“Droit de réponse” Alain David, membre du Bureau exécutif de la LICRA, de l’Autorité de contrôle et d’arbitrage de la LICRA et la représentant au sein de la Commission nationale consultative des droits de l’homme

Droit de réponse
Article paru dans Tribune Juive le 7 novembre 2022


“Les lecteurs de Tribune juive ont des opinions que je ne partage pas, en dehors de celle qu’il faut lutter sans relâche contre l’antisémitisme. Mais ils ont le droit à la vérité sur un propos que leur journal a voulu présenter, contre toute logique, comme mon coming out antisémite.
Puis-je dire d’abord que cette accusation infamante d’antisémitisme, qui porte atteinte à mon honneur
et à tout ce que je souhaite être m’atteint au plus profond de moi-même?
Pour le reste, les propos en cause, extraits d’un échange privé, paraissent effectivement aberrants si on
ignore leur contexte, celui d’une réponse exaspérée ayant pris la forme d’une antiphrase ironique et allant sciemment jusqu’à l’insensé (ce qui est une forme classique de l’ironie bien décrite par Vladimir Jankélévitch : l’ironie en tant que “cette clairvoyance qui joue le jeu de la bêtise”).

C’est donc par antiphrase que j’ai parlé de ma répugnance pour la race juive et de mon admiration pour la culture allemande, me mettant moi-même en scène en une sorte de démonstration par l’absurde, configurant en ma personne une silhouette grotesque, odieuse, et contraire à tout ce que je suis.

A aucun moment je n’ai imaginé d’insulter mon interlocuteur. Nos souvenirs communs (et aussi la vénération qu’il me savait avoir pour l’admirable femme qu’avait été sa mère, résistante et déportée, fondatrice du musée de la Citadelle à Besançon, et que je présentais régulièrement à mes élèves et étudiants en les conduisant au musée comme une figure d’héroïsme) auraient dû le préserver de son extravagante lecture.

Tribune juive aurait gagné à signaler à ses lecteurs les centaines de pages que j’ai écrites contre le racisme et l’antisémitisme ainsi que mon engagement sans faille dans ce combat mené depuis une cinquantaine d’années dans la fidélité à la personne et à l’œuvre d’Emmanuel Levinas. Ceci les aurait certainement convaincus que je ne suis pas un antisémite égaré à la Licra !

Je regrette aussi que Tribune Juive n’ait pas mentionné que le centre Simon Wiesenthal avait retiré très rapidement le communiqué du 7 novembre 2022 qui relayait cette accusation inepte d’antisémitisme.

Je regrette enfin que Tribune juive se soit aussi imprudemment emparée de cette affaire, ne se souciant pas de m’entendre, publiant en outre sans mon aval une photo de moi, ce qui m’expose gravement. Les
désaccords politiques, voire la recherche du sensationnel, ne permettent pas tout”.

Alain David
Lundi 30 janvier 2023



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20 Comments

  1. J’ai eu la même réflexion ! En tant que lectrice assez régulière de TJ, je suis heureuse que Mr David ne partage pas mes opinions…Me voilà rassurée !

  2. Madame Elisabeth Borne, première ministre, s’est exprimée ainsi dans son discours au diner du CRIF, le 13 février dernier :
    “Il n’y a pas d’antisémitisme modéré, acceptable ou comique.
    Il n’y a que de la haine, sous différents visages”.
    Monsieur Alain David, pourriez-vous apporter des précisions sur le contexte dans lequel vous avez formulé ces propos, puisque vous dîtes qu’ils ont été retirés de leur contexte ?

    • Alain David estime t il qu’on a le droit de plaisanter sur ce sujet ?. Sous la 3eme République un Président avait été photographié en pleine hilarité à la fin d’un enterrement et il garda le surnom de «  l’homme qui rit dans les cimetières »

    • Si le “contexte” est l’entièreté de l’échange, j’en dispose, confié qu’il me fut par le destinaire pas sensible à l’ironie. Je crois pouvoir dire que “l’échange de mails” nous échappa et que beaucoup l’ont lu. Je n’en ai point vus qui aient perçu ladite ironie.

