Ils veulent dissoudre Israël? Mais Israël n’est pas à vendre

Pour info: Appel d’un collectif international, parmi lesquels les prix Nobel Annie Ernaux et Olga Tokarczuk et les professeurs belges Paul Aron (ULB), Julie Ringelheim, Céline Romainville, Jean De Munck (UCL).

Ce qu’il faut, c’est un soutien concret à un nouvel horizon politique : un horizon ancré dans la justice, la dignité et l’humanité partagée des deux peuples
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« Nous appelons l’Union européenne à soutenir le modèle d’une confédération des États d’Israël et de Palestine au sein d’un seul et même pays »
Condamner les atrocités n’est plus suffisant. Pour un soutien concret à un nouvel horizon politique : deux États dans un seul pays confédéré. Appel d’un collectif international, parmi lesquels les prix Nobel Annie Ernaux et Olga Tokarczuk et les professeurs belges Paul Aron (ULB), Julie Ringelheim, Céline Romainville, Jean De Munck (UCL).

L’Union européenne doit soutenir de toute urgence un changement politique en faveur d’un avenir juste et équitable pour les Palestiniens et les Israéliens, par le biais d’une confédération de deux États souverains. Basée sur le principe de deux États dans un seul pays confédéré, suivant la proposition du mouvement A Land for All, cette confédération est fondée sur la pleine égalité politique, la reconnaissance mutuelle, la liberté de mouvement, le partage de Jérusalem et un dispositif de retour pour les réfugiés par la coopération entre les deux États – et non par la séparation. Alors que la guerre dévaste la vie des Palestiniens et des Israéliens, et que les communautés juives et palestiniennes du monde entier sont en proie à la douleur, à la peur et au deuil, nous pensons que l’Europe doit agir avec courage et clarté. À Land for All est un mouvement politique qui regroupe des Palestiniens et des Israéliens de tout le territoire.

Un horizon concret ancré dans la justice, la dignité et l’humanité partagée des deux peuples

Le cycle actuel de la guerre, de l’occupation et du déplacement a atteint un point de rupture politique et moral. Le soutien continu – implicite ou explicite – de la communauté internationale au statu quo a permis l’aggravation de la violence, de l’impunité et de l’autoritarisme. Il ne suffit plus de condamner les atrocités ou d’exprimer son soutien à une « solution à deux États » dans l’abstrait. Ce qu’il faut, c’est un soutien concret à un nouvel horizon politique : un horizon ancré dans la justice, la dignité et l’humanité partagée des deux peuples.

Tout processus politique doit partir de la réalité actuelle, et non des cadres diplomatiques d’il y a trente ans (moment des accords d’Oslo).

Le modèle de la confédération – deux États dans un seul pays confédéré – propose cet horizon. Il s’agit d’un cadre pratique, mûrement réfléchi, créé par des Palestiniens et des Israéliens travaillant ensemble, fondé sur le droit international et les réalités actuelles. Sur la base de notre attachement au droit international et de la reconnaissance des réalités de terrain, nous proposons une voie pragmatique : les deux peuples ressentent un lien profond à cette terre – et cela ne changera pas. Ce lien doit être reconnu et tout processus politique doit partir de la réalité actuelle, et non des cadres diplomatiques d’il y a trente ans (moment des accords d’Oslo).

Des solutions pragmatiques et coopératives dès le premier jour

Ce modèle s’attaque aux impasses de longue date – l’eau, les colonies, les réfugiés et Jérusalem – non pas en les remettant à plus tard, mais en proposant des solutions pragmatiques et coopératives dès le premier jour. Il est fondé sur la réalité des vies entremêlées et de l’interdépendance profonde entre Palestiniens et Israéliens – dans la vie économique, l’environnement, l’accès aux ressources naturelles, Jérusalem et le pays même. La sécurité et l’intégration régionale dépendent également de la coopération mutuelle plus que du contrôle. À land for all offre un cadre réaliste, tourné vers l’avenir, qui répond à ces défis et liens communs.

Sans entrer dans des formulations précises, nous souhaitons affirmer et renforcer ce qui a déjà été dit : le lien entre, d’un côté, le respect du droit international et des droits humains, de l’autre la défense du droit des Palestiniens à la liberté et à l’autodétermination, que la communauté internationale a trop longtemps manqué de garantir. Il ne peut y avoir de véritable stabilité internationale sans droits pour les Palestiniens ; ce vide sape l’ensemble du système international.

