Jean-Pierre Elkabbach. Que la Terre lui soit légère

Alors voilà. Vous partez comme ça. Et ça me donne envie de pleurer. Vous m’avez tellement fait pleurer. J’étais émotive à l’époque faut dire, et puis vous aviez tellement le don de m’énerver.

En même temps, il y en a pas beaucoup que j’aie autant admirés.

Je me souviens comme si c’etait hier de la première fois où j’ai entendu votre voix. Enfin, dans la vraie vie, parce qu’avant, on s’était réveillé ensemble vous et moi pendant des années entières, des longs mois d’hiver quand il faisait encore nuit. Jean-Luc Delarue et vous, vous envahissiez ma chambre de lycéenne…

“Un nouveau jour se lève…”

Je me réveillais avec votre voix. Quelques années plus tard, dans un RER entre Paris et Versailles, mon téléphone a sonné.

“Allô c’est Jean-Pierre Elkabbach”

J’ai failli m’évanouir dans un RER entre Paris et Versailles.

Trois jours plus tard, j’étais dans votre bureau. Trois jours et dix minutes plus tard, vous m’aviez embauchée. Ma mère m’a dit: “Tu es payée combien?” J’avais oublié de vous demander. Ou j’avais pas osé.

Trois ans vous et moi. Vous, le front plissé, vos stylos noirs, rouges et bleus, vos petites fiches en carton, des heures à bosser vos interviews. Vous m’avez appris quoi…. tant.

Si souvent j’ai dit: “Je suis un bébé Elkabbach”

Alors ce soir, je suis un peu orpheline. 

La dernière fois que l’on s’est vu, c’était à L’Esplanade, vous étiez à votre table, vous savez celle au fond à gauche. Un ami est passé et vous lui avez dit:  “C’est moi qui l’ai faite, elle devrait me donner la moitié de sa boîte…”

“Un bébé Elkabbach”. D’autres diront votre intelligence, votre opiniâtreté, votre côté insupportable, excessif, à fleur de peau, possessif. D’autres diront “Europe 1”, “France télé”.

Moi je me souviens juste du jour où vous m’avez dit: “Geraldine, tu vas partir faire le Tour de France.

Mais on n’a pas les moyens de payer des faisceaux pour envoyer les images à Paris!

Pas grave. Tu partiras deux jours avant et tu enverras tes cassettes par la poste.”

Grâce à vous, j’ai fait le Tour de France sans jamais voir un vélo.

Ce soir, vous avez réussi à me faire pleurer une dernière fois. Je suis si triste… 

Je vous embrasse avec une tendresse infinie. 

Géraldine

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2 Comments

  1. Il est parti Jean-Pierre Elkabbach c’était un journaliste talentueux, original, il osait tout quitte à exaspérer les interwievés. Ce n’est demain que nous retrouverons un homme de cette trempe. Qu’il repose en paix.

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