      • Je voudrais prendre le risque de répondre sur ce support d’échanges d’un journal dont j’ai regretté la méthode peu déontologique (publier un propos de moi qui n’avaisqu’un destinataire, sans vérifier que je l’avais tenu – oui je l’avais tenu – et qu’il avait la signification qu’on lui prêtait, sans me demander quelle était ma version des faits, ni chercher à comprendre comment un disciple de Levinas ayant vécu vingt ans dans la proximité de ce dernier, et dont le travail a été pendant près de cinquante ans, à partir d’innombrables articles et conférence, à travers tout son enseignement, consacré à la lutte contre l’antisémitisme, pouvait être suspecté d’antisémitisme. À cela j’ajoute le risque que prend le journal à publier, également sans mon aval, une photo de moi pour accompagner l’article qui fait peser sur moi l’accusation si infamante d’antisémitisme. Puis-je dire qu’outre les insultes j’ai eu connaissance de menaces, lesquelles ne m’ont pas troublé outre mesure, mais l’affaire prendrait une tout autre dimension si un esprit dérangé se muait en justicier et passait à l’acte)
        Le contexte : après une série d’échanges où mon interlocuteur qui s’estime en difficulté avec la Licra (notamment non reconduit par l’assemblée des militants au Conseil fédéral – une sorte de Parlement de la Licra – non sollicité pour des interventions par la Commission Éducation etc… se répand en propos désagréables et injurieux pour les uns et les autres. Je lui réponds (j’ai régulièrement, en souvenir de sa mère, essayé d’intervenir en sa faveur, de prendre en considération des propos qui souvent ne méritaient pas de l’être) à propos d’une bêtise qu’il avait avancée sur Maïmonide (réflexe de prof voulant rectifier le propos incongru d’un élève ignorant. J’admets que j’aurais mieux fait de m’abstenir.?Sa réponse porte sur mon « islamo-gauchisme » expliqué par mes origines familiales. Ce propos que j’ai ressenti comme raciste en lui-même et quant à ma sensibilité inacceptable, s’introduisant sans pudeur dans une histoire intime et douloureuse, rompait avec l’échange et l’argumentation. D’où cette mise en scène de moi-même les configurant – façon OSS 117 – en antisémite de base, vaguement admirateur du 3ème Reich. Dernier effort pédagogique de ma part, imaginant que confrontant cette image à ce que je suis, un militant engagé depuis toujours contre l’antisémitisme, l’indécence forcée de ma posture l’aurait conduit à une prise de conscience de l’indécence de la sienne.
        J’insiste encore auprès des lecteurs de bonne foi de Tribune juive pour dire
        1) que je n’ai jamais insulté mon interlocuteur, je n’ai fait que me mettre en scène, moi et non lui, dans une position indécente et grotesque : se mettre en scène dans une posture impossible est la définition même de l’humour  – peut-être même de l’humour juif
        2) on ne peut pas plus en conclure à mon antisémitisme qu’on ne peut conclure à celui de Dujardin dans Rio ne répond plus (je ne prétend pas avoir le talent dont il fait preuve dans ce film désopilant
        3) lisez-moi, et vous vous convaincrez (je l’espère) que parmi mes nombreuses tares l’antisémitisme ne saurait en aucun cas figurer

        • Monsieur David , l’antisémitisme , la Shoah ne se prêtent pas à votre type d’humour! Si tous vos lecteurs ont eu la même réaction c’est que vous êtes fourvoyés et que vous avez joué à faire rire comme JMLP ou comme Dieudonné . Vous n’êtes pas antisémite mais vous êtes coriace dans le déni ! Exprimez vos regrets de votre faux pas et passons à autre chose . Perseverare in connerie diabolicum!

          • M. Mamou
            (Je reprends une dernière fois la parole sur ce support, à destination de ceux que j’ai qualifié de « lecteurs de bonne foi »)
            L’homme qui rit dans les cimetières était, vous ne l’ignorez pas, le président Poincarré, qui évidemment n’avait pas ri, la photo résultant de la conjonction fâcheuse d’un rayon de soleil, de l’angle de vue du photographe, et d’une opposition hargneuse.
            Pas davantage je n’ai ri des morts de la Shoah, ni sollicité le rire malsain d’un public complice (le mail n’était adressé qu’à son seul destinataire, je ne sais pas comment il est arrivé à Tribune juive,je crois qu’en droit on parle de « violation de correspondance » et ni vous ni personne d’autre que mon interlocuteur n’aurait dû en avoir connaissance. « Mes lecteurs » comme vous dites n’existent pas, en tout cas pas de mon fait. Vous avez regardé par le trou de la serrure et vous vous offusquez du spectacle que vous voyez ou croyez voir.)
            En l’occurrence je le répète il n’y avait pas même à s’offusquer, puisque moi seul était moqué, par moi-même. Sauf à vouloir à tout prix déceler en moi la preuve de la compromission de l’antisémitisme de la Licra.
            Il n’y a à la Licra – je m’en tiendrai à cela – nous antisémites ni antisémitisme à la Licra. On se trompe dramatiquement de combat en voulant croire le contraire.

          • M. Mamou (seconde version, coquilles corrigées)
            (Je reprends une dernière fois la parole sur ce support, à destination de ceux que j’ai qualifiés de « lecteurs de bonne foi »)
            « L’homme qui rit dans les cimetières » était, vous ne l’ignorez pas, le président Poincaré, qui évidemment n’avait pas ri, la photo résultant de la conjonction fâcheuse d’un rayon de soleil, de l’angle de vue du photographe, et d’une opposition hargneuse.
            Pas davantage je n’ai ri des morts de la Shoah (ai-je même évoqué la Shoah?) ni sollicité (tel Dieudonné, à qui vous me comparez de façon blessante) le rire malsain d’un public complice (le mail n’était adressé qu’à son seul destinataire, je ne sais pas comment il est arrivé à Tribune juive, je crois qu’en droit on parle de « violation de correspondance » et ni vous ni personne d’autre que mon interlocuteur n’aurait dû en avoir connaissance. « Mes lecteurs » comme vous dites n’existent pas, en tout cas pas de mon fait. Vous avez regardé par le trou de la serrure et vous vous offusquez du spectacle que vous voyez ou croyez voir.)
            En l’occurrence je le répète il n’y avait pas même à s’offusquer, fût-ce sur un malentendu, puisque moi seul était moqué, par moi-même. Sauf à vouloir à tout prix déceler en moi la preuve de la compromission de l’antisémitisme de la Licra.
            Il n’y a à la Licra – je m’en tiendrai à cela – ni antisémites ni antisémitisme. On se trompe dramatiquement de combat en feignant de croire le contraire.

