Daniel Sarfati. Besoin de penser à autre chose.

Ne jamais allumer son portable à 4 heures du matin. C’est la garantie de ne pas pouvoir se rendormir.

Je voulais juste me tenir au courant de l’horaire du vol retour Tel Aviv/Téhéran.

Rien sur les panneaux d’affichage.

Mais vous savez comment ça se passe, sans le vouloir, le pouce de la main droite scrolle.

Je suis tombé sur des images d’un meeting LFI à Montpellier où un public déchaîné scandait :

« Israël assassin ! Israël hors de Palestine ! »

J’ai cru voir les mêmes images de haine que celles du Parlement iranien après le bombardement de samedi soir contre le territoire israélien.

La même hystérie meurtrière.

Dans un demi-sommeil, j’en ai conclu que Melenchon était enfin devenu président.

Président de la République Islamique d’Iran.

J’ai failli me rendormir, soulagé de l’imaginer engueuler les mollahs :

« La République Islamique, c’est moi !! »

Mon pouce a encore scrollé.

J’ai appris la disparition de Gil Taieb.

Je le connaissais peu, je l’avais croisé pendant mes années militantes.

Beaucoup d’estime pour lui, son énergie infatigable pour la défense de la communauté juive et d’Israël.

Je suis resté pleins phares à fixer la fenêtre qui commençait à blanchir. L’aube d’un autre jour.

Autant se lever et boire un café.

Et reprendre « Réflexions sur la question juive » de JP Sartre.

« Les ennemis du Juif ne réclament pas sa mort au grand jour, mais les mesures qu’ils proposent et qui toutes, visent à son abaissement, à son humiliation, à son bannissement, sont des succédanés de cet assassinat qu’ils méditent en eux-mêmes : ce sont des meurtres symboliques. »

Sartre a du entendre, dans cet au-delà auquel il ne croyait pas, les diatribes d’une extrême-gauche à laquelle il a crue.

Sartre a lu Kafka :

« Comme le héros du « Procès », le Juif ne comprend pas ses juges, connaît à peine ses avocats. À chaque fois qu’il tente de se défendre, il s’enfonce un peu plus dans la culpabilité. Cet interminable procès le ronge invisiblement. Il s’attend à ce que des hommes le saisissent, l’entraînent, en prétendant qu’il a perdu son procès, et le massacrent dans un terrain vague des faubourgs. »

Et Sartre de conclure :

« Il n’y a pas de problème juif mais un problème d’antisémitisme. Et ce problème est le nôtre.

C’est notre affaire en premier chef.

Car nous risquons d’en être les prochaines victimes. »

Il fait un peu frais et il pleut ce matin.

Je suis descendu boire un autre café au bistrot.

Des éboueurs sont debout au comptoir, à discuter bruyamment et à gratter des tickets de loterie.

Je les écoute parler de ce qu’ils feraient de leurs gains.

J’ai besoin de penser à autre chose.

© Daniel Sarfati

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1 Comment

  1. Le problème c’est que Sartre a lui-même activement contribué à la montée du décolonialisme, de l’islamo-fascisme et du racisme inversé…Donc de l’antisémitisme.
    Lisez la préface dégoulinante à Frantz Fanon : on dirait du Houria Bouteldja.

    Oubliez Sartre.
    Relisez Proust, Aragon, Orwell, Camus et Jankélévitch.

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