L’Union européenne – historiquement, politiquement et moralement – doit prendre l’initiative de soutenir ce changement.

Nous pensons qu’il est du devoir de l’Union européenne – historiquement, politiquement et moralement – de prendre l’initiative de soutenir ce changement. L’Europe a fait l’expérience des ravages produits par les conflits nationalistes et du pouvoir de l’intégration. L’Union européenne s’est construite sur la promesse que le partage de la souveraineté et la coopération peuvent remplacer la guerre. Cette leçon doit maintenant être appliquée au-delà de ses frontières, en particulier dans une région où l’Europe a longtemps joué un rôle décisif.

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Une confédération est la seule base réaliste en vue de la sécurité à long terme, le développement économique, le bien-être et la durabilité environnementale, tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens. Elle peut empêcher de nouveaux cycles de déshumanisation et garantir que les deux peuples puissent vivre dans la dignité et la paix. Continuer à soutenir des gouvernements qui privilégient l’expansion, l’occupation et le contrôle au détriment de la vie et de l’égalité est une trahison des valeurs fondamentales de l’Europe.

Une alternative viable, juste et visionnaire au statu quo en voie d’effondrement

Nous appelons l’Union européenne à prendre une position de principe courageuse en faveur de la paix, de la justice et de l’égalité dans le pays commun des Israéliens et des Palestiniens. Cela signifie soutenir publiquement le modèle de confédération – « Deux États, un pays confédéré » – comme une alternative viable, juste et visionnaire au statu quo en voie d’effondrement. Cela signifie reconnaître l’État de la Palestine non pas comme un geste symbolique, mais comme une étape transformatrice vers la fin de l’occupation et la mise en place d’une égale souveraineté. Cela signifie utiliser l’influence économique et diplomatique de l’Europe pour prendre des mesures immédiates et drastiques afin de mettre fin à la guerre et à l’annexion, et encourager des mesures concrètes en faveur de l’égalité, y compris le soutien à la coopération binationale. Cela signifie apporter un soutien solide aux initiatives d’en-bas et de la société civile qui promeuvent la paix, la résistance démocratique, la gouvernance partagée, la reconnaissance mutuelle et le difficile travail de la justice transitionnelle. L’heure n’est pas au silence ou à l’ambiguïté. L’Union européenne doit prendre position : pour la paix plutôt que pour la domination, pour l’égalité plutôt que pour l’oppression, pour un avenir partagé par les deux peuples et ancré dans la justice. L’ère de la neutralité est révolue. Le moment est venu pour l’Europe d’assumer un rôle moteur.

Parmi les 121 premiers signataires : Annie Ernaux, écrivaine, prix Nobel de littérature, France ; Mathias Enard, écrivain, France ; Olga Tokarczuk, écrivaine, prix Nobel de littérature, Pologne ; Paul Aron, Université Libre de Bruxelles, Belgique, Jean De Munck, Université catholique de Louvain, Belgique ; Julie Ringelheim, Université catholique de Louvain, Belgique ; Céline Romainville, Université catholique de Louvain, Belgique ; Abraham De Swaan, professeur émérite de sciences sociales, Pays-Bas ; Sari Hanafi, professeur de sociologie, American University Beirut, Liban ; François Héran, professeur au Collège de France ; Cécile Laborde professeur de théorie politique, Université d’Oxford ; Samuel Moyn, professeur de droit et d’histoire, Yale University, Etats-Unis ; Thomas Piketty, directeur d’études à l’EHESS-PSE, France ; Gisèle Sapiro, directrice d’études à l’EHESS et directrice de recherche au CNRS, France ; Chibli Mallat, avocat, professeur présidentiel émérite, Law College, Université d’Utah, Liban ; Florian Meinel, professeur de droit constitutionnel, Université de Göttingen, Allemagne ; Kenneth Pomeranz, professeur d’histoire, Université de Chicago, États-Unis ; Svetlana Slapsak, professeure d’anthropologie de mondes anciens, Slovénie ; Dag Tuastad, professeur d’études du Moyen Orient, Université d’Oslo…

Source: lalibre.be

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3 Comments

  1. Des militants,qui, pour la plupart, ne connaissent pas Israel et son histoire. Les »palestiniens » ne veulent pas d’un état ils veulent rayer Israel de la carte, et Israel ne peut vivre à côté de ces arabes qui veulent sa mort.

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