Daniel Sarfati. L’air de rien, dans un “pulp magazine”, William Irish parlait déjà de la Shoah en 1942

Il faisait encore frais tôt le matin, dans les allées du jardin du Luxembourg. 

Près des ruches, des hommes en scaphandres interdisaient l’accès aux pelouses. Des abeilles s’étaient échappées. 

Je me suis mis à l’abri sous un marronnier, avec mon Thermos de thé/verveine glacé Wissotsky et un recueil de nouvelles de William Irish. 

Des marrons jonchaient le sol, un air de rentrée scolaire. 

En 1942, William Irish dans “The Orphan Diamond” décrit l’inspecteur Cooper :

“Cooper n’avait pas l’air d’une lumière. Il arborait toujours un air perplexe et embarrassé. 

Il tournait en rond, passait d’une pièce à l’autre, l’air de ne rien y comprendre et de ne pas savoir ce qu’il fallait faire.

Mais il n’y avait que les gens du dehors pour s’y laisser prendre”.

William Irish a inventé l’inspecteur Columbo. 

D’emblée j’ai compris que l’assassin ne s’en sortira pas, que Cooper/Columbo va s’accrocher à lui comme une teigne. 

La température a franchi les 30 degrés. 

Plus un seul endroit à l’ombre. 

Les abeilles sont retournées dans leurs ruches. Les pelouses sont de nouveau accessibles aux familles et aux amoureux. 

Cooper/Columbo a fini par coffrer le sale type qui a assassiné Mme Kolman.

“Les Kolman sont arrivés de l’autre côté, d’Europe, parmi les premiers réfugiés il y a quelques années, avant que ça ne tourne vraiment mal…Paraît-il que toute sa famille qui était restée là-bas a été exterminée. Y en a pas un de vivant, même pas un lointain cousin”.

William Irish a écrit cette nouvelle en 1942.

L’air de rien, dans un “pulp magazine”, il parle déjà de la Shoah. 

Je me suis abrité à la “Grande Épicerie”, climatisée. 

C’est la Foire aux vins. 

J’ai croisé dans les allées le comédien Michel Blanc qui poussait tristement son caddie. Les humoristes ne sont pas tous des rigolos. 

Je l’avais beaucoup aimé dans le film “Monsieur Hire”, tiré d’un roman de Georges Simenon. 

Un roman qui raconte un pogrom. 

Simenon avait commis dans sa jeunesse des articles antisémites sous pseudonyme. 

Avec “Les fiançailles de Monsieur Hire”, Simenon décrit de façon implacable la mise à mort d’un juif, injustement accusé d’un meurtre, par la foule. Ce livre est paru en 1933. 

J’ai fait quelques affaires à la Foire aux vins. 

Un Cornas, un Clos des Fées, un St Julien. 

Un Meursault très beurré que j’ai dégusté avec des huîtres Gillardeau le soir-même. 

A la télé, rien de très intéressant. 

Deux épisodes de Columbo que j’avais déjà vus.

© Daniel Sarfati

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