Ypsilantis. En lisant “Les frontières d’Auschwitz” de Shmuel Trigano

Tous ces auteurs qui dans les années 1990 ont évoqué “l’abus de mémoire” des Juifs et ses conséquences néfastes. Le pamphlet de Norman G. Finkelstein : “L’Industrie de l’Holocauste, réflexions sur l’interprétation de la souffrance des Juifs”. Dans “Les Palestiniens, victimes des victimes”, Edward Saïd fait usage de cette adroite rhétorique qui permet de capitaliser le bénéfice victimaire que les Juifs sont supposés retirer de la Shoah. Guerre psychologique avec le “massacre de Jénine” et la béatification de Yasser Arafat, toute une manipulation au nom de la mémoire de la Shoah avec la gauche qui s’est employée à faire croire que le spectre de cette mémoire planait sur les Palestiniens. Les Palestiniens comme substitut au prolétariat, enfants chéris des catholiques de gauche et des altermondialistes, toute une mystique qui fait d’eux le sujet révolutionnaire par excellence.

1 – L’obscur objet de la mémoire. 

Comment expliquer la proximité dans les années 1990 de la mise en œuvre du “devoir de mémoire” et de la mise en accusation de la mémoire juive de la Shoah ? Phénomène psychologique de compensation ou tentative de déculpabilisation avec ce constat : les victimes sont devenues les bourreaux ? L’auteur repousse cette thèse de la “compensation”. On constate que parmi ceux qui plaignent et célèbrent les Juifs de la Shoah certains accusent les Juifs (de nazisme notamment) du fait de leurs liens avec Israël. Il faut envisager ce dévoiement en regard du “devoir de mémoire”, étrange expression qui situe d’emblée l’enjeu sur le terrain psychologique. Nous avons donc affaire à un concept défaillant. La présence en chair et en os des Juifs paraît incongrue, obscène même, dans l’univers moral et désincarné du “devoir de mémoire”. Le Juif paraît trop “réel” face à l’absolu de l’Homme exalté dans sa condition victimaire. Ce ne sont pas les Juifs qui sont l’objet du “devoir de mémoire” mais la tragédie humaine qu’ils ont expérimentée non en tant que Juifs mais en tant qu’hommes. Ainsi en vient-on à stigmatiser en toute bonne foil’égocentrisme juif “lequel fait obstacle à la reconnaissance des autres génocides de l’histoire”.

Shmuel Trigano

2 – Le syndrome du devoir de mémoire.

Le “devoir de mémoire” envisage des individus abstraits victimes d’une “tragédie sans nom” alors que c’est le peuple juif qui a été visé, un peuple sans État. Le “devoir de mémoire” célèbre le peuple défunt au moment même où il ignore le peuple vivant. Il campe des abstractions telles que : la Shoah est le “mal absolu”. On se met à flotter dans les nuées métaphysiques alors que la Shoah “est l’œuvre spécifique d’un État moderne, en plein cœur de l’Europe et dans la modernité démocratique”. Cette rhétorique parée des atours de l’universalisme et de la morale permet tous les renversements. S’en suivent trois types d’attitude envers la Shoah :

