Hamid Enayat. Soulèvement national en Iran – Jour 163. Manifestations de masse au Baluchestan

Une manifestante défile lors d’une marche en soutien aux protestations en Iran, à Washington, aux Etats-Unis, le 21 janvier 2023. Allison Bailey / Nurphoto

Le compte

– Jours : 163    

– Manifestations : 282 villes

– Décès : Plus de 750 morts estimés, 664 identifiés par l’OMPI

– Détentions : 30,000

Le soulèvement national iranien est entré dans son 163e jour samedi, dans différentes parties du pays contre la dictature des mollahs malgré la répression brutale du régime.

L’opposition iranienne a publié les noms de 17 autres martyrs du soulèvement national du 25 février. Jusqu’à présent, les noms de 664 martyrs ont été publiés.

 Manifestations de masse au Baluchestan 

Le vendredi 24 février, 162e jour du soulèvement national, les courageux habitants de Zahedan ont organisé des manifestations après la prière du vendredi pour la 21e semaine après le vendredi sanglant de Zahedan. Les manifestations ont eu lieu malgré l’imposition inopinée de la loi martiale, le déploiement de snipers, le siège de la mosquée Makki et les arrestations généralisées. Ils ont scandé : “Mort à la règle cléricale d’agression et de crimes”, “Je promets le sang de nos camarades, nous resterons debout jusqu’à la fin”, “Basiji, IRGC Sepahi, sont les mêmes que ISIS” et “Je tuerai celui qui a tué mon frère”.

Les manifestants portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire “Mort à l’oppresseur, que ce soit le Shah ou le Leader (Khamenei)”, “Ni monarchie ni leadership (Khamenei)”, “Nous sommes une nation qui ne s’est inclinée devant aucun dictateur” et “Ils pensaient avoir tué Mahsa, Nika et Khodanour, sans savoir qu’ils étaient les graines de la révolution”.

Des forces de répression équipées d’armes lourdes et de tireurs d’élite étaient stationnées sur les hauteurs autour de la mosquée Makki, et les forces en civil de l’IRGC ont tenté d’entrer dans la mosquée Makki par le toit, mais ont été bloquées par les gardes de la mosquée. Depuis mercredi, des motocyclistes des forces de sécurité de l’État (SSF) ont été envoyés à Zahedan depuis les villes voisines. Le régime a complètement fermé l’Internet à Zahedan pour empêcher toute couverture médiatique. Dans la ville de Khash, les forces répressives ont été stationnées autour de la mosquée Al-Khalil, lieu des prières du vendredi, pour empêcher les manifestations, mais leurs mesures répressives ont échoué face à la volonté de la population de Zahedan.

Le 22 février, des agents de la SSF ont tué et torturé Ebrahim Rigi, 24 ans, un médecin de Bauchi. Rigi avait été arrêté le 13 octobre pour avoir soigné des blessés lors du soulèvement et libéré sous caution le 1er janvier, mais il a été de nouveau arrêté et battu au poste de police du district 12 le 21 février, ce qui a entraîné sa mort. Les médecins légistes ont confirmé, au vu de ses blessures, qu’Ibrahim est mort après avoir été battu et blessé à l’intérieur du poste de police.

Les unités de résistances mènent 320 d’activités contre la répression 

Au cours du mois iranien de Bahman, du 21 janvier au 21 février, les unités de résistance affiliées au l’OMPI ont mené 320 actions contre la répression à travers le pays, ciblant notamment les bases de l’IRGC et des bassidjis paramilitaires, incendiant les symboles du régime et les photos de ses dirigeants, dont Khamenei et Raisi. 

En réaction au décès de Mme Zorbi Bei Ismail Zehi, martyr du soulèvement de Zahedan, et dans la poursuite de leur campagne anti-répression, des jeunes insurgés ont mené une dizaine d’activités courageuses le 23 février. Ils ont mis le feu à des centres de la milice du Bassidj à Téhéran et Ispahan et à un centre anticulturel du régime à Shahryar. Ils ont aussi incendié des panneaux et bannières avec les portraits de Khomeiny, Khamenei et Qassem Soleimani à Tehran, Chiraz, Arak et Shahryar. Mme Zarbi à Ismail Zehi était l’une des blessées du vendredi sanglant de Zahedan. Une balle des pasdarans lui avait sectionné la moelle épinière.  Elle est décédée le 20 février au bout de 143 jours.

Les empoisonnements à la chaîne et intentionnelles d’écolières remplacent et complètent la patrouille des mœurs

Par ailleurs, L’empoisonnement des élèves des écoles de filles, qui a commencé à Qom le 30 novembre en touchant 12 établissements, s’est poursuivi à Chaharmahal-Bakhtiari et à Téhéran, s’est étendu à Boroujerd et Ispahan cette semaine. « Mardi soir, 20 lycéennes du lycée Ahmadiyeh de Boroujerd ont été empoisonnées et emmenées aux urgences. Le deuxième incident a été signalé aux urgences mercredi matin dans le même lycée, mais cette fois le nombre d’élèves intoxiqués était de 62. » (Site officiel Hamshahri du 23 février).

Deux mois et demi après l’empoisonnement en série d’élèves d’écoles de filles à Qom et après des démentis continus et la publication de fausses nouvelles, Mohammad Jafar Montazeri, le procureur général du régime, a écrit au procureur de Qom le 20 février : « Les nouvelles à propos d’une tendance alarmante concernant une sorte d’empoisonnement dans certains établissements scolaires de Qom indiquent la possibilité d’actes criminels intentionnels » (Médias officiels du 20 février 2023)

Toutes les preuves montrent que la cible sont les écolières et que les bandes criminelles au pouvoir utilisent ces actions odieuses pour remplacer ou compléter la soi-disant patrouille des mœurs et pour semer la terreur, en particulier parmi les femmes. Le but est de les empêcher de participer aux soulèvements et manifestations sociales.

Les noms et prénoms de 664 martyrs ont été publiés par l’opposition iranienne 

© Hamid Enayat

Hamid Enayat est un analyste iranien basé en Europe. Militant des droits de l’homme et opposant au régime de son pays, il écrit sur les questions iraniennes et régionales et en faveur de la laïcité et des libertés fondamentales.

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