Joëlle Galimidi. Moi Nakhshon Ben Aminadav, j’ai ouvert la mer des joncs, et mon nom est synonyme de leader

MOI NAKHSHON BEN AMINADAV

J’AI OUVERT LA MER DES JONCS

ET MON NOM EST SYNONYME DE LEADER

Michel-Ange – chapelle Sixtine-1511

Lunette de mon épouse et moi

Pour me situer, je suis le beau-frère d’Aaron le Cohen et donc de Moïse notre maitre.

Je suis né en Egypte durant l’esclavage des Hébreux, dans la tribu de Yehouda, ce qui veut dire que je suis un descendant, de la 5ème génération, de Yehouda fils de Yaacov. 

Mon arrière-arrière-grand-père Peretz était déjà célèbre parmi les sages femmes cananéennes pour avoir doublé son jumeau qui hésitait à sortir du ventre de leur mère.

La Chronique de Nuremberg – 1493

Mon père Aminadav et moi

J’étais le prince, le Nassi de la tribu de Yehouda, forte de 74.600 hommes. 

Le camp que je dirigeais dans le désert s’appelait Mahané Yehuda, comme le souk de Jérusalem.

La Torah parle de moi quand elle indique le nom de la femme d’Aaron, en me citant comme son frère, d’où on apprend que celui qui cherche une épouse ferait bien de s’enquérir de la moralité de ses frères.

La Torah cite les sacrifices que j’ai offerts et ma prestigieuse descendance : je suis le grand père de Booz (mari de Ruth la Moabite) et donc l’arrière-arrière-arrière-grand-père du roi David, l’ancêtre du Messie !

Je suis surtout célèbre car les Sages du Talmud ont carrément ajouté mon acte de bravoure à l’histoire biblique de la sortie d’Egypte, où Hashem a quasiment tout fait lui-même.

– J’ai assisté aux 10 plaies, c’était très impressionnant !

-jJ’ai mangé l’agneau pascal, avec la ceinture aux reins, la chaussure aux pieds, le bâton a la main;

– J’ai connu le départ précipité de nuit en emportant la pâte non levée pour faire les matsot, les ossements de Yossef, et des objets précieux en paiement de nos années d’esclavage ;

-J’ai connu la fuite dans le désert, guidés par la colonne de nuée, l’arrivée devant la mer des Joncs, à la frontière de l’Egypte et du désert, là où Pharaon nous a rattrapés avec ses 600 chars et ses guerriers.

Les autres sont terrifiés et se retournent contre Moïse en disant : “Est-ce qu’il n’y avait pas assez de tombes en Égypte pour que tu nous amènes mourir dans le désert ? Quel bien nous as-tu fait, en nous tirant d’Égypte ?” 

Moïse prie et prie encore mais rien ne se passe, les enfants d’Israël paniquent car Moïse n’avait jamais encore raté ses miracles. 

Certains veulent se rendre et retourner en esclavage, d’autres se jeter à l’eau plutôt qu’être capturés, d’autres veulent se battre, et d’autres crier contre les Égyptiens.

Aucune tribu ne veut avancer dans l’eau en premier. 

Alors je prends la décision d’avancer dans la mer. C’est ce qu’on appelle se jeter à l’eau.

J’entends crier : “Nakhshon, reviens, tu es fou, tu ne sais pas nager, tu vas te noyer !”

Mais je me suis dit qu’Hashem devait attendre de nous autre chose que des prières et des supplications.  Peut-être de se prendre en main et de montrer notre confiance en Lui. 

Alors j’ai continué à avancer dans l’eau froide et pas très propre.

D’autres membres de ma tribu m’ont suivi, j’ai toujours été charismatique. 

Quand j’ai eu de l’eau jusqu’aux narines, j’ai prié comme jamais :”Viens à mon secours, ô Dieu, car les flots m’ont atteint, menaçant mes jours. Je suis plongé dans la vase d’un gouffre ; pas un pouce de terrain pour y poser le pied! Je suis descendu dans des eaux profondes, et les vagues me submergent.

Ne permets pas que je sois submergé par la violence des flots, englouti par le gouffre; que la bouche de l’abîme ne se referme pas sur moi !”

Pendant ce temps, Moïse continue à prier mais Le Saint, Béni soit-Il, l’interrompt : “Mes bien-aimés se noient dans la mer et tu prolonges ta prière vers moi ?” Moïse répond : “Maître de l’univers, que puis-je faire ?” Hashem lui dit : “Parle aux enfants d’Israël pour qu’ils aillent de l’avant. Et toi, lève ton bâton et étends ta main”.