  • Le non-sens. On enseigne la Shoah aux jeunes générations par “devoir de mémoire” mais on ne les invite pas à réfléchir à la question : Pourquoi eux, les Juifs ? Ainsi les victimes restent-elles floues et la violence nazie apparaît-elle délirante. Comment définir ce que sont les Juifs ? On peut transmettre deux données factuelles historiques à ce sujet : l’anti-judaïsme chrétien (voir Jules Isaac) et l’Émancipation des Juifs par la Révolution française qui, en faisant d’eux des citoyens en bonne et due forme, les a – malgré elle dira-t-on – exclus et persécutés en tant que peuple dans toute l’Europe, d’où l’émergence du sionisme. La Révolution française ne reconnut la citoyenneté aux Juifs qu’en tant qu’individus. Napoléon 1er les assigna à résidence et les surveilla par le biais du Consistoire israélite. En France, la Révolution de 1848 vit l’émergence d’un antisémitisme virulent, celui du socialisme naissant (voir en particulier Fourier et Toussenel). On connaît la suite : Drumont, l’affaire Dreyfus, Vichy, les années 1970 et “l’antisémitisme tiers-mondiste dans sa mouture antisioniste” qui aboutit à l’exclusion des Juifs comme peuple, avec la diabolisation de l’État d’Israël. Mais insister de la sorte revient pour l’enseignant du ministère de l’Éducation nationale à interroger le récit national et la civilisation européenne, à révéler la face obscure de l’Émancipation promulguée par la Révolution française – plus généralement, la part d’ombre que recèlent les Lumières. On aimerait que les Juifs se désolidarisent du destin du peuple juif : c’est l’impossibilité des Lumières à reconnaître dans les Juifs un peuple à l’égal des autres. L’historiographie française, nationale et républicaine, n’enseigne pas l’histoire, elle véhicule un message abstrait, un enseignement moral peu conséquent. Ainsi a-t-elle beaucoup à voir avec le “devoir de mémoire”. Pourtant la Shoah “s’inscrit objectivement dans l’histoire de chaque pays européen, et avant tout dans celle de l’Europe en tant que civilisation.”
  • L’évasion. La leçon de la Shoah s’est construite comme objet de “mémoire” et non comme question politique, avec défaillance de la démocratie et du statut politique du peuple juif dans le système des États-nations, un tour de passe-passe en quelque sorte qui épargne à l’Europe d’avoir à explorer certains de ses recoins, qui autorise la Révolution française à faire la belle, aux Lumières à poursuivre leur opération d’aveuglement…
  • La mystification. La Shoah se trouve ainsi confinée dans l’irrationnel et le sacré, ce qui protège l’Europe – qui fut l’aire de la Shoah – des atteintes du réel (l’effondrement du projet démocratique moderne) sans le nier radicalement. Le “devoir de mémoire” ne reconnaît dans les Juifs que des victimes sommées de s’en tenir à ce rôle sous peine d’être désignées comme coupables – voir l’attitude de nombre d’adeptes du “devoir de mémoire” envers Israël. Par ailleurs “le seul Juif reconnu est la victime humaine anonyme et non le Juif en elle”. Le Juif est reconnu parce qu’il a souffert, et ainsi est-il dépolitisé et sorti de l’histoire. Et le sionisme (qui propose une issue politique à la condition de victime) scandalise tant et si bien que les Palestiniens passent pour être les victimes de la Shoah : le “nouvel Israël”.

3 – L’adorable corps de la victime.

Le “devoir de mémoire” ou les Juifs dissociés d’eux-mêmes. Le peuple juif “mystique” (victime de la Shoah) est exalté alors même que le peuple juif “physique” (Israël) est conspué et volontiers jusqu’à l’obscénité, une attitude que pourrait expliquer la doctrine des deux corps du Christ élaborée par Paul : corps réel de Jésus et corps mystique du Christ (voir p.47 dans Le Livre de Poche, collection Biblio essais, 2005), un modèle théologique aujourd’hui laïque qui s’inscrit dans le récit fondateur de l’Occident. Or, les Juifs sont toujours vivants. C’est leur vie qui doit fonder le principe de leur reconnaissance et non leur mort. Que les Juifs entreprennent d’échapper au système sacrificiel immémorial auquel les confine l’Europe en revenant sur la scène de l’histoire de l’Europe, prêtresse de la mémoire, gardienne du “devoir de mémoire”, et l’Europe crie au scandale. Le “devoir de mémoire” enferme les Juifs dans Auschwitz et oblitère toutes les actions d’Israël.

4 – La victime substituée.

Découplage entre le corps mystique (victimaire) et le corps charnel (politique) d’Israël. Il y a les Juifs et il y a les Israéliens, le judaïsme et le sionisme, Israël et la Palestine, peuple victime d’Israël comme les Juifs l’ont été des nazis. La Nakba comme mythe fondateur du mouvement palestinien – ce que la Shoah n’a jamais été dans le sionisme politique. Il faut une bonne dose de cynisme pour comparer Nakba et Shoah. Rappelons que l’exode palestinien est la conséquence d’une agression qui a échoué, agression qui fit suite au refus arabe du partage de la Palestine. La mémoire de la Shoah se trouve prise en otage par les Palestiniens qui en retirent d’immenses dividendes. Voir Edward Saïd.

5 – Le paradigme gaullien.

Analyse mot par mot du discours du général de Gaulle du 27 novembre 1967, au lendemain de la guerre des Six Jours donc, une analyse qui fait dire à Shmuel Trigano que ce discours plante le tableau idéologique des années 2000. Israël doit garder le profil bas. Son existence – injuste – est tolérée comme un privilège du fait de la Shoah. Israël doit s’en tenir aux frontières d’Auschwitz… sous peine de devenir monstrueux.

