés, mais qu’ils forment au contraire un discours cohérent et permanent à travers le temps.

Non seulement vous écrivez que la gauche a toujours été antisémite, mais vous expliquez qu’elle n’a jamais cessé de l’être : il y a donc eu des intensités antisémites différentes au cours de l’histoire récente ?

Oui, bien sûr, ces flambées du discours antisémite et des violences qu’il entraîne fonctionnent par vagues, par cycles, entrecoupées de périodes d’une relative accalmie. Pour s’en tenir aux dernières décennies écoulées, cette libération d’une parole anti-juive décomplexée survient en France lors de la guerre qu’Israël mène au Liban en 1982, lors de la seconde Intifada dans les années 2000, à chaque regain de violence à Gaza, en 2008, 2011, 2014, 2017… C’est à nouveau ce à quoi on assiste depuis le 7 octobre 2023, où Israël, pourtant agressé, est mis en position d’agresseur par une propagande islamo-gauchiste relayée à l’échelle mondiale et qui désigne l’ensemble des Juifs de la planète comme les complices des crimes qui seraient commis par l’armée israélienne. Sur cette période récente, le point le plus significatif est à mon sens la dissimulation de la haine contre les Juifs derrière un alibi « antisioniste ».

Peut-on dire que nous vivons une période de forte intensité antisémite aujourd’hui ?

Un degré a été sans nul doute franchi depuis le 7 octobre 2023. La propagande pro-Hamas, qui fonctionne comme une machine de guerre, tourne à plein. En France, les relais d’opinions de cette campagne d’intox se trouvent notamment à gauche et à l’extrême-gauche. Pour des raisons électorales, mais aussi plus profondes, cette extrême-gauche a accentué la diabolisation d’Israël qu’elle entretient depuis longtemps. Les Juifs de France se trouvent du même coup dans la ligne de mire de ces attaques qui n’ont pas tardé à dévoiler leur caractère antisémite. Cette question de l’antisémitisme de gauche a longtemps été taboue. Mais aujourd’hui, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la dérive inquiétante de La France insoumise, pour ne s’en tenir qu’à cette formation politique.

Le mélenchonisme avec son « antisionisme » obsessionnel exprime-t-il un antisémitisme nouveau ?

Il n’est nouveau que pour ceux qui ne l’ont pas vu venir. Cela fait des lustres qu’une bonne partie de la gauche dissimule son discours antisémite derrière une propagande antisioniste qu’elle juge plus présentable. Ce procédé cousu de fil blanc connaît quelques nuances et adaptations selon les époques et les situations, mais la recette est toujours la même. À cet égard, on peut dire que les mensonges d’hier éclairent ceux d’aujourd’hui. Lors des procès de Prague en 1952, puis lors du « complot des blouses blanches » un an plus tard en 1953 à Moscou, les accusés étaient officiellement accusés d’une « conspiration sioniste ». Or, la lecture de L’Humanité et de l’ensemble de la presse communiste française qui rendait compte de ces événements permet de constater sans la moindre ambiguïté une libération de la parole antisémite. Que ce soit dans les éditoriaux, les articles de fond et les tribunes d’opinion, la presse officielle du PCF ne cessait de mettre en cause les origines « juives » des personnes arrêtées, et dans des termes particulièrement violents et injurieux. Onze des accusés du procès de Prague, juifs pour la plupart, ont été pendus à l’issue d’une mascarade de procès. Deux médecins soviétiques sont morts sous la torture lors de l’affaire des blouses blanches. Tous les dirigeants communistes français et la presse du PCF ont hurlé avec les loups et appelé de leurs vœux à la mort des « Juifs » coupables d’un « complot sioniste » inventé de toutes pièces. À ma connaissance, il n’y a jamais eu le moindre mea culpa ou déclaration de repentance des communistes français. Ni hier, ni aujourd’hui.

Pour lire la suite, Veuillez cliquer sur le lien: https://open.substack.com/pub/mamou/p/cle

Propos recueillis par Yves Mamou

https://mamou.substack.com

« Quand les médias deviennent moralisateurs et propagandistes, il faut réimposer les faits ». Yves Mamou

https://open.substack.com/pub/mamou/p/c

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1 Comment

  1. « La perversion de la cité commence par la fraude des mots »
    Platon
    Politiquement, la gauche (d’où je suis moi-même issu) n’existe plus depuis…l’ere mitterrandienne. En France, mais l’on observe exactement le même phénomène dans les régimes politiques voisins et similaires aux nôtres. Le cas du parti communiste français est particulier : contrairement à d’autres partis communistes européens, il a toujours flirté avec le Fascisme rouge-brun. Mais c’est surtout après la disparition de G.Marchais que les personnes honnêtes et réellement attachées au progrès social qui s’y trouvaient l’ont quitté. Pour schématiser, la gauche (au sens originel du terme) prône une lutte (qui peut être non violente) des classes tandis que l’extrême-droite et le Nazisme prônent une lutte des « races » par définition violente et potentiellement génocidaire. Or ce que l’on (enfin pas moi) nomme « partis de gauche » ou « d’extrême gauche » correspond au second cas de figure.
    Il est question de Nazis, se situant en réalité à la droite de la droite de Jean-Marie Le Pen. Nous n’avons pas affaires à des « islamogauchistes » mais à des Islamonazis. Parmi lesquels Macron lui-même. On m’objectera que les termes extrême gauche ou extrême droite ne changent rien pourvu qu’on soit d’accord sur la nécessité de les combattre. Je ne suis pas tout à fait d’accord, car les mots gouvernent le monde. C’est en pervertissant le langage que les Islamo-nazis sont parvenus au pouvoir et à s’y maintenir : pour pouvoir les combattre, il faudrait d’abord remettre les choses à l’endroit, redonner aux mots le sens qui est le leur. On ne peut pas combattre la Bête Immonde si on ne sait pas la nommer.

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