Pourquoi des intellectuels juifs, comme Walter Benjamin ou Stefan Zweig, se sont finalement suicidés, alors qu’ils avaient réussi à échapper aux griffes des nazis ?
Bien sûr, chaque histoire est différente et les motivations ne sont jamais vraiment les mêmes. Quelque chose d’intime et d’irréductible propre à chacun de ces hommes.
Mais dans tous les cas, cette impression d’être cerné, dans une impasse, par une meute.
Que tout ce à quoi l’on a cru, n’existe plus ou s’est inversé.
Que les barbares ont gagné.
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La nouvelle de Bernard Malamud, « Le réfugié », aide un peu à comprendre ces tragédies individuelles dans l’ombre de la Shoah.
Oskar Gassner est un réfugié allemand qui a fui l’Allemagne nazie, et qui vit à Manhattan dans un hôtel minable.
C’est un intellectuel, proche du mouvement Bauhaus. Sa belle-mère, « une épouvantable antisémite », a persuadé la femme d’Oskar, qui n’est pas juive, de rester à Berlin.
Un Institut propose à Oskar de participer à une conférence consacrée à « L’influence de Walt Whitman sur la poésie allemande ».
A mesure qu’Oskar rédige son texte, il s’enfonce dans une profonde dépression. Il ne maîtrise pas suffisamment l’anglais pour exprimer les différentes nuances d’une analyse comme il pourrait le faire en allemand.
Et puis, il y a les nouvelles d’Europe : la signature du pacte germano-soviétique, l’invasion de la Pologne…
Et puis…, il reçoit une lettre de son « épouvantable belle-mère »…
La police allemande est tombée sur un certificat de conversion au judaïsme de la femme d’Oskar Gassner. Elle a été raflée avec d’autres juifs, et sans doute exécutée d’une balle dans la nuque.
Quel autre choix peut s’imposer à Oskar Gassner, seul dans sa petite chambre d’hôtel à Manhattan ?
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Après l’horreur absolue du 7 octobre, je m’attendais ( naïvement ? ) à la solidarité de toute l’humanité.
Le 8 octobre, alors que tous les cadavres de Nir Oz, Beeri, Sderot… n’étaient pas encore identifiés, nous étions déjà coupables.
Ce que nous aura enseigné la Shoah n’est pas le « plus jamais », mais le poids de la solitude du peuple juif. Une solitude qui a poussé au désespoir certains survivants.
Cette guerre finira bien par se terminer comme n’importe quelle guerre.
Le prix aura été exorbitant.
Nous restons debout.
Am Israël Haï.
© Daniel Sarfati
c’est tellement vrai..nous pensions que le peuple juif méritait grandement une patrie avec de la sécurité mais il nous faut admettre que l’antisémitisme est encore bien vivace. je ne pensais pas, moi qui ne suis d’aucune religion, vivre en France vu notre histoire lors de la 2ème guerre mondiale, des actes et des paroles de haine aussi virulentes. amis juifs d’ici ou d’Israël : ne comptez que sur vous..j’espère ne pas être seul parmi mes compatriotes à penser cela. shalom