SHOAH / témoins contemporains : Erika Myriam Amariglio Kounio et Rolli Amariglio de Thessalonique

A l’occasion de Yom Ha Shoa de ce 18 avril 2023 nous voudrions à nouveau évoquer le souvenir de notre amie Erika Myriam Amariglio, Kounio de Thessalonique en Grèce malheureusement décédée en 2010. (Zal).

Lors de notre séjour professionnel à Thessalonique en Grèce de 1999 à 2001 nous avons eu l’immense privilège de faire la connaissance d’un couple extraordinaire Erika Myriam Amariglio et son mari Rudolf (Rolli).

Voici l’histoire d’Erika une survivante de la déportation :

Erika Myriam Amariglio née Kounio naquit le 26 mars 1926 à Karlovy Vary (Carlsbard) en Tchécoslovaquie dans une famille germano-grecque.

En effet son père grec originaire de la région de Thessalonique s’appelait Kounio nom d’origine séfarade d’Espagne et du Portugal

Ses ancêtres étaient arrivés en Grèce ottomane après l’expulsion de 1492.

Il avait épousé une juive ashkénaze de Tchécoslovaquie qui était germanophone et s’était installé à Karlovy Vary (Carlsbad) avant de revenir en Grèce.

La persécution d’Erika Kounio Amariglio a commencé avec l’invasion allemande de la Grèce et l’occupation de Salonique le 9 avril 1941.

Les occupants allemands ont imposé des lois anti-juives de plus en plus strictes surtout à Thessalonique où la communauté juive comptait plus de 50 000 âmes.

Salonique était surnommée la « Jérusalem des Balkans » et pour l’anecdote, comme les juifs géraient le port, les jours de shabbat les bateaux restaient à quai sans être déchargés

Le 11 juillet 1942, le « sabbat noir » : tous les hommes juifs âgés de 18 à 45 ans sont raflés et emmenés sur la place de la Liberté.

Environ 9 000 hommes sont alors battus, humiliés et torturés par les soldats allemands, sous le soleil brûlant et le regard des passants quasi indifférents.

Les hommes juifs âgés de 18 à 45 ans sont parqués sur la place de la Liberté en juillet 1942. 

Les hommes arrêtes ont ensuite été contraints aux travaux forcés par l’armée allemande pour la construction de routes à Larissa et Katerini, dans des conditions extrêmement dures et avec un très fort taux de mortalité. 

Le père d’Erika fut arrêté à cette période.

En février 1943, les « hommes d’Eichmann », Dieter Wisliceny et Alois Brunner, arrivent à Salonique. 

Avant de mettre en œuvre la déportation généralisée, ils font appliquer les lois de Nuremberg avec des mesures de discrimination encore plus dures.

Entre le 15 mars et le 10 août 1943, 19 convois partent de Thessalonique, transportant plus de 45 000 Juifs soit la quasi-totalité de la communauté juive installée dans la ville depuis le 16e siècle. 

Environ 5 000 Juifs avaient pu s’échapper et se réfugièrent temporairement dans le sud de la Grèce sous occupation Italienne.

Une bonne partie s’est installée en Palestine sous mandat britannique particulièrement dans la région de Haïfa.

Tous les convois avaient pour destination principalement Birkenau et Auschwitz.

Le convoi du 2 août arrivera à Bergen-Belsen avec les notables de la communauté dont le grand-rabbin Zvi Koretz, ainsi que les 367 Juifs de nationalité espagnole. 

En mars 1943, Erika est embarquée avec sa mère dans un de ces convois à destination de Birkenau et son père et son frère à destination d’Auschwitz

Elle était alors âgée de 16 ans.