6 – Un psychodrame français.

Analyse du discours de Jacques Chirac au Chambon-sur-Lignon, en juillet 2004. L’éruption antisémite de gauche, en France, avec agressions perpétrées par les arabo-musulmans et “justifiées” par ce qu’Israël inflige aux Palestiniens. “La morale est en effet le “pétrole” de la puissance française dans la diplomatie mondiale, raison sociale de son ambition de grandeur”. La difficulté (voir le refus) pour la France de stigmatiser son antisémitisme autre que d’extrême-droite. En politique internationale la France, fondamentalement hostile à Israël, est avant tout soucieuse de s’opposer aux États-Unis sans jamais perdre de vue qu’il “est plus facile et plus rentable sur le plan de l’opinion du monde arabe de s’attaquer au minuscule État d’Israël qu’au mastodonte américain dont le soutien à Israël fait la fureur de l’opinion publique arabo-européenne”. Ajoutons-y les manœuvres électoralistes des responsables politiques, tous partis confondus, le découplage du “devoir de mémoire” : oui aux Juifs victimes de l’antisémitisme – mais uniquement de la Shoah –, non à Israël. Voir la politique du quai d’Orsay et l’information distillée par l’AFP qui en dépend.

7 – Le modèle du devoir de mémoire.

L’auteur invite à un devoir de mémoire constructif et non à cette surenchère qui conduit à la désincarnation de la victime avec toutes les conséquences qui s’en suivent. La mémoire de la Shoah réside dans son historicité : c’est le peuple juif qui a en a été la victime, dans une civilisation qui n’a su ni le reconnaître ni lui faire une place. Or que voit-on ? Une Europe qui ne cesse de stigmatiser Israël, n’osant reconnaître les actes antisémites comme tels (ou à contrecœur), tout en exaltant le “devoir de mémoire”. La mémoire de la Shoah peut inquiéter à juste titre les Juifs, avec ses ambiguïtés et ses retournements.

8 – L’échange victimaire.