          • Arrêtez Monsieur David ! Est ce si terrible pour vous de présenter des excuses pour ce texte regrettable que vous êtes le seul encore à défendre ? Shabbat shalom!

        • Admettons que vous disiez vrai. A près tout peut-être s’agit-il d’un malentendu.
          Mais de toute manière cela ne change pas grand chose sur le constat général au sujet de la LICRA : son rôle de chien de garde du pouvoir, ses incohérences, ses trahisons, ses insuffisances intellectuelles, sa morale et son indignation à géométrie variable, ses silences coupables, son double langage etc etc etc…

        • Merci d’être venu à nous: si cela n’est pas “risqué”, c’est en tout cas courageux. Et honnête.
          A aucun moment il n’a été écrit que vous aviez insulté votre interlocuteur.
          En revanche, exceptés aux yeux de vos amis qui ont été capables de déceler ladite ironie, rendez-nous qu’au vu de l’âge et de la qualité de l’interlocuteur, et au vu de votre propre position au sein de la LICRA, vos mots ont manqué de jugement.
          Vous savez aussi que d’autres éléments ont pu interférer: voir un commentaire de lecteur qui liste les nombreux manquements de la LICRA aujourd’hui.
          Vous savez enfin que ce monsieur et ses amis méritaient et méritent considération et respect.
          Je rends toutefois acte au fait que vous soyez venu ici.
          Je rends acte aussi au fait que je n’aie pas cherché à vous rencontrer: mais ces lignes ne m’ont guère portée à le faire, ni le fait qu’il ait été d’abord dit qu’il s’agissait d’un “faux”.
          Enfin, je ne me livrais à aucune enquête. J’avais sous les yeux cet échange. Cet homme et ses amis très éprouvés. Peut être autant par vos paroles que par le fait qu’ils étaient en somme devenus inutiles pour la LICRA ( Je m’abstiens ici de livrer en pâture certains propos honteux qui leur furent adressés à l’écrit).
          Comme André Mamou, je conclurai que sans doute vous n’êtes pas antisémite mais que vos propos étaient fortement malvenus. Une grosse partie de mon travail linguistique porte sur humour et ironie.

  3. Je ne doute pas de la sincérité d’A. David dans cette “””affaire””” (basée semble-t-il sur un malentendu)…Mais pas pour le reste. Car sa bonne foi sur ce point ne change rien à la nature même de la LICRA. Qui de facto est dans une logique intersectionnelle et ne dénonce le racisme et l’antisémitisme que cela reste politiquement correct. Qui soutient des partis au pouvoir (notamment l’actuel ou le précédent) ou des mairies totalement gangrenés par le PIR et son idéologie nazie. Qui n’éprouve aucune gêne à fréquenter des racistes notoires et utilise les recours judiciaires (à de très rares exceptions près) non pas pour lutter contre le racisme, l’antisémitisme ou le négationnisme mais pour nuire à des opposants au pouvoir en place ou conforter les préjugés racistes en phase avec l’idéologie dominante.

    PS : BB, qui dénonce la barbarie humaine contre les animaux (souvent plus humains que beaucoup d’êtres humains) a fait plus de bien sur cette terre que la LICRA.

  4. Au dela des paroles de Mr David , la ” barque ” de la Licra est aujourdhui bien chargée ! La proximité avec les islamistes , les attaques odieuses contre G Bensoussan laissent un gout amer aux juifs , oui cette organisation née de la lutte des juifs et des justes contre la haine est tombée bien bas , dans l escarcelle du macronisme et de l esprit petainiste qui regit le systeme français , donc loin , tres loin de l esprit eclairé et courageux de ses createurs .
    Encore un signe de la degradation terrible du statut des juifs de France .

  5. M. Onyx
    Je reprends la parole (rompant avec mes bonnes résolutions de silence, mais vous percevant comme interlocuteur de bonne foi) : etc etc
    et patati et patata …..

  6. Magnifique, Mr David ! “Etc etc patati patata”. …J’admire le très haut niveau de votre argumentation. Je dois dire que vous m’en bouchez un coin. Vous n’êtes pas au poste qui est le vôtre pour rien !…Je reconnais là la hauteur de vue de la LICRA et sa manière de réagir face aux faits, qui malgré tout…sont têtus : les masques finissent toujours par tomber.

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