Léon Ouaknine. Au-delà des voeux de bonne année pour 2023

Au-delà des voeux de bonne année pour 2023, j’aimerais suggérer quelques actions élémentaires, indispensables à la bonne santé et au bonheur.

Tout d’abord je rappelle quelques évidences.

Dès qu’on regarde autour de soi, on constate qu’il y a des gens qui vieillissent bien et d’autres qui vieillissent mal, souvent sans raison apparente ni pour les uns ni pour les autres. Bien sûr nous savons que pour bien vieillir, il faut veiller à sa santé, ne jamais fumer, manger sainement, éviter gloutonnerie et beuverie répétées ; nous savons aussi que ceux qui font régulièrement des exercices physiques se maintiennent apparemment en meilleure forme que ceux qui n’en font pas. Pourtant, c’est vrai, il existe des nonagénaires qui ont oublié d’arrêter de fumer et de boire, font peu d’exercices, se portent presque comme un charme et jouissent du temps qui passe avec leurs amis, alors que d’autres personnes même pas retraitées, scrupuleuses dans l’application des bonnes règles de vie et l’évitement des excès, avancent dans l’existence comme si elles portaient sur le dos un sac de 100 kg, suscitant un doute majeur quant à leur espérance d’une heureuse et longue vieillesse. 

La qualité du rapport social est fortement tributaire de sa charge affective et de la proximité physique. 
Les rapports sociaux virtuels diffèrent massivement des rapports traditionnels. Cela se comprend aisément, l’amitié dans un face-à-face se nourrit de l’expérience vécue partagée, le fait de rire simultanément, boire un verre en trinquant ensemble, se serrer la main ou s’étreindre pour se saluer. Ces gestes ont des effets biologiques probants et mesurés ; Janice Kiecolt-Glaser, directrice de l’Institut pour la recherche en médecine comportementale à la faculté de médecine de l’université de l’Ohio, a démontré que le simple fait de se toucher déclenche la production d’une cascade d’endorphines dans le cerveau, parce que notre épiderme est parcouru par un réseau extrêmement dense de récepteurs neuronaux, très sensibles à un simple attouchement. On sait qu’un enfant qui n’a pas été ou peu touché, massé, embrassé, entouré durant sa très jeune enfance ne développera pas pleinement les zones du cerveau dédiées aux interactions sociales et il en gardera des séquelles émotives importantes toute sa vie. Il est vrai que vu l’incroyable plasticité du cerveau, peut-être allons-nous nous adapter à une portion virtuelle grandissante de notre vie si celle-ci commence dès l’enfance et acquiert un caractère omniprésent et permanent. Malheureusement, à ce stade-ci, il semble que notre tissu de relations sociales porteuses d’affections sur la longue durée s’étiole du fait des actuelles mutations sociétales. La forte addiction aux réseaux sociaux ne compense pas du tout l’affaiblissement du face-à-face. 

Vivre sans amis est dangereux: 

Les gens qui s’isolent, volontairement ou suite au délitement de leurs réseaux de proches, notamment les personnes âgées, exhibent un niveau de morbidité plus important que ceux qui sont entourés d’amis. Cela va de changements importants d’humeur à la dépression et aux conditions chroniques, telles les maladies cardio-vasculaires engendrées par un stress permanent. Le professeur en épidémiologie, Andrew Steptoe du University College of London, a suivi 6500 Britanniques de plus de 52 ans de 2004 à 2012 et il mit en évidence, indépendamment de tout autre facteur, un accroissement de 26 % de la mortalité de ceux dont les réseaux sociaux étaient quasi- inexistants par rapport à ceux qui étaient socialement les plus entourés. Par contre le sentiment subjectif de solitude ne semblait pas être corrélé avec une plus grande morbidité ; c’est donc bien l’isolement social qui est en cause. D’abord parce que faute d’entourage, personne ne signalera les signes avant-coureurs de détérioration ou l’aggravation des symptômes de maladies, ce qui retardera la prise en charge médicale ou socio-sanitaire de la personne, mais selon Andrew Steptoe: «Les contacts sociaux, indépendamment du contact physique ont aussi des conséquences biologiques spécifiques importantes pour le maintien en bonne santé.» 

Toutes les recherches convergent : Le rapport social avec les autres est l’élément le plus indispensable au bonheur.

Les clés du Bien-Vieillir. Léon Ouakine. Éditions Dauphin, Paris 2017

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