Le système du “devoir de mémoire” s’ouvre sur une substitution des Palestiniens au peuple juif dans l’ordre victimaire : plus les Juifs sont exaltés en tant que victimes, plus ils sont exclus comme peuple réel ; plus les Palestiniens sont appréhendés comme leurs victimes, plus ils sont confirmés comme peuple autochtone, historique et politique. La Cour internationale de justice agit elle aussi comme si les Juifs n’étaient en aucun cas en état de légitime défense et ne devaient sous aucun prétexte quitter leurs haillons de victimes cosmiques – “devoir de mémoire” oblige. Les massacres au Rwanda et au Soudan sont oubliés au seul profit du “peuple en danger”. Les barrières entre l’Inde et le Cachemire ou l’Inde et le Bangladesh (pour ne citer qu’elles) sont oubliées au seul profit du mur-barrière de protection érigé par Israël afin de se protéger des attaques terroristes. Le retour des Juifs sur la terre d’Israël marque leur retour dans l’histoire, un retour qui n’est pas pour plaire aux deux religions “filles” d’Israël “pour lesquelles la résurrection de l’Israël politique constitue inconsciemment un séisme théologique qui ébranle leur cohérence intime et leur confort moral, comme si elles ne pouvaient admettre que le témoin de leurs origines soit toujours présent et de surcroît souverain. L’hostilité de l’Europe, autant que du monde islamique, a des racines fondamentalement religieuses”. Le mythe de la Nakba fait par ailleurs écran à l’expérience d’une majorité d’Israéliens qui ne sont pas des rescapés de la Shoah mais de l’épuration ethnique perpétrée par les États-nation arabes lors de leur formation, de l’Irak au Maroc, entre 1941 et 1970. Notons que dans bien des cas ces populations juives étaient installées dans les pays en question avant l’arrivée des envahisseurs arabes. On parle décidément peu de ces réfugiés juifs dont l’histoire suffirait à faire baisser d’un ton les vociférations de la Nakba. Et, une fois encore, n’oublions pas que la condition des réfugiés palestiniens s’explique pour l’essentiel par la politique menée par les États arabes, une politique dont le but ultime (et soigneusement caché) est de maintenir les réfugiés dans les camps comme autant de bombes à retardement aux frontières d’Israël. Comment expliquer cette sollicitude particulière envers les Palestiniens autrement que comme l’expression d’une haine cachée pour les Juifs ? Le “droit au retour” doit être reconsidéré. Les Palestiniens ne pourraient-ils pas occuper la place qu’occupaient les Juifs dans le monde arabe ? L’histoire occultée des Sépharades devrait remettre à l’heure les pendules de la politique. Parmi les principaux accusateurs d’Israël de nombreux Juifs. Aucun peuple ne pratique à ce point cette critique autodestructrice. Comment l’expliquer ? Désir de se sentir moins isolé et, surtout, de sauvegarder sa position sociale ? Adopter le point de vue de la majorité des sociétés pour se dissocier de la majorité des Juifs devient alors le seul moyen de survie politique. Ce syndrome qui touche aussi les élites israéliennes n’a pas été assez analysé. Critique d’Amos Oz à partir d’une analyse textuelle (p. 139 à 144). La pathologie du “devoir de mémoire” (voir l’ultragauche israélienne), son angélisme moral et sacrificiel. Ce Juif diasporique et ce Juif israélien contempteurs d’Israël représentent les symptômes les plus sûrs d’un retour en force de l’antisémitisme. “Celui-ci (l’antisémitisme) exerce en effet une fascination sur l’israélite car il cible en lui le peuple, l’identité historique que celui-ci tente d’oublier pour se reconstruire en fonction de la demande qui lui est adressée par le modèle moderne, et plus précisément l’État-nation. L’antisémitisme l’éveille, en quelque sorte, au souvenir de ce qu’il a enfoui au plus profond mais qui continue de le tourmenter, l’encombre comme un cadavre gisant dans son corps vivant. Et le fascine car il sait dans ses profondeurs que le destin collectif est une donnée inhérente à son existence individuelle. Le peuple juif est devenu pour l’israélite le cadavre du peuple mort dont il ne peut se libérer et que la modernité l’oblige à porter”. Ceux qui condamnent Israël au nom de la Shoah (Israël = nazis) ou qui s’assument en s’offrant en sacrifice sur l’autel du “peuple palestinien” au nom de “la morale”, ceux qui critiquent dans l’antisémitisme le dévoiement de “la morale de l’Autre” plutôt que la dénégation par les autres de l’existence d’un peuple juif. Questionnement sur l’institutionnalisation de la figure du Juste, une démarche qui accrédite (indirectement) l’idée que le destin juif dans la Shoah fut individuel et non pas collectif – le destin d’un peuple.

9 – La paix promises aux victimes. 

Le conflit israélo-palestinien qui obsède au moins la moitié du monde est empoisonné par la vision victimaire et compassionnelle de ce conflit. La “Paix” est exaltée au point d’effacer les responsabilités du monde arabe et des Palestiniens. “Les trémolos ont de plus un avantage signalé puisqu’ils permettent de stigmatiser ceux qui ne sont pas dupes de cette manœuvre démagogique et de les présenter comme des “ennemis de la paix”. Le moralisme pacifiste (juif) est un misérabilisme. Analyse des “Accords de Genève”, une sorte de coup d’État dans lequel le “devoir de mémoire” est impliqué. Ne jamais oublier que tout pouvoir démagogique agit “au nom de la paix”. La mascarade d’Oslo fut menée sur le modèle de la guerre populaire et dans la stratégie du double langage qui utilise notamment la mémoire de la Shoah, mémoire que les Palestiniens réactivent à leur avantage. La conférence de Durban et son objectif avoué : donner d’Israël l’image d’une société de racisme et d’apartheid. Genève comme répétition d’Oslo (voir l’Annexe X), des “Accords” qui montrent un Israël fortement diminué, un pays dont la finalité n’est plus d’être une entité historique positive mais un refuge pour les Juifs victimes de l’antisémitisme, pour les rescapés de la Shoah. Critique en règle de Yossi Beilin. “Le devoir de mémoire, dans ses plus extrêmes conséquences, met en œuvre dans le monde juif lui-même l’annulation de la principale évidence du destin juif dans la modernité que la Shoah a mise en lumière : le sort collectif du peuple juif est la clef de ce destin. Il reconnaît ce destin mais le confine aux tombeaux et aux monuments de la mémoire, alors qu’une révolution s’est produite dans l’après-guerre qui le définit en termes de vie, d’affirmation, de bonheur et de liberté.”

