Gérard Kleczewski. Et maintenant on fait quoi

Des policiers lors de violences urbaines à Nanterre, le 29 juin 2023. — © Christophe Ena/AP









Je suis de cette grande majorité de Français qui depuis trois jours assistent médusés, bouleversés, horrifiés, attristés, en colère aussi, à ce qui se déroule dans leur pays. Autour de chez eux. Parfois même chez eux, en bas de leur maison ou dans leur rue. 

Une explosion de violence brute et généralisée de certains « jeunes des quartiers », de destructions à priori sans but, de sauvageries en tous genres, d’incendies et de pillages, de guérilla urbaine contre des milliers de policiers descendus face à eux pour en découdre. Les médias comparent notre situation avec celle des « émeutes de 2005 ». Il ne faut pas être grand clerc, ni un fin analyste de l’actualité, pour comprendre que la situation est bien plus grave… 

Il faut comme moi être habitant de ces quartiers, dit « populaires », pour ressentir cet étrange et douloureux sentiment d’être pris en otage, en étau, dans un conflit qui n’est pas nouveau et qui doit tout d’une part à l’incompréhension de la situation de nos gouvernants depuis au moins 30 ans, d’autre part de la montée en puissance d’une sous-société, ou si l’on veut d’une société parallèle, qui déteste absolument toutes les valeurs qui constituent la République et la France, bien aidée par des partis politiques –  notamment un – dont l’intérêt est clairement de voir le pays à genoux. 

Des partis qui n’ont rien retenu des leçons de l’histoire (la connaissent-t-il du reste ?) et pensent tirer les marrons du feu d’un chaos et d’un incendie que non seulement ils ne veulent pas voir s’éteindre mais qu’au contraire ils attisent, en bons pyromanes qu’ils sont.

Tous responsables, tous coupables 

A la vérité, nous sommes tous responsables de ce qui se passe devant nos yeux. Pas qu’eux. Moi y compris. 

Croire que tout ce qui se déroule chaque nuit depuis mardi ne serait que la conséquence de la bévue d’un flic à la gâchette facile, tuant un jeune décérébré qui voulait lui échapper et n’avait rien à faire, à 17 ans, sans permis et sans assurance, dans une voiture avec 350 chevaux sous le capot, est stupide. En tous cas extrêmement réducteur… 

Tout ceci n’est que prétexte. Ou, si l’on veut, l’étincelle providentielle attendue fébrilement par des nihilistes se prétendant insoumis, quitte à tordre, tel un torchon mouillé, le slogan national « Liberté, Egalité, Fraternité » que l’on peut encore lire (mais qui le comprend ?) sur les façades des mairies et des écoles… Enfin, celles qui n’ont pas encore brûlé ! 

Emmanuel Macron croit-il encore avoir une autorité sur ce pays, après l’épisode des Gilets Jaunes, celui de la gestion chaotique de la pandémie, celui de la loi Retraites et maintenant celui de ses émeutes aux quatre coins du pays, qui n’en peut plus ? 
A l’heure où commençaient les émeutes et que démarrait l’Aïd, il paradait à Marseille avec l’essentiel de son gouvernement, pour se féliciter des résultats obtenus par « son plan exceptionnel » pour la deuxième ville de France… Qui n’a pas moins brûlée dès le lendemain de son départ, tandis qu’il partait à Bruxelles…  Cet exercice d’autosatisfaction, médiatisé à l’envi, marque ce profond malaise, cette profonde séparation, cette immense incompréhension entre ceux « d’en haut » et « ceux d’en bas ». 

Les politiques sont responsables, Macron compris. Mais c’est nous qui les avons élus. Nous le sommes donc aussi. Surtout, pourrait-on dire. Nos institutions, nos médias, une partie des élites réellement « sûres d’elles-mêmes et dominatrices », ne le sont pas moins.  

« Si tu es si critique, m’avait-on dit un jour, pourquoi ne te présentes-tu pas ou ne prends-tu pas ta carte dans un parti ? ». Je suis de ceux qui n’ont pas voulu, quand ils étaient encore en âge de le faire, s’engager en politique parce que je voulais être libre. Parce que j’avais bien perçu et compris avec mes parents la souffrance du militantisme confronté au réel, à la suffisance et à la corruption du monde politique français. Je ne voulais pas être enfermé dans un carcan. Je ne voulais pas avaler des couleuvres, suivre aveuglément des consignes « venues d’en haut ». Sans doute aussi que l’offre politique que l’on me proposait ne me convenait pas. J’avoue qu’elle me convient encore moins aujourd’hui. 

Alors oui, je suis coupable, car j’ai sans doute eu tort, comme nombre de mes amis, de faire confiance « à d’autres » au fil des élections où j’acceptais de voter « par défaut » et pas par conviction. 

On dit souvent qu’il faudrait un homme providentiel à la France, comme De Gaulle le fût autrefois. Je n’espère rien de cet ordre, mais je m’interroge à haute voix en écrivant cet article : « Et maintenant on fait quoi ? ». Je suis certain que, quel que soit votre bord politique, vous avez une ou plusieurs réponses à cette question. 

A l’heure, où j’écris ces lignes, moi qui ne suis donc d’aucun bord et d’aucune chapelle – mais qui n’en a pas moins des idées, j’essaye juste de garder une pincée d’espoir dans l’émergence de solutions et de choix forts qui reconstruiraient le château branlant qu’est devenu mon pays. Mais je doute et, je l’avoue, j’ai peur. 

© Gérard Kleczewski

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3 Comments

  1. Macron et ses médias aux ordres n’ont fait qu’inciter à la haine et à la violence depuis 6 ans allant jusqu’à applaudir les prêcheurs de haine (certains devenus ministres) et à stigmatiser tous les lanceurs d’alerte. En élisant Macron et Biden (donc BLM), la France et les USA se sont eux-mêmes condamnés à la guerre civile : les électeurs de Macron et Biden devraient rendre des comptes au reste de la société et aux générations futures.
    Et on ne dira jamais assez à quel point SOS racisme et la LICRA ont contribué à semer la haine et la division, à transformer les victimes en racistes : le procès fait à Georges Bensoussan est un procès fait à des dizaines de millions de Français.

  2. Bravo Gérard pour cette excellente analyse. Non à la gouvernance actuelle de notre pays. Nous n’avons rien à faire avec la corruption russe, ukrainienne et même démocrate américaine ! Notre intérêt, c’est celui de notre pays, de la solidarité nationale, du vivre ensemble harmonieux quelle que soient nos origines etnico-religieuses. Tout cela est bafoué par des insensés et des forces maléfiques partout en France, même en Alsace-Lorraine, terre concordataire, en Belgique et à Lausanne, en Suisse alémanique ! L’accueil généreux scandinave est même piétiné par les ingrats qui en profitent sans aucune honte ! Arrêtons ce grossier scandale ! Tous ensemble, judéo-chrétiens, musulmans et autres compatriotes de fois et philosophies diverses, serrons les rangs pour le triomphe de l’harmonie et la paix dans notre pays, la France, patrie de la Liberté, de l’Egalité et de la FRATERNITÉ !

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