David Horowitz s’entretient avec Tamir Hayman, ex-chef des Renseignements militaires

Photographs of Kfir and Ariel Bibas, who are held hostage by Hamas terrorists in Gaza, seen on a menorah being lit by children at a kindergarden in Moshav Yashresh, central Israel, during Hanukkah, on December 12, 2023. © Yossi Aloni/Flash90

Guerre contre le Hamas : 13 questions à un ex-chef des Renseignements militaires

Le général de brigade Tamir Hayman a passé 34 ans dans l’armée israélienne, une carrière qui s’est achevée par trois années passées à la tête des Renseignements militaires, entre 2018 et 2021. 

Il est maintenant le président de l’Institut international d’études sécuritaires à Tel Aviv, un think-tank de premier plan et il a été, pour les médias israéliens, un analyste éminent, pragmatique, des événements cataclysmiques du 7 octobre et des progrès réalisés dans la campagne militaire israélienne visant à démanteler le groupe terroriste palestinien du Hamas qui a été lancée dans le sillage de ce jour noir.

Dans ces colonnes, dans tout ce que j’ai pu écrire au cours de ces deux derniers mois, j’ai tenté de transmettre un tant soit peu la manière dont Israël fait face militairement, politiquement, socialement et psychologiquement aux répercussions du massacre perpétré par le Hamas où un trop grand nombre, parmi les nôtres, a perdu la vie – l’événement le plus grave que notre État moderne a été amené à affronter. 

Sur le front militaire, j’ai assisté à des conférences de presse variées, j’ai pu un peu aller voir les choses par moi-même et j’ai bénéficié de l’aide de notre infatigable journaliste Emanuel Fabian, spécialiste des questions militaires au Times of Israel. J’ai toutefois pensé que Hayman pourrait apporter de nouveaux éléments de réponse à des questions déterminantes.

Ce qui suit est une retranscription de notre entretien qui a eu lieu en hébreu.
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1. Nous avons entendu parler d’ambitions plus sombres, plus terribles encore que nourrissait le Hamas pour le 7 octobre. Qu’avait donc prévu d’autre le Hamas, ce jour-là ?

Difficile d’imaginer un événement plus grave que ce qui est arrivé. Ce fut une horreur incroyable ; c’est le pire qui est survenu. Au-delà de ça ? Eh bien, si tout ça n’avait pas été stoppé à plusieurs carrefours de premier plan au sein d’Israël, les terroristes seraient entrés sur le territoire plus largement, plus en profondeur.

Et s’ils avaient également réussi à capturer le siège de la division de Gaza, sur la base de Reïm, notre situation sécuritaire aurait été encore plus complexe qu’elle ne l’a été. Mais ils ne sont pas entrés dans le siège, en particulier grâce à l’héroïsme des pisteurs bédouins qui se trouvaient là. Et il y a d’autres zones sensibles où ils n’ont pas pu pénétrer.

2. Nous avons aussi entendu dire que le Hamas ne s’était pas coordonné directement – au moins sur le moment choisi pour l’attaque – avec l’Iran et avec le Hezbollah. Qu’auraient donc fait l’Iran et le Hezbollah si le Hamas les avait informés au préalable ?

S’il y avait eu une coordination plus large, nous aurions pu percer à jour ce qui allait se passer. Nous ne l’avons pas découvert parce que le secret a été conservé au sein d’un groupe de personnes limité, très centralisé.

S’il y avait eu une coordination de cette sorte, la question est de déterminer si l’Iran et le Hezbollah auraient accepté de participer au 7 octobre. Pour ma part, je ne le sais pas.

Il y a deux possibilités. La première, c’était de dire au Hamas : « Non, ne le faites pas ». La seconde, c’était que l’Iran et le Hezbollah donnent leur accord, mais j’imagine que les choses auraient été différentes. Cela aurait fait peser de nouvelles contraintes sur les actions opérationnelles du Hamas. Mais c’est vraiment très dur de répondre à des questions qui restent, malgré tout, largement hypothétiques.

Très certainement, s’ils s’étaient coordonnés bien en amont et que nous n’avions pas découvert le plan, si l’Iran et le Hezbollah avaient donné leur accord pour y prendre part, cela aurait été bien pire.

