Danielle Khayat. J’offre à Tribune juive mon texte exclu de la publication du livre du GRDF

D’une insidieuse pollution

J’avais été sollicitée pour écrire dans l’ouvrage en projet à la mémoire de Sarah Halimi et j’avais respecté les contraintes éditoriales de 2000 mots maximum. Après avoir été accepté, mon texte fut exclu de la publication dans le livre, et, à mon tour, je m’opposais à sa parution sur le site en guise de “lot de consolation”. Je l’offre à Sarah Cattan et à Tribune Juive avec ma gratitude.


D’une insidieuse pollution

Exposé à une pollution, atmosphérique par exemple, notre corps en subit des conséquences, repérables par des examens biologiques et médicaux.

Pareillement, soumis à une intoxication idéologique, l’esprit en est pollué à son insu, mais l’atteinte se révèle de manière très souvent insidieuse.

La banalisation de l’antisémitisme – désormais camouflé en “antisionisme” – est devenue une triste réalité .

Tel un poison, elle se diffuse notamment sous le masque du nivellement dans l’appréciation des comportements. Si tout se vaut, rien ne vaut plus rien. Et tout le monde peut être renvoyé dos à dos.

Dans l’Arrêt rendu le 19 décembre 2019 par la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Paris, une phrase (p.11), onze mots à peine, passés inaperçus, interpellent:

Entendu comme témoin, Grégoire Gelberger, compagnon depuis 7 ans d’Aïssa Traoré, une sœur du meurtrier, “soulignait que la famille Traoré était religieuse et faisait les prières à des heures précises. Lorsqu’il s’était mis en couple avec Aïssé, sa belle-mère avait été surprise car il n’avait pas la même origine qu’eux, étant de père juif et de mère chrétienne… Cependant, il n’y avait jamais eu aucun problème, sa belle-mère souhaitant uniquement le bonheur de sa fille”.

Le débat portant sur la circonstance aggravante d’antisémitisme du meurtre du Dr Sarah Halimi par Kobili Traoré, ces renseignements étaient utiles. En revanche, les dissensions au sein de la famille Gelberger étaient sans aucun intérêt.

Alors pourquoi, lit-on, juste après, une phrase sans rapport avec l’objet du débat : “Sa mère avait rencontré la famille Traoré mais pas son père”?

Si ces onze mots figurent dans cet Arrêt, ce n’est certainement pas par inadvertance : chaque mot est pesé au trébuchet dans une décision de justice aussi attendue.

Alors, pourquoi ces mots ?

La pollution ne touche pas que l’air et l’eau…

© Danielle KHAYAT, Magistrat en retraite

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*