Pierre Saba. “Ghetto”, “Mellah”, et Quartiers socio-ethniques

Dans le cadre des conflits socio-ethniques qui burinent en France, inexorablement, les tissus institutionnels et la vie des citoyens, le mot « ghetto » apparaît souvent dans les commentaires publics.

Cet emploi ne correspond ni à sa définition, ni à la réalité de l’espace public français qui y est assigné.

Le « ghetto » est la réminiscence de l’incarcération nocturne et parfois diurne des Juifs vivant à Venise puis par endroits en  Italie avant leur émancipation civique au XIX eme siècle. 

Jusqu’à leur expulsion définitive dans les années cinquante, les Juifs vivant dans la plupart des régions du monde arabe étaient soumis au même régime que celui du « ghetto »: celui   du « mellah ».

Ce mot est repris par les régimes antisémites ayant asservi l’Europe entre les deux guerres et pendant la seconde guerre mondiale.

Depuis, des mouvements politiques, des intellectuels, des idéologues, des journalistes, des enseignants utilisent le mot « ghetto »  pour décrire les quartiers en lesquels vivent en majorité des travailleurs immigrés, des publics « issus de l’immigration » africaine et nord africaine.

Cette utilisation est fausse

Cette utilisation est fausse. Elle est contraire à l’Histoire, à la destination et au sens du « ghetto » tel qu’il a existé. Au moins neuf raisons l’attestent.

1- Il n’existe aucune séparation matérielle (mur, palissades, contrôle de police etc) entre ces quartiers et les autres.

2- L’autorité publique n’impose aux résidents de ces quartiers aucune condition ni restriction de déplacements hors et vers lesdits quartiers.

3- Les restrictions et conditions de déplacements des personnes hors et vers ces quartiers sont « déterminées », autorisées ou refusées par des délinquants qui s’imposent  de l’intérieur en autorité de fait.

4- Il s’agit donc non de « ghetto » avec conditions d’entrée et de sortie décidées depuis l’extérieur par l’autorité publique mais du contraire! C’est l’autorité de fait, délictuelle & illégale, qui décide depuis l’intérieur de ces quartiers des allers et venues des résidents et des non-résidents.

5- Le pouvoir délictuel de l’intérieur de ces quartiers est formé en milices. Il est financé par des mouvements confessionnels français et étrangers, dont la plupart est connu des services de Police, de Justice et de renseignements de l’Etat.

6- L’étendue des pouvoirs de ces équipes délictuelles est total au sein de leurs quartiers. Ils empêchent, ralentissent & s’opposent physiquement & avec armement à la restitution de ces espaces délictuels à la Puissance publique.

7- Ces quartiers bénéficient pour la plupart d’investissements   réguliers de l’autorité publique destinés à la rénovation et à l’entretien…régulièrement détruits par les milices.

8- Les résidents de ces quartiers qui ne correspondent pas à la « réglementation » illégale mais implacable des milices dirigeantes sont tourmentés, violentés, battus, abattus et finalement poussés vers l’extérieur.

9- Les ghettos subissaient des incursions de « razzias » et de « pogromes » qui causaient de nombreux morts. Les quartiers dont il s’agit ici subissent les incursions de bandes rivales et très rarement de police d’investigation.

En d’autres termes, et pour conclure:

Le « ghetto » constituait un espace obligatoire, giratoire, chronique, clôturé et clos pour les personnes juives. L’intervention de l’autorité publique gérait les entrées et sorties. Elle n’avait comme but exclusif que l’asservissement et la coercition des populations qui y étaient concentrées.

Identifiés à tort comme « ghetto », ces « quartiers » socio-ethniques actuels ne subissent aucune contrainte de présence ni aucune assignation physique de la Puissance publique. Au contraire, ce sont les milices confessionnelles et de distribution des drogues qui soumettent ces quartiers à la violence et les soustraient à la Loi.

Par conséquent, tout emploi du terme « ghetto »  pour désigner des quartiers défavorisés soumis à des milices « hors la loi » est a minima une erreur et a maxima un outil idéologique raciste, antisémite et antidémocratique.

La meilleure définition des quartiers  soumis aux milices est sans doute celle revendiquée par ces milices elles-mêmes: quartier socio-ethnique. 

© Pierre Saba

6 septembre 2023 

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