3. Quel a été le rôle tenu par l’Égypte – avant et après le 7 octobre ? Et l’Égypte a-t-elle permis au Hamas de faire entrer des armes ou des pièces détachées d’armement dans la bande de Gaza au fil des années, en surface ou en empruntant les tunnels transfrontaliers ?

L’Égypte n’a pas soutenu de manière active l’armement du Hamas et elle n’a pas détourné le regard. Le renforcement du Hamas va à l’encontre des intérêts égyptiens. Nous parlons ici d’une itération des Frères musulmans et les Égyptiens n’apprécient pas beaucoup les Frères musulmans en règle générale et ils n’aiment pas le Hamas en particulier. Vous ne trouverez pas beaucoup de gens qui aiment le Hamas dans les États arabes dits « modérés ». A l’exception du Qatar et de la Turquie, vous ne trouverez pas grand monde qui apprécie le Hamas.

Ainsi, le renforcement du Hamas va à l’encontre des intérêts de l’Égypte et les Égyptiens ne les ont pas aidés.

Et aujourd’hui, l’Égypte nourrit une réelle inquiétude à l’idée de voir des réfugiés palestiniens entrer sur son territoire. De son point de vue, cela peut-être potentiellement une situation très dangereuse. Cela peut déstabiliser…. cela peut entraîner des sentiments très problématiques en Égypte. L’Égypte pourrait être accusée de collaborer avec Israël dans le cadre d’une sorte de nouvelle Nakba.

Malgré les clarifications faites par Israël, qui a établi clairement ne pas avoir la volonté d’expulser la population, avec des déclarations variées faites par les ministres et la publication d’une recherche de la part de la ministre des Renseignements, malgré les propos tenus par les hauts-responsables, ils restent très inquiets à ce sujet. [« Il n’y a pas, il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais de projet israélien de déplacer les habitants de Gaza en Egypte. Ce n’est tout simplement pas vrai », a encore déclaré le 10 décembre dernier l’organisme du ministère israélien de la Défense chargé des affaires civiles palestiniennes (COGAT), NDT].

Ils s’inquiètent sur deux calendriers – une expulsion de masse [à court-terme] et aussi à l’idée qu’avec le temps, la politique israélienne pourrait encourager une émigration graduelle en Égypte.

Ils craignent aussi que d’une manière ou d’une autre, ils puissent être tenus pour responsables de Gaza. Et depuis Camp David, ils ont fait savoir de manière très claire qu’ils n’avaient aucune intention de replacer Gaza sous souveraineté égyptienne. Ils s’opposent fermement à toute prise de responsabilité concernant Gaza. Pour eux, la question est liée au conflit israélo-palestinien et elle n’a rien à voir avec un conflit frontalier avec l’Égypte – même si c’est la réalité historique.

4. Évoquons les tunnels à Gaza. Avant le début de l’offensive terrestre, je me souviens avoir entendu l’ancien chef d’état-major adjoint, Yaïr Golan, dire : « Nous savons ce que nous devons faire avec les tunnels et, n’ayez aucune inquiétude, les soldats n’entreront pas dans les tunnels ». L’armée a-t-elle sous estimé l’étendue et la nature de ces tunnels, leur impénétrabilité ?

C’est un problème très grave. Notre évaluation n’a pas été tronquée. Toutefois, c’est un problème compliqué et il n’y a pas de solution magique. Nous utilisons un grand nombre de techniques. La plus efficace, c’est celle que nous avons mise en place dans le nord de Gaza : Vous travaillez depuis les airs avant l’entrée des forces terrestres. Ensuite, vous prenez le contrôle du secteur sur le terrain, sous le terrain, puis vous achevez la destruction de ce qu’il y a en souterrain à l’aide de techniques variées permettant de localiser les tunnels et de les démolir. Vous passez ensuite au secteur suivant. C’est très lent – parce que vous travaillez à la fois sur la surface et sous la surface.

A Gaza City, dans le nord de Gaza, c’était possible. Dans le sud de la bande, pour des raisons opérationnelles, nous avons agi différemment. L’incursion terrestre, là-bas, avance bien plus vite mais le problème est plus grave sous le terrain – et il y a donc en conséquence un plus grand nombre d’embuscades, d’hommes armés qui sortent des puits de tunnels, d’explosifs placés là et nous en payons le prix fort.

