Hamid Enayat. Attaques au gaz chimique contre des écoles de filles

Coup d’œil sur le soulèvement en Iran

Le décompte :

– Jours : 202    

– Manifestations : 282 villes

– Décès : 750+ morts estimés, 675 identifiés par le MEK

– Détentions : 30,000 

Dernières nouvelles

Le soulèvement national iranien a marqué son 202e jour mercredi avec la poursuite des manifestations. Afin de contenir la menace d’un nouveau soulèvement, le régime des mollahs a ordonné à ses agents de lancer de nouvelles attaques au gaz chimique contre des écoles de filles dans plusieurs villes du pays. La dictature au pouvoir joue avec le feu, car ces attaques contre des écolières innocentes sont susceptibles de déclencher une nouvelle vague de protestations à l’échelle nationale, qui pourrait ébranler le régime dans ses fondements.

Mercredi, l’école primaire Hazrat-e Mahdi de la ville de Piranshahr, dans le nord-ouest de l’Iran, a été la cible d’une attaque au gaz chimique perpétrée par des agents du régime. De nombreuses élèves ont été transportées à l’hôpital pour y recevoir un traitement médical.

D’autres rapports indiquent qu’une autre école de filles à Sanandaj, la capitale provinciale du Kurdistan dans l’ouest de l’Iran, a également été la cible d’une attaque au gaz chimique par des agents du régime. Plusieurs élèves ont été empoisonnées.

À Kuhanjan, dans la province de Fars, au centre-sud de l’Iran, l’école Esteghlal, réservée aux filles, a été la cible d’une attaque au gaz chimique perpétrée par des agents du régime. Plusieurs élèves ont été transportés à l’hôpital pour y recevoir un traitement médical.

Les unités de résistance affiliées a l’OMPI et les manifestants des villes iraniennes ont répondu par une vague de nouvelles mesures anti-régime aux dernières attaques au gaz chimique des mollahs contre les écoles de filles et aux règles et restrictions misogynes imposées aux femmes iraniennes concernant leur tenue vestimentaire et leur hijab.

-Des unités de résistance ont incendié des statues du fondateur du régime, Ruhollah Khomeini, et de l’actuel guide suprême, Ali Khamenei, à Téhéran, Jondi Shapour, Sabzevar et Ardastan.

-Des manifestants ont attaqué un séminaire à Ispahan, utilisé par le régime des mollahs pour diffuser son idéologie de haine, de misogynie et de fondamentalisme.

-Des manifestants ont attaqué des bases des bassidjis paramilitaires du CGRI dans les villes de Karaj, Qom, Amol, Kuhdasht, Nowshahr et Semnan.

-Des manifestants à Téhéran, Qom et dans la ville septentrionale de Rudsar ont attaqué diverses succursales de banques affiliées au régime des mollahs et au Corps des gardiens de la révolution islamique. Ces banques pillent les économies des citoyens pour financer les guerres du régime à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

À Ahvaz, dans le sud-ouest de l’Iran, les retraités de l’Organisation de la sécurité sociale du régime ont protesté contre la hausse des prix, la pauvreté, la corruption, l’inflation, les mauvaises conditions de vie et le refus des fonctionnaires de répondre à leurs demandes.

À Téhéran, des habitants se sont rassemblés dans le quartier de Shahr-e-Ziba pour célébrer l’anniversaire d’un manifestant tué par le régime lors des récentes manifestations de la révolution iranienne. La foule a commencé à grossir à l’intérieur, et les gens ont été vus en train de chanter des slogans contre le régime, notamment :

“A bas le dictateur !”

“Liberté ! Liberté ! Liberté !”

Menaces du pouvoir judiciaire et de divers ministères à l’encontre des femmes 

Suite à l’avertissement d’Ebrahim Raïssi et du pouvoir judiciaire, le 3 avril 2023, en même temps que la fin des vacances du Nouvel An iranien, les ministères de la Science, de l’Education et de la Santé du régime, dans des communiqués en rafale, ont mis en garde les étudiantes qui n’observent pas le hijab. Le ministère de l’Education a annoncé : « Nous ne fournirons pas de services aux étudiantes qui ne respectent pas les règles du hijab ! »  (Site Aftab – 3 avril)

Le ministère des Sciences a annoncé : « Les universités et les centres d’enseignement supérieur sous la supervision du ministère de la Science, de la Recherche et de la Technologie seront dispensés de fournir des services éducatifs, sociaux, etc. aux quelques étudiantes qui ne respectent pas les règles et les règlements des universités à cet égard. » (ISNA – 3 avril).