10 – La démocratie contre Israël. 

Les deux immenses échecs de la démocratie : la citoyenneté n’a pas protégé les Juifs du massacre. Le contrat selon lequel ils devaient renoncer au peuple (juif) pour obtenir la citoyenneté les a exposés à une adversité totale. Et à présent Israël est devenu odieux alors qu’il est entré dans les cadres politiques modernes : l’État-nation. L’expression “camp de la paix” est tirée de la panoplie idéologique de la guérilla communiste. Ce “camp de la paix” prône un modèle de société sans identité nationale – sans judaïsme. C’est une tentation à laquelle poussent les pacifistes israéliens qui se sont installés dans l’idée que le judaïsme (qui a apporté au monde l’idée de contrat et de libre-arbitre) est l’ennemi de la démocratie.

11 – L’exclusion mondiale d’Israël.  

La conjonction de l’antisémitisme arabo-islamique et de la culpabilité européenne a fait de la Palestine la victime universelle. Ainsi ce conflit dérisoire à l’échelle du monde est-il sans trêve répercuté. Si Israël n’était pas en cause on n’aurait jamais entendu parler des Palestiniens, ou si peu ! L’ONU si défavorable à Israël a pourtant voté le partage de la Palestine et a reconnu l’État d’Israël. Voir les résolutions du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et de la Commission des droits de l’homme, sans oublier la Cour internationale de justice. Israël reste un État errant, le seul État dont les frontières ne soient pas reconnues : les frontières d’Israël sont bien celles d’Auschwitz. Voir par exemple la déclaration du représentant de l’Algérie, en 2003, à la tribune de l’ONU. Voir le battage médiatique autour de la bataille de Djénine (avril 2002), avec entre autres perles la déclaration de José Saramago qui, avec cette pathologie propre au “devoir de mémoire”, compara Djénine à Auschwitz. L’ONU s’emploie à fonder l’exclusion morale d’Israël (voir la résolution 3379 de l’Assemblée générale en 1975) qui est comparé à l’Afrique du Sud et son régime d’apartheid. Le silence assourdissant de presque toutes les ONG (dont Amnesty International, Human Rights Watch et la Commission internationale des juristes) au sujet du génocide des chrétiens et des animistes du Soudan mené par les arabo-islamistes. L’ONU comme l’une des principales plates-formes de l’antisémitisme contemporain. Le “devoir de mémoire” y est devenu le principe et la légitimité mêmes de l’exclusion des Juifs.

12 – L’Empire européen contre Israël. 

Le syndrome du “devoir de mémoire” caractérise l’Europe postcommuniste, l’Europe qui s’est forgée une nouvelle identité collective dans un rapport renouvelé à Israël en tant que catégorie mythique. Le Nouvel Israël est recherché dans “l’Autre”, le sujet arabo-islamique, le colonisé, un rôle que tient la Palestine mythique. L’Europe en est venue à soutenir les buts de guerre arabes au nom de “la paix” tandis qu’en échange les États arabes la favorisent dans son approvisionnement en pétrole. A cet effet l’Europe a réécrit son discours identitaire pour y faire place à l’islam et à la culture de ses immigrés. L’État d’Israël est le levier le plus efficace pour jouer, en Europe, sur une ample gamme de sentiments dans le monde arabo-islamique, sans oublier les immigrés originaires de ce monde. Et n’oublions pas qu’il existe au sein de l’Autorité palestinienne un ministère des ONG : elles constituent son bras exécutif dans une guerre psychologique menée à l’échelle mondiale.

13 – Israël delentus est ? 

Le monde arabo-musulman joue à la fois sur l’intimidation (notamment par le nombre) mais aussi sur la pleurnicherie : nous sommes humiliés, etc. La souveraineté d’Israël semble troubler le Vieux monde et lui faire perdre ses repères.

© Olivier Ypsilantis

Né à Paris, Olivier Ypsilantis a suivi des études supérieures d’histoire de l’art et d’arts graphiques. Passionné depuis l’enfance par l’histoire et la culture juive, il a ouvert un blog en 2011, en partie dédié à celles-ci. Ayant vécu dans plusieurs pays, dont vingt ans en Espagne, il s’est récemment installé à Lisbonne.

https://zakhor-online.com/

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