La Chronique de Rachel Darmon. « Dissonance »

Dissonance. Nous découvrons les silhouettes frêles d’Or, Eli et Ohad, qui nous rappellent notre passé de peuple survivant. Nous connaissons leur visage bien portant. Leur vie anonyme d’avant le massacre. Joie de les savoir à la maison. Tristesse aussi. Au même moment Notre Souverain suprême au pouvoir depuis presque deux décennies se trouve dans sa suite royale, à Washington. Plus de 120 chambres ont été réservées dans le palace Américain (payées par votre serviteur -serviteuse ? – et ses compatriotes contribuables)

Dissonance : en quelques minutes les otages passent de l’enfer à la liberté. Ils n’étaient pas en Iraq, dans la jungle amazonienne, au cœur de l’Afrique ou à des centaines de kilomètres de chez eux. Non. Ils étaient à trois pas de chez nous. Cette proximité géographique rend fou.

Dissonance entre les déclarations du canard rouquin (devenu le Messie pour certains de mes confrères) et la réalité. On se croirait dans un dessin animé de Donald Duck. Certains Israéliens s’imaginent mettre tous les Gazaouis – de leur plein gré bien sûr – sur un tapis volant magique en direction pour Brooklyn, Reykjavik, Brazzaville ou N’Djamena. Peu importe. J’ai le sentiment que ça ne va pas être si simple…

Dissonance entre ce que le monde raconte sur notre petit pays, qui est loin d’être parfait (mais fort chaleureux et sympathique, je vous assure. On se bat pour rester des « menchs » malgré ce qui nous arrive. Ce n’est pas facile mais j’aimerais bien vous y voir !) et ce que nous vivons.

Dissonance entre la silhouette que j’aimerais avoir et la gueule que j’ai (ça n’a aucun rapport, je sais, mais faut bien que je vous fasse un peu sourire !)

Dissonance entre les Israéliens solidaires, généreux, engagés et nos politiciens déconnectés, corrompus, irresponsables, accrochés à leur siège et à leurs privilèges.

Dissonance entre mes rêves de paix – d’adolescente – et le chaos dans la région.

Mais début d’harmonie lorsque tous nos otages seront rentrés à la maison. On pourra alors se reconstruire. Repenser à la paix, qui ne viendra pas sur un tapis volant, ni grâce à Ali Baba. Ni grâce au Messie.

© Rachel Darmon

Née à Paris, Rachel Darmon vit en Israël depuis plus de 30 ans. Professeur de français, éducatrice, guide touristique, elle a toujours écrit. Lauréate du « Prix des arts et des lettres » pour sa nouvelle « Le mur du bruit », elle a publié deux romans chez Folies d’encre : « Le gâteau de Varsovie » et « Tâter le diable ».

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1 Comment

  1. C’est formidable d’arriver à nous faire un peu sourire malgré la situation du »quelque chose qui cloche » en Israel, du premier ministre Netanyau (à la botte du « canard rouquin ») comme vous le dites si bien, Rachel Darmon, aux élucubrations de Trump qui prétend expédier les gazaouis par exemple en Patagonie ou autre contrée lointaine . Et si seulement c’était vrai…

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