
Ce qui frappe dans le conflit entre Israël et les Palestiniens, c’est l’absence d’un véritable savoir historique et géopolitique, remplacé par une idéologie simpliste et manichéenne. Cette idéologie, largement influencée par un tiers-mondisme désuet, tend à légitimer, volontairement ou non, un islamisme conquérant qui ne cache pas sa volonté d’imposer sa vision du monde, au détriment des autres religions, cultures et civilisations.
L’ignorance de l’histoire et de l’anthropologie n’est plus seulement un état de fait, elle est revendiquée comme une vertu. Un simplisme binaire remplace l’analyse critique, offrant à une partie de la jeunesse occidentale un nouveau sens à leur existence. Après la chute des idéologies du XXe siècle – communisme, maoïsme, fascisme, national-socialisme – qui mobilisèrent jadis les esprits universitaires, il leur fallait une nouvelle croisade, un combat « juste », qui, comme tous les précédents, finit par justifier l’anéantissement de ses ennemis. Car toute quête de justice radicale s’accompagne inexorablement d’un fanatisme qui divise l’humanité en bons et mauvais, en purs et impurs, en opprimés et oppresseurs.
Depuis Robespierre et Saint-Just, qui refusèrent d’écouter la sagesse de Mirabeau, les révolutions idéologiques se sont souvent transformées en bains de sang. Aujourd’hui, la cause palestinienne cristallise les passions et fédère non seulement les foules musulmanes, mais aussi une frange de la jeunesse occidentale, en quête d’un monde purifié du mal, identifié aux structures capitalistes et impérialistes. Or, cette vision binaire fait abstraction de la complexité des enjeux historiques et politiques, et elle est largement instrumentalisée par les puissances islamistes qui, elles, n’éprouvent aucun état d’âme à instrumentaliser ces militants bien intentionnés mais naïfs.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, l’antiracisme s’est mué en une véritable religion. Dans cette nouvelle doxa, l’Occident se voit sommé d’expier ses fautes passées, au point que certains en viennent à haïr leur propre culture et à exalter l’Autre, quel qu’il soit et quels que soient ses actes. Ce phénomène, profondément ancré dans les sociétés occidentales, fait d’eux des alliés involontaires d’un islamisme conquérant qui, de son côté, ne fait preuve d’aucune réciprocité. L’histoire regorge d’exemples de civilisations s’effondrant de l’intérieur, rongées par leur propre culpabilité, incapables de défendre leur propre héritage.
L’État d’Israël, en affirmant sa souveraineté au sein d’un monde majoritairement musulman, représente une anomalie insupportable pour une grande partie de ce monde. Depuis 1948 et plus encore après 1967, ces défaites militaires ont été vécues comme des humiliations par de nombreux pays arabes et musulmans, nourrissant un désir inextinguible de revanche. Les appels à l’extermination de l’État juif, notamment en provenance de l’Iran, ne sont pas de simples effets de rhétorique : ils sont le reflet d’un ressentiment profond et d’une volonté d’éradication perçue comme un devoir sacré.
L’Europe, de son côté, oscille entre un soutien timide à Israël, État qui lui ressemble par ses valeurs démocratiques, et une condamnation morale souvent dictée par des considérations électoralistes et économiques. La puissance financière des pétromonarchies et de l’Iran a permis une infiltration idéologique massive dans les universités et les médias occidentaux. Ainsi, une partie des élites intellectuelles et politiques, bercée par un relativisme culturel et un esprit de repentance maladif, se retrouve désarmée face à une idéologie islamiste qui, elle, ne doute pas d’elle-même.
Ce relativisme et cette culpabilité entravent la capacité de l’Occident à mener un véritable combat civilisationnel. Pendant que l’Occident doute, tergiverse et se complaît dans la déconstruction de ses propres valeurs, l’islamisme avance, sûr de lui et convaincu de sa mission historique. Ironiquement, la technologie occidentale, fruit de l’esprit scientifique et du progrès, se retrouve parfois mise au service de forces rétrogrades, facilitant leur ascension et rendant certaines défaites militaires inévitables. L’histoire récente des guerres asymétriques en témoigne : les armées les mieux équipées ne peuvent rien contre des adversaires qui ont la détermination absolue de vaincre.
Quel sera l’avenir ? L’histoire nous enseigne qu’il est imprévisible. Mais nous savons aussi que les civilisations qui abandonnent la volonté de se battre finissent par périr. Si l’Occident veut survivre et continuer à bâtir, il lui faudra retrouver cet esprit de combat qui l’a animé durant des siècles et qui lui a permis d’atteindre ses plus grandes réalisations. Il ne s’agit pas de prôner une guerre aveugle, mais de renouer avec la lucidité et la fermeté nécessaires pour défendre ce qui fait sa grandeur. Car l’histoire ne pardonne pas la faiblesse, et encore moins le renoncement.
© Charles Rojzman
Charles Rojzman nous présente un monde occidental séduit par celui qui parle le plus fort et qui instille dans les cerveaux des valeurs qui ne sont pas les siennes mais celles de l’Autre qu’il faut nommer : le monde de l’Islam qui séduit des occidentaux qui en oublient leur propre culture, leur identité par culpabilité mal placée et par ignorance de l’Histoire; si l’Occident ne se reprend pas, il sera soumis.