Lucia Bensimon. “Manitou” : un rocker de la pensée vu par Michael Grynszpan et Olivier Cohen

“La parole retrouvée”, documentaire sur le penseur Léon Askénazi, a été présenté en avant- première le dimanche 22 janvier 2023 à l’Espace Rachi. Et la salle était comble. 

Plus de 300 personnes étaient présentes, toutes générations confondues, pour assister et l’événement et honorer la mémoire d’un grand penseur du judaïsme.

Réalisé par Michael Grynszpan, ce documentaire n’est pas un film biographique ; il est axé sur des idées, des enseignements…

Réunis avec le producteur Olivier Cohen avant la projection, les deux hommes nous donnent quelques clés sur leur travail commun, et retracent en filigrane qui était Manitou. Manitou, la parole retrouvée est une coopération entre Olivier Cohen, qui en assure donc la production, et Michaël Grynspan, lui-même élève de Manitou. Par ailleurs, Olivier Cohen a crée le site manitou-lhebreu.com, porte d’entrée pour ceux qui ne le connaissent pas. Il rassemble une compilation très exhaustive des enseignements de Manitou.

Michaël Grynspan et Olivier Cohen se sont rencontrés lors de l’anniversaire du centenaire de la naissance de Manitou, et ont partagé leur désir de réaliser un film. Ce documentaire est le produit d’un an de réalisation pour une réalisation « coup de poing » très moderne, très vivante, et en miroir avec ce qu’était la pensée de Manitou. Léon Askenazi, en bon kabbaliste défendait la tradition orale et usait d’une parole directe pour signifier ce que le judaïsme doit montrer au monde. Il a laissé une empreinte définitive sur le judaïsme contemporain.

Comme l’expriment ses élèves, qui interviennent à tour de rôle dans le documentaire, Manitou est une star dans les années 50, 60 et 70. Il a contribué, lors de sa direction à l’école d’Orsay, à reconstruire le judaïsme d’après-guerre, et il a défendu ce qu’il appréhendait comme le retour de l’identité d’hébreu à laquelle tout juif doit aspirer après la création de l’Etat d’Israël.

Manitou parlait avec verve et une grande liberté de ton. Michaël Gryspan n’hésite pas à le qualifier de « rocker de la pensée ». Il plaisait à des auditoires très différents, et aujourd’hui en Israël il réunit des foules lors de congrès et conférences. On évoquerait une « heure Manitou ».

Le documentaire s’ouvre sur un faisceau de questions brûlantes : qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Que cherchons-nous ? Quel est le rôle d’Israël ? 

A toutes ces questions, les élèves vont s’efforcer de répondre. Le film est d’une grande modernité, rythmé par une bande son qui emprunte aux grands titres des chansons populaires israéliennes. La caméra s’approche au plus près des visages de ceux qui ont été ses élèves, à leur tour penseurs du judaïsme, mémoire d’une parole vivante. Ils rapportent notamment les mots d’esprit dont Manitou était friand : « La cacherout ça cache la route« , ou encore « je préfère un juif sans barbe qu’une barbe sans juif« . Et développent les questions existentielles.

Tour à tour, dans leurs propos s’esquissent les différentes facettes du rabbin Léon Askénazi, un maître, un penseur, un kabbaliste, un visionnaire, un hébreu qui aura marqué les générations des années 50 à 80. 

“Aujourd’hui, il existe en Israël un engouement exceptionnel pour Manitou. Les jeunes en particulier, le découvrent et l’étudient beaucoup alors qu’ils ne l’ont pas connu. Les groupes Whatsapp pullulent, on peut parler de miracle Manitou”. Michael Grynszpan, réalisateur.

Au travers de son documentaire, Michaël Grynspan tente de comprendre ce phénomène et cet enthousiasme dans un monde en perte de repères, où de plus en plus de jeunes cherchent à donner un sens à leur vie, à leur identité. Pari très réussi !

© Lucia Bensimon

https://cultures-j.com/manitou-de-michael-grynszpan/?fbclid=IwAR2fAlFaJ1PNhPvhqPWZ4Xs2FfeYGBdj50s1G6cfubyBHH1OgVPtM0DbXbg

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