 Abbas Shiraojan, vice-président de l’université des Sciences médicales, a déclaré : « Les universités de sciences médicales seront dispensées de fournir des services aux quelques étudiantes qui ne portent pas le hijab islamique. » (Site Jamaran – 3 avril).

 Le directeur de l’université Azad, le plus grand complexe universitaire d’Iran, a annoncé : « les institutions concernées sont tenues d’empêcher les étudiantes de venir à l’université avec des vêtements inconvenables. » (Site web Entekhab – 3 avril).

 Ebrahim Raïssi a déclaré le 1er avril : « L’obligation légale oblige chacune à se conformer à la loi, même si, pour une raison ou une autre, on ne croit pas au hijab, mais l’adhésion à la loi fait qu’une société est régie par l’état de droit. » (News Network – 1er avril)

 Le mollah Eje’i, chef du pouvoir judiciaire, avait également averti qu’« enlever le hijab est un acte d’hostilité envers le système et ses valeurs, et les personnes qui commettent cette irrégularité seront sanctionnées » et que « les officiers sont obligés de s’occuper des délits manifestes et de tout type d’irrégularité en public contraire à la loi et à la charia. Ils doivent renvoyer les affaires devant les autorités judiciaires compétentes pour qu’elles les traitent. Les autorités judiciaires doivent également faire preuve de diligence dans le traitement de ces affaires (…) En cas d’identification et d’arrestation de ces auteurs [d’infractions], le pouvoir judiciaire traite cette question de manière spéciale et hors programme, et tous ceux qui sont impliqués de quelque manière que ce soit et complices de ces questions seront poursuivis avec fermeté sans aucune tolérance. » (Agence Fars – 1er avril)

 Auparavant, le ministère de l’Intérieur des mollahs avait annoncé dans un communiqué que « le hijab sera toujours l’un des principes dans la pratique de la République islamique d’Iran ». Le communiqué ajoute : « tout en soulignant à nouveau la nécessité d’observer le hijab dans tous les lieux publics et sur toutes les routes, et en déclarant son soutien à tous ceux qui prônent la vertu et prohibent le vice à travers le pays, le respectable système judiciaire, les huissiers et les autres institutions concernées prendront des mesures contre les quelques personnes qui violent les normes. » (Agence Fars – 31 mars)

 Zohreh Lajevardi, députée du régime et fille de Lajevardi, le « boucher de la prison d’Evine », a averti que « la commission culturelle du parlement sévira contre des responsables qui ne remplissent pas leur devoir concernant le hijab ». (Agence Fars – 1er avril)

 Au cours des prières du vendredi de cette semaine, les représentants de Khamenei, dans une coordination théâtrale, ont dit aux autorités gouvernementales : « si vous êtes incapables de lutter contre l’absence de hijab, nous prendrons des mesures. » (Site Khabaronline – 1er avril) Ils ont appelé les membres de la milice du Bassidj et d’autres mercenaires à prendre des mesures pour réprimer les femmes.

 Cette semaine, de nombreux magasins, centres touristiques, restaurants, cafés, et même des pharmacies et des cabinets médicaux ont été mis sous scellés et fermés dans diverses villes du pays, comme Qom, Chiraz, Khaf, Nour, Babolsar, Khorramabad, Miyaneh, Varzaneh, Dezfoul etc.

 À Kachan seulement, 40 unités commerciales et touristiques ont été mises sous scellés, et les femmes sont empêchées d’entrer dans de nombreux centres sous le prétexte des règlements du hijab. La vidéo d’un milicien du Bassidj attaquant une mère et sa fille dans une laiterie à Torqaba (province de Khorasan) a provoqué une vague de dégoût et de condamnation.

La Résistance iranienne, tout en condamnant les politiques misogynes du régime clérical, met en garde contre l’intensification des mesures répressives envers les femmes et appelle toutes les organisations internationales défendant les droits des femmes et les droits humains à prendre des mesures concrètes et efficaces contre l’oppression et les discriminations visant les femmes en Iran.

© Hamid Enayat

Hamid Enayat est un analyste iranien basé en Europe. Militant des droits de l’homme et opposant au régime de son pays, il écrit sur les questions iraniennes et régionales et en faveur de la laïcité et des libertés fondamentales.

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