5. Raisons opérationnelles ou pressions internationales ?

Non. C’est opérationnel. La pression internationale, c’était pour évacuer les non-combattants avant l’arrivée des forces terrestres et c’est quelque chose que nous, de toute façon, nous aurions fait. Nous n’avons aucune intention de porter atteinte à des innocents.

6. Les tunnels ne sont pas tous reliés les uns aux autres ? Je me suis inquiété du fait, par exemple, que lorsque l’armée a repris son offensive terrestre après la trêve [dans la dernière semaine du mois de novembre, une pause qui a été marquée par la libération de 105 otages], les hommes armés du Hamas avaient pu repartir vers le nord et qu’ils pouvaient recommencer à émerger, une fois encore, des souterrains dans des secteurs que Tsahal pensait avoir sécurisés. Et vous dites que l’armée a séparé les tunnels du nord de ceux du reste de la bande ?

Absolument. Le Hamas est divisé en cinq brigades et en 24 bataillons. Chaque bataillon a son propre district souterrain, où il manœuvre et où il se déplace d’un endroit à un autre. Et il y a des secteurs qui relient les bataillons. Pour vaincre un bataillon, il faut détruire ses caches, en sous-sol, détruire les jonctions entre les tunnels et détruire les puits, il faut neutraliser la capacité des terroristes à se déplacer en souterrain. C’est compliqué et il faut beaucoup de temps.

Quand vous êtes parvenu à empêcher un bataillon de fonctionner en surface et dans ses tunnels, il fuit – ou il dépose les armes. Il ne peut plus fonctionner. C’est ce qu’on appelle « vaincre un bataillon du Hamas ».

Si vous stoppez l’offensive ou si vous quittez le terrain, ils peuvent se réorganiser. Mais pas pendant les combats.

7. Est-ce que, de manière générale, la guerre se déroule comme prévu ? Je déteste utiliser le mot « bien», en particulier au vu du nombre de morts qui augmente. Le plan est bon ? Il est efficace ?

Aux niveaux tactique et opérationnel, oui – même si gérer tout ce qui est en souterrain reste une difficulté majeure.

Et la capacité à libérer des otages par le biais d’opérations militaires est très, très limitée. La plupart des otages que nous sommes parvenus à faire libérer l’ont été grâce à des négociations, pas grâce à des raids de l’armée. On tente encore.

Aux niveaux stratégiques, diplomatiques, nous arrivons au moment de vérité. Nous allons devoir traduire nos réussites militaires en plan diplomatique : Quel sera l’avenir alternatif à Gaza ?

Peu importe le choix que nous ferons, il devra être intégré – [dans le cadre de l’établissement d’une instance dirigeante] en couvrant la politique étrangère, l’économie, l’intérieur, l’État de droit, la sécurité, bien sûr… Mais à cause de ce que je pense être des raisons principalement d’ordre politique, les décisions autour de la gouvernance à Gaza, au lendemain de la guerre, ne sont pas prises. Ce qui rend beaucoup plus difficile, pour l’establishment de la sécurité, de planifier ce qui devra être mis en œuvre pour « ce jour d’après ».

8. Le fait que vous disiez cela laisse entendre – en termes de ce qui a d’ores et déjà réalisé – que la guerre est très avancée, que l’armée est presque parvenue à démanteler le Hamas, qu’elle pourrait commencer à intégrer ces avancées dans la planification à long-terme ?

Nous progressons comme prévu. Plus lentement que ce que nous avions pensé mais conformément au plan, conformément aux phases. Nous atteignons tous les objectifs que nous voulions atteindre et que nous devions atteindre.

Il y a cette impression que c’est terminé. Cela ne l’est pas encore. Il reste beaucoup à faire.

La guerre fait payer le prix lourd en matière de vie de nos soldats. Mais comparativement au défi organisationnel, les choses auraient pu être bien pires. La zone est surpeuplée ; les soldats affrontent un ennemi très bien organisé qui s’est préparé pendant des années à combattre dans son arrière-cour. Et pourtant, nous réussissons. L’ennemi ne nous arrête jamais. Nous ne sommes jamais arrêtés. Nous travaillons avec beaucoup de professionnalisme. Alors l’essentiel, c’est que oui, l’effort opérationnel et tactique est très bon.

