Hamid Enayat. Menaces du pouvoir judiciaire et de divers ministères à l’encontre des femmes

La scène s’est déroulée dans une épicerie de la ville de Mashhad, dans le nord-est.  
Handout via Wana/Reuters

Suite à l’avertissement d’Ebrahim Raïssi et du pouvoir judiciaire, le 3 avril 2023, en même temps que la fin des vacances du Nouvel An iranien, les ministères de la Science, de l’Education et de la Santé du régime, dans des communiqués en rafale, ont mis en garde les étudiantes qui n’observent pas le hijab. Le ministère de l’Education a annoncé : « Nous ne fournirons pas de services aux étudiantes qui ne respectent pas les règles du hijab ! »  (Site Aftab – 3 avril)

Le ministère des Sciences a annoncé : « Les universités et les centres d’enseignement supérieur sous la supervision du ministère de la Science, de la Recherche et de la Technologie seront dispensés de fournir des services éducatifs, sociaux, etc. aux quelques étudiantes qui ne respectent pas les règles et les règlements des universités à cet égard. » (ISNA – 3 avril).

 Abbas Shiraojan, vice-président de l’université des Sciences médicales, a déclaré : « Les universités de sciences médicales seront dispensées de fournir des services aux quelques étudiantes qui ne portent pas le hijab islamique. » (Site Jamaran – 3 avril).

 Le directeur de l’université Azad, le plus grand complexe universitaire d’Iran, a annoncé : « les institutions concernées sont tenues d’empêcher les étudiantes de venir à l’université avec des vêtements inconvenables. » (Site web Entekhab – 3 avril).

 Ebrahim Raïssi a déclaré le 1er avril : « L’obligation légale oblige chacune à se conformer à la loi, même si, pour une raison ou une autre, on ne croit pas au hijab, mais l’adhésion à la loi fait qu’une société est régie par l’état de droit. » (News Network – 1er avril)

 Le mollah Eje’i, chef du pouvoir judiciaire, avait également averti qu’ « enlever le hijab est un acte d’hostilité envers le système et ses valeurs, et les personnes qui commettent cette irrégularité seront sanctionnées » et que « les officiers sont obligés de s’occuper des délits manifestes et de tout type d’irrégularité en public contraire à la loi et à la charia. Ils doivent renvoyer les affaires devant les autorités judiciaires compétentes pour qu’elles les traitent. Les autorités judiciaires doivent également faire preuve de diligence dans le traitement de ces affaires (…) En cas d’identification et d’arrestation de ces auteurs [d’infractions], le pouvoir judiciaire traite cette question de manière spéciale et hors programme, et tous ceux qui sont impliqués de quelque manière que ce soit et complices de ces questions seront poursuivis avec fermeté sans aucune tolérance. » (Agence Fars – 1er avril)

 Auparavant, le ministère de l’Intérieur des mollahs avait annoncé dans un communiqué que « le hijab sera toujours l’un des principes dans la pratique de la République islamique d’Iran ». Le communiqué ajoute : « tout en soulignant à nouveau la nécessité d’observer le hijab dans tous les lieux publics et sur toutes les routes, et en déclarant son soutien à tous ceux qui prônent la vertu et prohibent le vice à travers le pays, le respectable système judiciaire, les huissiers et les autres institutions concernées prendront des mesures contre les quelques personnes qui violent les normes. » (Agence Fars – 31 mars)

 Zohreh Lajevardi, députée du régime et fille de Lajevardi, le « boucher de la prison d’Evine », a averti que « la commission culturelle du parlement sévira contre des responsables qui ne remplissent pas leur devoir concernant le hijab ». (Agence Fars – 1er avril)

 Au cours des prières du vendredi de cette semaine, les représentants de Khamenei, dans une coordination théâtrale, ont dit aux autorités gouvernementales : « si vous êtes incapables de lutter contre l’absence de hijab, nous prendrons des mesures. » (Site Khabaronline – 1er avril) Ils ont appelé les membres de la milice du Bassidj et d’autres mercenaires à prendre des mesures pour réprimer les femmes.

 Cette semaine, de nombreux magasins, centres touristiques, restaurants, cafés, et même des pharmacies et des cabinets médicaux ont été mis sous scellés et fermés dans diverses villes du pays, comme Qom, Chiraz, Khaf, Nour, Babolsar, Khorramabad, Miyaneh, Varzaneh, Dezfoul etc.

 À Kachan seulement, 40 unités commerciales et touristiques ont été mises sous scellés, et les femmes sont empêchées d’entrer dans de nombreux centres sous le prétexte des règlements du hijab. La vidéo d’un milicien du Bassidj attaquant une mère et sa fille dans une laiterie à Torqaba (province de Khorasan) a provoqué une vague de dégoût et de condamnation.

La Résistance iranienne, tout en condamnant les politiques misogynes du régime clérical, met en garde contre l’intensification des mesures répressives envers les femmes et appelle toutes les organisations internationales défendant les droits des femmes et les droits humains à prendre des mesures concrètes et efficaces contre l’oppression et les discriminations visant les femmes en Iran.

© Hamid Enayat

Hamid Enayat est un analyste iranien basé en Europe. Militant des droits de l’homme et opposant au régime de son pays, il écrit sur les questions iraniennes et régionales et en faveur de la laïcité et des libertés fondamentales.

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