Emmanuelle Berdugo. Juifs de France et du monde entier, Venez, Rejoignez-nous, rejoignez votre terre

L’appel est historique, le grand  shofar sonne dans  toutes les contrées, au-delà des plaines et des montagnes, par-dessus la tour Eiffel et la statue de la liberté, il atteint tous les continents,  ne bouchez pas vos oreilles, ne dites pas ça va passer, ne rentrez pas vos mezouzot a l’intérieur de chez vous, ne rasez pas les murs, ne baissez pas le rideau de vos commerces, ne cachez pas vos étoiles de David sous une écharpe, n’organisez pas des marches de soutien, des rassemblements interreligieux, des tribunes indignées dans les journaux, venez, tout simplement, tout comme vous êtes, le peuple juif a besoin de vous, du tréfonds de son histoire, il vous appelle à le rejoindre,  à être la tous ensemble, Am Ehad Be Lev Ehad, un peuple uni au cœur uni, sur sa terre.

Ne réfléchissez pas.

On fera de la place, on poussera les murs, on ouvrira nos portes, nos cœurs, nos porte monnaies, nos cuisines, on chantera ensemble, fous que nous sommes tous, peuple de bardes qui chantons faux mais vrai, peuple de larmes et de fous rire, peuple de vie, rentrez chez vous, maintenant.

Ne dites pas : le gouvernement nous protège. Le français moyen, l’américain moyen, le russe moyen, n’est pas antisémite. Allons en Corse. Allons en Provence. Allons en Alaska. Les esquimaux sont hospitaliers. Ne dites pas tout cela ; regardez votre destin droit dans les yeux, ne le fuyez pas, ne lui jetez pas vos arguments rationnels, vos calculs, vos états d’âme, vos assurances maladie, vos baguettes, vos New York, vos congés, vos je suis un français juif, je suis un américain juif, à la tête. Le destin du peuple juif en a vu d’autres. 

Venez. 

Ce n’est pas une leçon de morale, et puis mince, je m’en fous de ce qu’on pense ou dit, je ne suis plus à ça près, ne comprenez-vous pas, mes amis, mes frères et mes sœurs, que nous avons besoin de vous ? Ce n’est ni infranchissable ni insurmontable, je raccroche et vous venez, vous cherchez un billet sans retour, vous faites vos cartons, vous vendez ou mettez en vente, vous trouvez une location ici, vous montez dans l’avion, vous jetez votre logique par-dessus le tarmac, vous fermez les yeux, vous les ouvrez quatre heures plus tard, vous embrassez le sol, on vous chantera la tikva, vous direz que vous êtes fous, mais chez les fous tout le monde est fou, nous sommes un peuple de fous, la folie est douce, la folie est une fente par laquelle s’accomplissent  les miracles, venez mes amis, mes frères, mes sœurs, vous ne savez pas à quel point on vous aime, à quel point on vous attend,  à quel point c’est le moment.

Maintenant.