Nous devons penser au lendemain de la guerre.

9. Est-ce que vous êtes en train de dire que si le gouvernement avait décidé – disons – que l’AP devait prendre le pouvoir au lendemain de la guerre, cette dernière serait gérée différemment aujourd’hui ? Et que parce qu’aucune décision n’a été prise, quelque chose qui aurait dû se dérouler sur le terrain n’a pas forcément été pris en compte ?

Dans la phase initiale de la guerre, quand on s’acharne à démanteler, à détruire le Hamas, cela ne fait aucune différence. Mais dans les phases plus avancées, quand vous êtes parvenus à détruire suffisamment le Hamas, il faut décider de ce qu’on ne va pas toucher, de ce qui sera préservé de manière à épargner ce qui, selon vous, servira de base au niveau des infrastructures – de ce qui servira de base permettant à une gouvernance alternative de fonctionner. Parce que si vous n’avez pas ce plan de l’après-guerre, vous pouvez être amené à détruire par erreur quelque chose que vous auriez finalement souhaité conserver.

Je vais vous donner un exemple théorique.

Disons que c’est une famille locale que vous souhaiteriez voir au pouvoir après la guerre, une famille riche qui veut contrôler Gaza. Vous avez décidé de ne pas tuer ses membres, de ne pas leur porter atteinte. Vous devez préserver ses avoirs, sa force. Il faut donc que vous vous limitiez – ce qui nécessite un plan opérationnel.

Ou disons que vous preniez la décision que vous souhaitez qu’un « mandat international » puisse prendre en charge Gaza pendant quelques années – un protectorat – alors il faut que vous décidiez au niveau diplomatique, déjà maintenant, qui présidera ce mandat ; il faudra que vous rencontriez les parties, que vous puissiez définir à quoi ressembleront les infrastructures, ce qui devra être conservé, comment les choses se passeront au lendemain de la guerre. C’est maintenant qu’il faut travailler là-dessus.

10. Y-a-t-il la possibilité de voir une famille locale – Israël avait déjà essayé une telle formule il y a des décennies, en Cisjordanie – ou un mandat international assurer la gouvernance à Gaza ? Est-ce que ces deux options sont possibles ou y en a-t-il d’autres ?

Il faut combiner les choses. Je ne crois pas personnellement en cette idée locale parce que toutes les familles ont, d’une manière ou d’une autre, coopéré avec le Hamas. Il y a dû y avoir une protection payée au Hamas. Mais ce qui est possible, c’est une combinaison réalisée à partir d’un acteur international qui va nourrir, construire et superviser une sorte de gouvernance alternative qui ne sera pas celle de l’Autorité palestinienne telle que nous la connaissons mais celle d’une Autorité palestinienne future, différente, déradicalisée et réformée en profondeur.

Si l’Autorité palestinienne n’accepte pas de traverser ce processus de réforme, alors un mandat international intermédiaire restera longtemps. Jusqu’à ce qu’elle l’accepte.

11. Et qui pourrait détenir ce mandat ? Quel acteur international pourrait accepter de porter à ses lèvres ce calice empoisonné ?

Le Premier ministre a évoqué lundi dernier, devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense, les Saoudiens, par exemple. Il y a aussi la possibilité, pour les États du golfe, de se rallier à une telle initiative – une initiative qui pourrait être examinée alors que les Américains veulent réellement voir s’établir des partenariats plus chaleureux au Moyen-Orient. Il y a aussi des États européens qui veulent vraiment apporter leur aide dans le redressement de la bande. Ce qui peut aussi être utilisé.

Dans l’ensemble, il y aura une sorte de combinaison de trois éléments. Le premier, quelque chose d’international qui prendra en charge le redressement de la bande. Une composante bureaucratique de l’Autorité palestinienne – je ne parle pas ici de Ramallah, mais du Fatah local à Gaza. Et peut-être quelques responsables de Gaza. La combinaison de ces trois éléments – un protectorat international ; les vestiges de l’Autorité palestinienne à Gaza et un élément local – c’est précisément le mélange qui pourrait permettre de faire apparaître quelque chose de différent. Mais nous devons rester d’une grande humilité s’agissant d’évoquer l’avenir d’une zone qui est aujourd’hui une zone de guerre.