Alors Moïse tend son bâton au-dessus de la mer, et cette fois-ci elle s’ouvre, juste avant que je boive la tasse. Moïse a sauvé ma vie, et moi j’ai sauvé sa crédibilité aux yeux des autres.

Ensuite, nous sommes passés à sec, les Égyptiens nous ont bêtement suivis, et Hashem a refermé la mer sur eux.

Et le Talmud dit: “C’est parce que Nakhshon et la tribu de Yehouda sont entrés les premiers dans la mer que la tribu de Yehouda a mérité de gouverner Israël, comme il est dit : ‘Yehouda est devenu son sanctuaire, Israël ses empires. La mer le vit et s’enfuit'” (Psaume 114).

On a raconté beaucoup de bêtises à ce sujet :

Dans le dessin animé “Le Prince d’Egypte”, c’est Moïse qui s’avance en premier et ouvre la mer … alors qu’il est écrit qu’Hashem lui reproche de prier pendant que les autres se noient…

Moïse est trop humble pour s’approprier les exploits des autres, ça doit être les gens de DreamWorks qui n’ont pas lu le Talmud.

Des scientifiques suggèrent qu’un puissant vent d’Est a écarté les eaux et ouvert un passage dans le delta du Nil. OK, gros malin, et comment sommes-nous restés debout avec un vent soufflant à 100 km/h? 

Pareil pour la thèse du tsunami.

D’autres scientifiques disent que le mur d’eau a pu être un mirage … précédé de mirages de chars et suivi de mirages de cavaliers morts ?

Et sur le nom de cette mer : je peux comprendre que la King James Bible confonde Reeds Sea (Mer des Joncs) avec Red Sea (Mer Rouge), je ne m’explique pas pourquoi la Septante traduit Mer des Joncs par ἐρυθρά θάλασσα (Mer Rouge).

Revenons à la réalité historique.

Quand les autres m’ont félicité pour ma émouna (foi), j’ai dit que je n’avais pas douté un instant, parce qu’Hashem ne nous aurait pas sortis d’Egypte pour nous noyer juste après, alors que tous les peuples avaient les yeux braqués sur nous !

On peut dire qu’il y a eu un avant moi, et un après moi : les eaux ont été divisées, notre destin aussi.

Le passage de la mer est un transfert de notre possession : nous sommes passés d’esclaves de Pharaon à serviteurs d’Hashem, et d’Hashem seul, puisqu’aucun roi ne règne dans le désert, ce qui fait de nous le seul peuple gouverné directement par Hashem. 

Sans nous chercher d’excuse, comprenez la faute des Explorateurs, qui ont voulu prolonger ce moment. Cette faute, je l’ai payée. Comme presque tous les autres hommes, je n’ai pas eu le droit d’entrer en Eretz Israël, je suis mort durant les 40 ans dans le désert environ en 1300 av. E.-C.

On peut dire que j’ai inspiré bien des hommes, comme les Juifs d’Europe de l’Est qui ont traversé la mer en bateau vers l’Amérique pour fuir les pogroms.

Je suis fier que Ben Gourion ait donné mon nom à l’opération de la Hagana qui permit de ravitailler les 100 000 Juifs de Jérusalem assiégés par les Arabes en 1948.

Je suis fier qu’on donne mon nom à des scouts, un bateau, un kibboutz, et qu’on utilise mon nom pour des dictons, par exemple “to jump a Nahshon jump”. 

Talmud Sotah 37A

Enseignements du Rav Sacks par Ilan Scialom (commentaire de la parashat Beshalah)

Tehilim 69 69,2 הוֹשִׁיעֵנִי אֱלֹהִים כִּי בָאוּ מַיִם עַד נָפֶשׁ

Viens à mon secours, ô Dieu, car les flots m’ont atteint, menaçant mes jours.

© Joëlle Galimidi


Me Joëlle Galimidi, avocate depuis 35 ans, est associée du Cabinet d’avocats HM GALIMIDI, à Paris. Impliquée dans des associations juives (Hilel Campus), sensibilisée par la professeure Liliane Vana au problème des femmes en attente de Guett, Me Joëlle Galimidi participe à des ateliers et conférences sur le Guett. 


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