Le Jaffa de John Pawson

En empruntant le long couloir qui mène au lobby du mystérieux Jaffa, les bruits de la ville se dissipent, la lumière vive de la Méditerranée se tamise, la magie opère… Dans le vieux port du même nom – certains disent le plus vieux du monde – RFR Holding vient enfin d’ouvrir son premier hôtel israélien. “Enfin” car dans cette enclave où le temps ralenti, c’est plusieurs décennies qui ont vu le projet prendre vie. Une restauration de longue haleine, qui a attisé les curiosités, donnant au visiteur ce sentiment de vivre une expérience privilégiée, un peu unique.

Quand Aby Rosen, cofondateur du groupe immobilier, a jeté son dévolu sur cet hôpital construit par les Français au XIXe siècle, il était loin d’imaginer les années suivantes à converser avec les archéologues. L’histoire de Jaffa s’étend en effet sur quatre millénaires. Une courte visite de ses sites historiques révèle des vestiges de l’âge de bronze, de l’époque pharaonique, du passage des Perses et des Phéniciens, des Grecs et des Hasmonéens, et de nombreuses traces laissées par les différents conquérants médiévaux et modernes de la ville: les Romains et les Croisés, les Byzantins et les Mamelouks, les Ottomans et les Britanniques. Un héritage riche donc, et qu’il convenait de respecter. C’est aux architectes Ramy Gill et John Pawson qu’à été confiée cette délicate mission: transformer l’ancien dispensaire en hotel de luxe, contemporain mais fidèle à son identité.

C’est donc au fil des fouilles et des excavations que le projet s’est développé, chaque nouvelle découverte dictant la suite du récit artistique. “Toutes les strates d’histoire nous ont obligés à agir avec humilité et respect, et à minimiser notre empreinte en tant que créateurs. Nous nous sommes sentis responsables de préserver le travail des générations précédentes”, confie Ramy Gill, l’architecte local en charge de la restauration.

Lorsqu’on débouche dans le spacieux lobby, le ton est immédiatement donné. Un mur datant de l’époque des croisés, il y a plus de sept cents ans, serpente jusque dans la cour intérieure. Le bâtiment originel, tout en arcs et colonne, se déploie autour de ce large patio parsemé de touffes de cyprès et de gardénias, que clôture le nouvel édifice, réalisé par l’architecte britannique John Pawson. C’est une ambiance intime qui règne dans les lieux. Un calme et un enchantement qui invitent à la contemplation. L’agencement de l’espace, peut-être, inspiré des cloitres classiques, et filtrant les clameurs de la ville. Ou la présence de cette ancienne chapelle, bar aujourd’hui, mais dont la grandeur reste saisissante. Pendant deux années entières, dix ouvriers perchés sur des échafaudages ont lentement révélé les fresques originales, cachées sous des couches d’acrylique récentes. Le ciel étoilé des voutes a été conservé, et les vitraux originaux restaurés.

Dans les chambres, la même simplicité. Les tons fanés des anciennes peintures ont été amenés au jour, créant des dégradés de bleus pales, de roses doux et de blancs poudrés. Les murs sont nus et purs, dépouillés de toute œuvre d’art. « Il n’y a pas besoin”, insiste Aby Rosen. “L’architecture et les textures sont si belles et lyriques que rien n’a besoin d’être ajouté, pas un seul ornement”. Les plafonds, de plus de cinq ou six mètres de haut, accentuent l’impression de majesté. Par les fenêtres, on aperçoit les toits colorés de Jaffa, les palmiers et le bleu vif de la Méditerranée. Les clochers des églises font face aux minarets. Perdu dans sa rêverie, dans cet espace hors du temps, on se surprend à imaginer les processions de chameaux, les marchands de sel, et les pèlerins, qui passèrent autrefois par le Jaffa.

Texte : Laurence Pasquier – Photos : Amit Geron
Pour plus de renseignements, rendez-vous sur thejaffahotel.com

Source : https://www.milkdecoration.com

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