Erika a raconté son arrivée au camp : 

« Quand nous sommes arrivés à Birkenau, une de nos valises est tombée avec plein de photos à l’intérieur, des photos de famille … (Son père était photographe)

« Vous ne pouvez pas imaginer quel choc cela été et comment les Allemands ont piétiné ces photos avec leurs bottes. » 

« J’ai regardé les gardes allemands donner des coups de pied avec leurs bottes sur ces photos de famille, c’était comme s’ils nous tuaient à cet instant. »

Cette vision l’a hantée toute sa vie.

Rappelons que parmi les 45 000 déportés ce sont 37 387 juifs qui seront gazés dès leur arrivée soit près de 85 %.

A son arrivée à Birkenau, Erika Amariglio est pour l’instant épargnée.

Elle est affectée au travail forcé pendant près de deux ans au “Département politique” en tant qu’interprète et assistante de bureau car elle parlait couramment l’allemand.

Lorsque le camp sera fermé fin 1944, elle est conduite lors de « marche de la mort » vers le camp de concentration de Ravensbrück, où elle a dû travailler dans la cuisine des SS pendant quelques semaines. 

De nombreux déportés sont mort en chemin au cours de cette marche forcée entre les 2 camps.

En mai 1945, Erika et sa mère ont été libérées par l’Armée rouge à Malchow et elles ont été transférées à Belgrade en Yougoslavie.

Elles sont retournées à Thessalonique par leurs propres moyens environ 650 km parcourus en grande partie à pied et en camion.

Par miracle à leur retour en fin 1945 à Thessalonique elles retrouvent père et frère rescapés du camp d’Auschwitz. 

Il était important pour Erika Amariglio de parler de ce qu’elle avait vécu, mais pendant de nombreuses années, personne autour d’elle ne voulait l’écouter. 

Ce n’est que dans les années 1990 qu’elle a écrit ses souvenirs et publié son livre en 1996. Il a été traduit en plusieurs langues. 

Elle nous dédicacé un exemplaire en français en mars 2000 et offert une version en Hébreu pour notre famille en Israël.

Erika à 16 ans avant sa déportation et Erika en 2009 lors de notre visite à Thessalonique

Nous avons pu la revoir ainsi que son mari Rolli en septembre 2009 pour prendre ses merveilleuses photos souvenir.

Elle est décédée le 02 Décembre 2010 à Thessalonique en Grèce, elle était âgée de 84 ans.

Leur fille est installée depuis de nombreuses années  à Haïfa , ville où résident de nombreux Saloniciens survivants arrivés sous mandat britannique vers 1944 – 1945.

Erika en septembre 2009 avec son mari Rolli et Madeleine Guenoun

Rolli Amariglio avec Albert Guenoun en septembre 2009 à Thessalonique

Le Musée juif de Thessalonique auquel Rolli Amariglio a participé activement pour sa création et collecte des objets qui y sont exposés.

Il nous avait invité à son inauguration le 13 mai 2001 en présence d’Evangelos Venizelos, alors ministre de la Culture de Grèce.

Une interview d’Erika Kounio et Rudolf Amariglio a été filmée à Thessalonique, le 4 mai 2010. 

L’Interview est filmée en français par redazionegariwo Milan Italie- Account of the Gardens of the Righteous Worldwide Commitee 

Gabriele Nissim et Ulianova Radice ont rencontré Erika Kunio qui évoque sa déportation à Auschwitz, décrite dans son livre “Pour que le monde entier sache – De Thessalonique à Auschwitz et retour”. 

Son mari, Rudolf Amariglio, raconte comment il a réussi à se sauver en restant en Grèce. 

Lors de l’interview était présent Miko Alvo

Gabriele Nissim et Ulianova Radice, auteurs de l’interview, sont les membres fondateurs du Comité du jardin des Justes – Gariwo Onlus.

http://www.gariwo.net

Elle a été aussi interviewée en 2009 par Daniel Baranowski, Ulrich Baumann, https://babylonberlin.eu/…/897-shoah-erika-myriam…

© Albert et Madeleine Guenoun

Le 11 avril 2023 à Netanya – Israël

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