12. Que doit faire Israël face à la menace des Houthis ?

Cette situation de blocus contre Israël, avec dorénavant un boycott du transport maritime d’Israël, est intolérable pour Israël et c’est aussi intolérable du point de vue géostratégique. Israël est un État insulaire qui est dépendant à plus de 90 % des approvisionnements amenés par voie maritime. Il n’y a que deux itinéraires seulement – via le détroit de Gibraltar ou via le détroit de Bab el-Mandeb. 

Et ce que nous vivons en ce moment même, où la moitié de l’itinéraire est bloquée, ce qui a un impact négatif sur une grande partie du commerce en provenance d’extrême-orient, c’est inacceptable et c’est impossible. C’est un problème international qui concerne la liberté sur les mers. Mais c’est principalement le problème d’Israël. Et Israël doit absolument savoir comment faire face à ce problème même si la communauté internationale, de son côté, ne le prend pas en charge.

13. Et enfin, il faut que je vous pose la question que tout le monde se pose depuis deux mois – et que tout le monde continue de poser – parce qu’elle est inconcevable : Comment les agences de renseignement israéliennes, comment l’armée, comment l’establishment de la sécurité ont-ils à ce point échoué à comprendre ce que le Hamas était en train de planifier ? Nous l’avons entendu depuis le sommet de la hiérarchie jusqu’à ceux qui se sont battus avec héroïsme, le 7 octobre : « Jamais nous n’aurions imaginé qu’une chose pareille puisse se produire. Même dans nos pires cauchemars… »

Je ne le comprends tout simplement pas. Nous savions qui étaient les commandants du Hamas. Nous connaissions les bataillons. Nous savions ce qu’ils faisaient. C’est votre monde. Pourquoi les postulats n’ont-ils pas été mis en doute ? Pourquoi les mises en garde ont-elles été écartées ? Comment est-ce que cela a pu se produire ?

C’est la question à un million de dollars. C’est la question que se pose la communauté des renseignements toute entière, jour et nuit. Où nous sommes-nous trompés ? Et pourquoi nous sommes-nous trompés ?

L’erreur qui a été commise a été une erreur d’évaluation. Je préfère ne pas parler d’erreur de « conception ». C’est un échec en matière d’évaluation. C’est le cœur de ce qu’est le renseignement. Et l’évaluation était que le Hamas ne s’intéressait pas au déclenchement d’une guerre. Et que toutes les violences que nous avions constatées dans la période précédant le 7 octobre, avec le dit « soulèvement» à la clôture frontalière, émanaient de problèmes d’argent. 

Avec l’idée que si l’argent qatari pouvait à nouveau entrer dans la bande, alors le groupe terroriste reviendrait à une certaine retenue. Les fonds du Qatar ont recommencé à affluer, avant le 7 octobre, et cela a, en effet, freiné les violences, ce qui a renforcé l’idée que le Hamas avait été dissuadé de s’en prendre en Israël. C’était la manière d’analyser les choses.

Et tous les renseignements qui ont été reçus et qui étaient susceptibles d’être interprétés conformément à cette façon de pensée, ont été analysés à travers ce prisme. Ce qui s’est même appliqué aux bribes d’information obtenues dans les heures qui ont précédé l’attaque, parce que la conviction que le Hamas ne voulait pas la guerre était profondément présente.

Et pourtant, il y a une chose que cela n’explique pas. Cela ne fait que décrire le problème. Cela n’explique pas le problème, parce qu’il y avait des mécanismes qui étaient censés le prendre en charge, des mécanismes de contrôle, la Ifcha Mistabra [l’unité de l’avocat du diable] et autres. Il y a deux importantes hiérarchies dans les services de renseignement qui travaillent séparément sur la même chose, de manière à être en mesure de formuler les informations obtenues de manière indépendante, l’une par rapport à l’autre – le Shin Bet et les Renseignements militaires – et les deux se sont trompées de la même manière.

Je n’ai aucune explication satisfaisante à apporter. Il y aura une enquête.

Entretien mené par David Horovitz pour TOI

https://www.timesofisrael.com/how-did-we-go-so-wrong-13-questions-for-a-former-idf-intelligence-chief/

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